Tour de refroidissement de la centrale nucléaire de Perry. (©flickR-FirstEnergy)
Les États-Unis disposent du premier parc nucléaire au monde avec 99 réacteurs en service(1), loin devant la France (58 réacteurs). Comment les autorités américaines prévoient-elle de gérer le stockage de leurs déchets radioactifs de haute activité à vie longue ?
Yucca Mountain, le projet de stockage géologique initialement prévu
Lors des dernières décennies, il a longtemps été prévu de gérer le stockage « définitif » des déchets radioactifs de haute activité à vie longue (principalement issus de l’industrie électronucléaire) grâce au projet de Yucca Mountain. Ce dernier consistait en un stockage géologique au sein de formations de roches volcaniques dans les montagnes du désert de Mojave (Nevada), à près de 140 km de Las Vegas.
La genèse de ce projet remonte au Nuclear Waste Policy Act (NWPA) de 1982 qui conféra au Department of Energy américain (DOE) la responsabilité de développer des sites de stockage géologique(2) pour stocker combustibles usés et déchets radioactifs de haute activité. Dès 1983, le DOE présenta 9 sites potentiels de stockage géologique, parmi lesquels furent retenus deux ans plus tard Yucca Mountain et deux autres sites dans les États de Washington et du Texas(3).
Après presque 15 ans d’études sur Yucca Mountain (une galerie de 8 km de long a été creusée en 1997(4)), le DOE a publié le résultat de ses travaux en mai 2001 dans le « Yucca Mountain Science and Engineering Report ». Le choix de ce projet a été ratifié à l’été 2002 par le Président George W. Bush(5) et une demande d’autorisation de construction du site de stockage a été déposée par le DOE à l’été 2008 auprès de la NRC (Nuclear Regulatory Commission).
Abandon… et nouveau revirement ?
Après l’élection de Barack Obama, la demande de création du site de stockage géologique a toutefois été retirée par le DOE en mars 2010(6). Les travaux préparatoires du projet, jugé « irréalisable » par l’administration du nouveau président, ont été définitivement arrêtés (notamment en raison de l'opposition du gouverneur du Nevada, proche soutien de Barack Obama). Une « Blue Ribbon Commission », créée afin d’étudier des alternatives au projet de Yucca Mountain, a publié début 2012 un rapport préconisant entre autres d’adopter une nouvelle approche fondée sur le consentement (ce qui n'avait pas été le cas avec l'État du Nevada).
Des actions (budgétaires en particulier) laissent toutefois penser aujourd'hui à une réactivation du projet. En février 2018, l'administration Trump a en particulier demandé d’inclure 120 millions de dollars dans le budget fédéral 2019 pour la reprise de l’examen du permis de Yucca Mountain et un projet de stockage provisoire(7).
Au cours des 4 dernières décennies, l’industrie nucléaire américaine aurait produit plus de 76 000 tonnes de combustibles usés (stock en hausse de 2 000 à 2 300 tonnes par an)(8), qui sont en grande majorité entreposés à proximité des sites où ils sont produits (80 sites répartis dans 35 États(9)). Pour rappel, le parc nucléaire américain compte pour près d’un cinquième de la production d'électricité des États-Unis.