- Source : Irena
L’Inde, qui est déjà le 3e consommateur mondial d’énergie derrière la Chine et les États-Unis, pourrait voir ses besoins énergétiques doubler et sa consommation d’électricité tripler d’ici à 2030, en raison de sa forte croissance démographique et d’une nette augmentation de la consommation d'énergie par habitant. En particulier, le nombre d’Indiens vivant dans les villes, où la demande énergétique est la plus forte, pourrait passer de 435 millions en 2015 à 600 millions en 2030.
En 2015, les énergies fossiles comptaient encore pour 92,5% de l’énergie primaire consommée(1) en Inde. Le pays est très dépendant du charbon (58,1% de ce mix) et compte s’appuyer sur ce combustible pour faire face à l’explosion de sa demande énergétique globale et améliorer l’accès à l’énergie, près de 300 millions d’Indiens n’ayant encore pas ou peu accès à l’électricité.
Dans cette étude en anglais, l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables) prône un scénario alternatif à celui des politiques indiennes actuelles qui comptent s’appuyer en grande partie sur les énergies fossiles dans les prochaines décennies. Le scénario alternatif proposé, dit « REmap », s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de l’Irena étudiant les moyens de doubler la part des EnR dans le mix énergétique mondial à l’horizon 2030.
L’Inde, qui a lancé avec la France l’Alliance solaire internationale lors de la COP21, fait certes preuve d’un certain volontarisme pour développer les énergies renouvelables, en visant notamment une puissance solaire installée de 100 GW à l’horizon 2022 (et 60 GW éoliens mais aussi 63 GW nucléaires dont le facteur de charge est bien supérieur). L’Irena appelle cependant à renforcer ces efforts car l’agence estime que les énergies renouvelables pourraient compter pour 35% de la production électrique indienne en 2030, contre 17% en 2015 (et seulement 7% hors hydroélectricité).
L’Irena reconnaît que la forte pénétration des énergies renouvelables « variables » (éolien et solaire), qui pourraient compter selon elle pour 20% du mix électrique en 2030, nécessitera d’améliorer très significativement l’état des réseaux électriques en les rendant plus « intelligents ». A l’heure actuelle, les réseaux de distribution et de transport d’électricité en Inde souffrent d’énormes pertes en ligne, de l’ordre d’un quart de la production électrique, et jusqu’à deux tiers de celle-ci dans certains États.
L’électricité, dont l’Irena plaide un fort développement dans les transports, pourrait compter pour 40% de la consommation finale d’énergie de l’Inde en 2030. Le plus grand potentiel de développement des énergies renouvelables viendra, selon le scénario « REmap », des bioénergies qui satisferont des besoins dans des secteurs multiples (transport, chauffage, etc.)(2).
Sources / Notes
- Donnée du BP Statistical Review of World Energy, juin 2016.
- L’Irena indique que son « scénario REmap 2030 » coûterait, par rapport au « scénario de référence », des investissements supplémentaires de près de 26 milliards de dollars par an. L’Agence estime toutefois que les bénéfices associés à un fort déploiement des énergies renouvelables pourrait permettre de réaliser des économies près de 12 fois supérieures à ces coûts, en limitant les externalités négatives associées à la consommation d’énergies fossiles (tant en matière de pollution de l’air que de changement climatique).