Le transport de l'énergie est une composante cruciale de la chaîne d'approvisionnement énergétique, reliant les sources de production aux consommateurs finaux. Différents modes de transport sont utilisés en fonction de la nature de l'énergie, chacun ayant ses spécificités techniques, économiques et environnementales.
Les principales méthodes de transport
Chaque mode de transport est associé à des infrastructures propres.
Hydrocarbures par bateau
Le transport maritime est l'un des moyens les plus courants pour acheminer les hydrocarbures, en particulier le pétrole brut et le gaz naturel liquéfié (GNL), sur de longues distances. Les pétroliers et méthaniers, conçus pour transporter ces ressources en grandes quantités, jouent un rôle essentiel dans l'approvisionnement énergétique mondial.
Ces navires sont capables de traverser les océans, reliant les régions productrices, souvent éloignées, aux marchés de consommation situés dans d'autres continents. Le transport par bateau est également flexible, permettant une adaptation rapide aux fluctuations de la demande et de l'offre.
Notons que le transport maritime des hydrocarbures comporte des risques environnementaux importants, notamment en cas de marée noire ou de déversement accidentel. De plus, les routes maritimes empruntées sont souvent sujettes à des tensions géopolitiques, les navires subissant parfois des attaques, ce qui peut influencer la sécurité et les coûts du transport.
Hydrocarbures par pipeline
Les pipelines sont une autre méthode prédominante pour transporter les hydrocarbures, particulièrement le pétrole et le gaz naturel, sur de longues distances terrestres. Ces infrastructures souterraines ou aériennes permettent un flux continu et sécurisé des hydrocarbures depuis les sites de production jusqu'aux raffineries et terminaux de distribution.
La construction et l'entretien des pipelines et gazoducs nécessitent d'importants investissements, ainsi qu'une gestion attentive. Ceux traversant plusieurs pays peuvent soulever des questions de souveraineté et de régulation, rendant leur gestion complexe et soumise aux tengions géopolitiques.
Carburants jusqu'aux stations-service
Les camion-citernes permettent l'approvisionnement des stations-services réparties sur tout le territoire depuis les dépôts de stockage, assurant la distribution de l'essence, du diesel et d'autres produits pétroliers raffinés aux consommateurs finaux.
Spécialement conçus pour transporter des liquides inflammables, ils sont équipés de multiples compartiments pour permettre la livraison simultanée de différents types de carburants.
Réseau de transport et de distribution de gaz
En France, les réseaux de distribution sont conçus pour acheminer le gaz depuis les sites de production de biométhane ou les terminaux d'importation jusqu'aux utilisateurs finaux. Ils sont structurés en plusieurs niveaux de pression, avec des canalisations à haute pression pour le transport sur de longues distances, et des canalisations à moyenne et basse pression pour la distribution locale.
La distribution du gaz naturel pose des défis spécifiques, notamment en termes de sécurité et de maintenance. En France, les gestionnaires GRTgaz, Terega et GRDF en ont la charge sur l'essentiel du territoire.
En outre, la transition vers des sources d'énergie plus durables incite à repenser les infrastructures gazières pour intégrer des solutions comme l'hydrogène ou le biométhane, tout en assurant une compatibilité avec les réseaux existants.
Électricité haute, moyenne et basse tension
Le réseau de transport d'électricité est structuré en plusieurs niveaux de tension – haute, moyenne et basse – qui jouent chacun un rôle spécifique dans l'acheminement de l'énergie électrique depuis les centrales de production jusqu'aux utilisateurs finaux.
Le transport à haute tension est utilisé pour acheminer l'électricité sur de longues distances, minimisant les pertes énergétiques grâce à l'utilisation de lignes à très haute tension (THT) pouvant atteindre des centaines de kilovolts. Ces lignes relient les centrales électriques aux grands centres de distribution ou interconnectent les réseaux nationaux.
Les réseaux de moyenne et basse tension prennent ensuite le relais pour distribuer l'électricité localement, jusqu'aux foyers, entreprises, et infrastructures publiques.
En France, les gestionnaires RTE et ENEDIS en ont la charge sur l'essentiel du territoire.
Ces réseaux sont essentiels pour garantir une fourniture d'électricité fiable et continue. Les défis des opérateurs incluent la gestion des pointes de demande, l'intégration des énergies renouvelables, la réduction des pertes et des incidents, et la modernisation des infrastructures pour améliorer l'efficacité énergétique.
Chiffres clés en France
En 2021, la consommation d’énergie dans les transports en France s'est élevée à 470 TWh(1), soit environ un tiers de la consommation d'énergie finale dans le pays selon les dernières données du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique.
Le transport individuel représente la majeure partie de la consommation d'énergie dans les transports de voyageurs, avec 257,9 TWh, tandis que les transports collectifs consomment 22,8 TWh. Le transport de marchandises, principalement assuré par la route, constitue une part significative de la consommation totale d'énergie du secteur des transports, s'élevant à 189,5 TWh.
Les produits pétroliers routiers ont à eux seuls compté pour 97,5% de la consommation française d'énergie dans les transports. Depuis 1998, les transports constituent le premier poste contributeur aux émissions nationales de GES. En 2021, les émissions des transports s’élèvent à 126,0 Mt CO2 éq, soit 30 % du total national.
En 2021, 74 % des émissions de GES des transports provenaient des véhicules diesel, dont le nombre a triplé depuis 1990, alors que celui des véhicules essence a été divisé par deux. Cependant, depuis 2015, la circulation des véhicules diesel a diminué de 27 % au profit de ceux à essence, et l'introduction d'agrocarburants contribue également à réduire les émissions de CO2.
Chiffres clés en Europe
Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, a publié en décembre 2022 ses dernières données sur les transports en Europe(2).
Près de 87,2% des transports de voyageurs au sein de l'Union européenne ont été effectués en voiture en 2020, d'après les données d'Eurostat (en voyageurs-kilomètres(2)), contre 7,4% en bus et 5,4% en train. L'Union européenne comptait, en 2020, 560 voitures pour 1 000 habitants (670 voitures pour 1 000 habitants en Italie).
Toujours en 2020, les voitures à moteur essence ou Diesel ont compté pour au moins 80% des ventes de voitures neuves dans « 21 des 22 États membres pour lesquels les données sont disponibles » : les Pays-Bas constituent l'exception, avec 20,5% de ventes de véhicules électriques ou hybrides (loin toutefois derrière la Norvège).
Notons que la France est le pays de l'UE où le transport intérieur de passagers en train est le plus important (en voyageurs-kilomètres). Il est également rappelé que Paris-Charles de Gaulle est l'aéroport le plus fréquenté au sein de l'UE (avec 26,2 millions de passagers en 2021, dans le contexte de Covid-19).
La consommation d'énergie finale du secteur des transports dans l'UE s'est élevée à 252 Mtep en 2020, soit une chute de 10% par rapport à 2010. Cette chute est toutefois due à l'impact de la crise du Covid-19 et aux confinement associés : la consommation d'énergie des transports a en effet augmenté de 3,2% dans l'UE entre 2010 et 2019 (avant une chute de 12,8% en 2020 par rapport à 2019).
Par ailleurs, la part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie des transports de l'UE n'a cessé d'augmenter depuis 2011 et a atteint 10,2% en 2020.