En France, les combustibles utilisés pour le chauffage domestique au bois proviennent à 64% de la forêt selon l'Ademe. (©Pixabay)
Le chauffage domestique au bois est qualifié par l’Ademe d’ « enjeu incontournable et stratégique de la transition énergétique » en France(1). Les poêles ont particulièrement la côte, et de plus en plus de foyers s'équipent en chaudière à biomasse, séduits par les économies de long-terme et le confort de chauffe.
Source : Observ’ER et SER - Graphique : Selectra
Poêles et cheminées
Le chauffage domestique au bois compte pour près de 70% de la consommation de bois énergie en France. L’Ademe fait état de 6,8 millions d’utilisateurs d’appareils de chauffage au bois - les utilisant comme chauffage principal dans près d'un cas sur deux ; principalement foyers fermés/inserts mais aussi poêles et chaudières à bûches ou granulés et cheminées traditionnelles à foyer ouvert. 35% des utilisateurs d'appareils de chauffage au bois s'en servent par ailleurs « en appoint » et 17% « pour le plaisir ».
Au sein du parc d’appareils de chauffage au bois, les cheminées ouvertes diminuent fortement en proportion au profit d’appareils plus performants tels que les poêles modernes.
Poêles à bûches
Les poêles à bûches sont des systèmes de chauffage autonomes qui fonctionnent en brûlant des bûches de bois. Ils offrent un excellent rendement (60 à 85 %), sont relativement peu coûteux à l'achat, et constituent une solution écologique.
Cependant, ils nécessitent un approvisionnement régulier en bois, un espace de stockage conséquent au sec, et doivent être rechargés fréquemment, ce qui peut être contraignant.
Poêles à granulés
Les poêles à pellets de bois ont une combustion très efficace, avec un rendement de 85 à 95 %. Leur principal avantage est la possibilité d'automatiser l'alimentation en granulés, réduisant ainsi la fréquence des recharges, tout en offrant un excellent contrôle de la température.
En revanche, ils sont plus coûteux à l'achat et à l'entretien que les poêles à bûches, et nécessitent un approvisionnement régulier en granulés.
Foyers fermés et inserts bûches
Ces systèmes se placent dans une cheminée existante ou s'intègrent dans un nouveau foyer, avec une porte vitrée pour confiner la combustion du bois.
L'avantage principal est leur rendement supérieur à celui des foyers ouverts : environ 70 à 80 %, offrant une meilleure efficacité énergétique et une moindre consommation de bois.
Cependant, ils nécessitent un entretien régulier et un espace de stockage pour les bûches, et leur coût d'installation est plus élevé que celui d'une cheminée traditionnelle.
Foyers fermés et inserts granulés
Ces systèmes, similaires aux foyers fermés à bûches, utilisent des granulés comme combustible. Leur rendement est très élevé : 85 à 95 %, et l'alimentation en granulés peut être automatisée, offrant une gestion plus facile de la chaleur.
Toutefois, comme pour les inserts à bûches, leur installation est coûteuse, et ils dépendent d'un approvisionnement en granulés.
Foyers ouverts
Ce type de cheminée est décoratif et offre une atmosphère chaleureuse, mais il est très inefficace sur le plan énergétique, avec un rendement faible : 10 à 20 % seulement. Le foyer ouvert consomme beaucoup de bois pour peu de chaleur, tout en produisant beaucoup de particules polluantes.
Il reste peu adapté aux besoins de chauffage principal et est souvent plus esthétique que pratique.
En France, les cheminées à foyer ouvert ne comptent plus que pour 6% des équipements de chauffage domestique au bois, contre 12% en 2017 et 29% en 1999.
Chaudières
Chaudières à granulés
Fonctionnant avec des pellets de bois, ces chaudières sont très efficaces, avec un rendement élevé (85 à 95 %), et permettent une alimentation automatique, réduisant les contraintes d'approvisionnement.
Elles sont idéales pour un chauffage central performant et écologique. Cependant, leur coût d'achat et d'installation est élevé, et elles nécessitent un silo de stockage pour les granulés (en option, mais recommandée).
Chaudières à bûches
Ces chaudières fonctionnent en brûlant des bûches pour chauffer de l'eau, alimentant ainsi un circuit de chauffage central. Elles offrent un bon rendement (65 à 90 %) et permettent de chauffer de grandes surfaces.
Toutefois, elles nécessitent un espace de stockage important pour les bûches et des rechargements fréquents, ce qui peut être fastidieux pour les utilisateurs.
