- Source : IFP Énergies nouvelles
La Chine est devenue en septembre 2013 le premier importateur mondial de pétrole devant les États-Unis(1). Cette énergie ne satisfait à l’heure actuelle qu’environ 20% des besoins énergétiques du pays(2) (loin derrière le charbon qui compte pour 66% du mix chinois) mais sa demande est tirée par des secteurs particulièrement dynamiques (transports, pétrochimie, résidentiel).
Dans cette note publiée fin décembre par IFP Énergies nouvelles, Emmanuel Hache(3) analyse les différentes stratégies des compagnies nationales chinoises du secteur pétrolier (NOC) et explique leur importance croissante sur les marchés depuis le début des années 2000 avec leur internationalisation (« Go Global »). Parmi ces NOC figurent en particulier la CNPC (China National Petroleum Corporation) qui a l’ambition de concurrencer les « majors » traditionnelles, Sinopec (China Petroleum and Chemical Corporation) qui est déjà le deuxième raffineur mondial ou encore la CNOOC (China National Offshore Oil Corporation) dont les dernières acquisitions à l’étranger portent principalement sur des actifs gaziers.
Entre 2005 et début 2016, la Chine a consacré plus de 511 milliards de dollars d’investissements directs à l’étranger dans le domaine énergétique. Ses investissements liés au pétrole et au gaz(4) se sont orientés dans un premier temps vers l’amont avant une diversification sur l’ensemble de la chaîne de ces hydrocarbures : transport de pétrole par pipelines (notamment au Canada, en Irak et au Mozambique), stockage (Indonésie), raffinage (Arabie saoudite, Royaume-Uni, France(5)), etc. Emmanuel Hache rappelle que le système bancaire chinois (fonds souverains nationaux et banques commerciales) constitue « le véritable bras armé » des entreprises pétrolières investissant à l’étranger.
Cette internationalisation des NOC et les nombreux partenariats conclus par ces dernières avec d’autres compagnies (internationales ou nationales) leur ont permis de « monter en gamme » d’un point de vue technologique, d’améliorer leur productivité ou encore de progresser dans la gestion de projets. Notons que les investissements chinois portent, depuis 2011, plus particulièrement sur des ressources dites « non conventionnelles » : gaz de schiste, forages en eau profonde, sables bitumineux, hydrocarbures de la zone arctique, etc.
Au total, les NOC chinoises ont produit en 2014 environ 2,5 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j) à l’étranger (dont 2,1 Mb/j de pétrole brut(6)), soit l’équivalent de 50% de la production domestique de la Chine. Emmanuel Hache signale toutefois que les objectifs d’internationalisation des NOC chinoises et d’amélioration de la sécurité énergétique du pays ne sont pas forcément complémentaires : près de de 50% du pétrole produit par les NOC à l’étranger n’est en effet pas rapatrié en Chine et est vendu sur les marchés internationaux.
La Chine est importatrice nette de pétrole depuis 1993. (©IFP Énergies nouvelles)
Sources / Notes
- Pétrole brut et autres hydrocarbures liquides (source EIA).
- En énergie primaire.
- Économiste et prospectiviste à IFP Energies nouvelles et directeur de recherche à l’IRIS
- Les investissements pétroliers connaissent une baisse relative au profit d’investissements dans le gaz naturel liquéfié (GNL), l’hydraulique et les autres énergies renouvelables.
- Raffinerie de Lavera située dans les Bouches-du-Rhône.
- L’Afrique et le Moyen-Orient (en particulier l’Iran) constituent les principales zones de la production pétrolière chinoise à l’étranger.