Cuisinières
Les cuisinières à bois, que l'on retrouve encore parfois dans les vieilles maisons en campagne, permettent de chauffer la maison tout en servant à la cuisson des aliments. Elles sont économiques et offrent un bon rendement thermique, tout en fonctionnant de manière écologique avec du bois comme combustible.
Cependant, leur usage peut être contraignant, car elles nécessitent une gestion régulière du feu, un espace de stockage pour le bois, et leur capacité à chauffer l’ensemble de la maison reste limitée.
Les types de bois utilisés
Près de 90% des combustibles utilisés pour ce type de chauffage sont des bûches, loin devant les granulés (9%) et les briquettes reconstituées et plaquettes (1%).
Bûches
Les bûches sont la forme la plus traditionnelle et la plus répandue de bois de chauffage. Elles sont généralement produites localement et nécessitent peu de transformation, ce qui contribue à leur faible coût (voir plus bas). Les bûches peuvent provenir de forêts gérées durablement ou de résidus de l’exploitation forestière. De plus, la possibilité de se procurer du bois de manière autonome ou auprès de producteurs locaux renforce leur attractivité. Cependant, leur stockage nécessite de l’espace et leur utilisation demande une gestion manuelle, car il faut régulièrement alimenter les systèmes de chauffage, comme les poêles ou les chaudières à bûches.
Le nombre de personnes se chauffant au bois en France « a diminué par rapport à 2012 en raison d’une tendance à l’abandon du bois bûche », constate l’Ademe.
Pellets
Les pellets, ou granulés de bois, sont fabriqués à partir de sciure et de copeaux compressés, ce qui en fait un produit très compact et uniforme. Leur densité permet un rendement élevé (environ 85 à 95 % selon les appareils), et leur combustion est plus régulière que celle des bûches.
Bien que légèrement plus chers que les bûches, les pellets offrent une grande praticité grâce à leur compatibilité avec des systèmes de chauffage automatisés, comme les poêles et chaudières à pellets. Leurs inconvénients incluent le besoin de stocker une quantité importante de granulés et une dépendance à la chaîne d’approvisionnement.
Le granulé est une énergie renouvelable, stockable, avec des équipements réparables, et aussi une énergie de réindustrialisation de la France.
En 2023, la filière française a généré une production record de 2,25 millions de tonnes de pellets, avec l'ouverture de trois nouvelles usines, comme en 2022. Ces pellets sont issus à 95% de l'industrie du sciage (sciure et chutes, le bois d'œuvre générant en moyenne un volume égal de "déchets") et à 5% de rondins issus de coupes sanitaires et d'éclaircies, explique le secteur.
Le recours au chauffage aux granulés (pellets) s'est confirmé en 2023, avec un parc en croissance de 18% par an ces trois dernières années, selon un bilan de l'association Propellet.
Plaquettes de bois
Les plaquettes de bois, quant à elles, sont fabriquées à partir de copeaux ou de résidus de bois déchiquetés, souvent issus de l’élagage, des coupes d’entretien des forêts ou des rebuts industriels. Elles sont particulièrement adaptées pour les grandes installations de chauffage, comme les chaudières dans les bâtiments collectifs ou industriels.
Leur prix est attractif, car elles nécessitent peu de transformation. Cependant, les plaquettes nécessitent un espace de stockage conséquent et une manutention plus complexe que les pellets, ce qui les rend plus adaptées aux grandes infrastructures qu’aux habitations individuelles.
Une ressource abondante à un prix attractif
Lorsqu’il est question des énergies renouvelables en France, il est souvent fait référence aux filières éolienne et solaire photovoltaïque. Celles-ci ne sont toutefois pas les principales sources renouvelables d’électricité (c’est l’énergie hydraulique) et encore moins d’énergie en général : « le bois énergie compte en France pour 33% de la consommation d’énergie primaire issue de sources renouvelables(2) et pour 66% de la chaleur renouvelable », largement devant les autres énergies renouvelables, rappelle ainsi l’Ademe.
L’Ademe déplore le manque de communication de la filière bois, en particulier en « comparaison avec la communication massive sur le fioul et le gaz ». Elle souligne les nombreux avantages de cette filière : production domestique et emplois peu délocalisables(2), valorisation des feuillus de la forêt française et amélioration de la production de bois d’œuvre par ailleurs (« grâce aux éclaircies d’arbres »), etc. Pour les consommateurs particuliers, l’Ademe évalue le coût du chauffage pour un système à bûches (poêle, insert ou chaudière) entre 48 €/MWh et 78 €/MWh et celui d’un système à granulés entre 73 €/MWh et 103 €/MWh. « À titre de comparaison, le coût pour un chauffage au gaz ou électrique se situe entre 84 et 154 €/MWh », précise l’Ademe.
L’Agence estime ainsi que « le remplacement d’une chaudière fioul par une chaudière à granulés permet de faire 1 300€ d’économie annuelle de facture sur le combustible ». Le coût élevé d’investissement à l’installation (15 000 € à 20 000 € pour une chaudière à granulés) constitue encore un frein mais l’Ademe souligne la disponibilité de nombreuses aides publiques au changement de système de chauffage.
En France en novembre 2024, le prix moyen pour un stère de bûches de 30 centimètres est de 339€.
En France en novembre 2024, le prix moyen pour 1000 kilogrammes de pellets est de 366€.
Le secteur se remet d'une période 2022-23 difficile liée notamment à "une sensation de pénurie" et une hausse des prix du granulé. Or "il n'y a pas eu de manque de granulé", souligne Eric Vial, délégué général de Propellet, qui admet que "la filière n'a pas su gérer" ce boom de la demande : "on est responsable aussi".
Le secteur a aussi souffert d'un repli des aides d'État au profit des solutions électriques, en particulier des pompes à chaleur.
Source : Prix ménages Bois - Données et études statistiques
En général, le bois demeure l'une des énergies les moins chères pour se chauffer en France. En outre, nombreux sont ceux qui se procurent du bois gratuitement par chez eux.
Evolution du prix de 100 kWh d'électricité, gaz naturel, propane, fioul et bois depuis 2007 - Source : Ministère de la Transition Écologique (SDES) - À jour en novembre 2024
Pour rappel, le chauffage compte en moyenne pour 67% des consommations énergétiques d’un foyer en France. Les logements dans l'Hexagone sont très majoritairement chauffés au gaz et à l'électricité.
Un parc d’équipements en renouvellement pour moins polluer
La combustion du bois « émet des polluants atmosphériques, notamment des particules, qui dépendent fortement du type d’appareil et de son ancienneté » mais les progrès technologiques permettent une réduction « très significative » de ces émissions, assure l’Ademe : pour une même quantité d’énergie produite, « un appareil récent performant émettrait jusqu’à 13 fois moins de particules fines qu’un foyer fermé antérieur à 2002 et jusqu’à 30 fois moins qu’un foyer ouvert, moyennant des pratiques d’installation, d’utilisation adéquates et d’entretien ».
L’Ademe recommande ainsi un renouvellement des appareils de chauffage au bois en faveur de modèles aux performances énergétiques améliorées (label Flamme Verte). La « transition » du chauffage domestique au bois en France est en cours : 37% des appareils utilisés ont moins de 5 ans et les systèmes à granulés connaissent « une croissance marquée » (80% de leur parc ayant été installé après 2012). L’Ademe souligne toutefois que 42% des inserts, foyers ouverts, poêles et chaudières du parc actuel ont été installés avant 2004.
Entre 1999 et 2012, le nombre de ménages français se chauffant au bois, en partie ou totalement, est passée de 5,9 millions à 7,4 millions. La consommation nationale de bois bûches est toutefois pratiquement similaire à ces deux dates en raison de l’amélioration de l’efficacité des appareils de chauffage au bois et du recours croissant à de nouveaux types de combustible : plaquettes, granulés, etc.
Source : Observ’ER et SER - Graphique : Selectra
Globalement, le secteur du bois de chauffage (granulés, mais aussi bûches, etc.) ambitionne de passer de 8 millions de foyers équipés aujourd'hui à 12 millions en 2030. Il vise en particulier 3,2 millions de poêles et 400 000 chaudières à granulés.
Outre le choix de l’équipement, l’Ademe appelle à « diffuser et promouvoir les bonnes pratiques d’installation, d’utilisation et d’entretien » : bon dimensionnement des appareils de chauffage, allumage du feu par le haut, ramonage à réaliser par un professionnel une à deux fois par an (« 1 mm de suie induit une surconsommation d’environ 10% »). L’Agence recommande par ailleurs de veiller à la qualité des combustibles utilisés (« acheter du bois présentant un taux d’humidité inférieur à 20% ou faire sécher son bois en extérieur sous abri surélevé pendant plus de 18 mois ») et à la bonne gestion des entrées d’air durant la combustion du bois(3).