D’une capacité installée de 4 760 MW, la centrale à charbon de Vindhyachal est la plus puissante centrale électrique d’Inde. (©NTPC)
L’Inde a annoncé dimanche avoir ratifié l’accord de la COP21. Le troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre n’entend pas pour autant renoncer au charbon pour satisfaire ses besoins énergétiques dans les décennies à venir.
Le charbon : une place centrale dans le mix énergétique indien
L’Inde est le 2e producteur (après la Chine) et le 3e consommateur (après la Chine et les États-Unis) de charbon au niveau mondial. C’est aujourd’hui l’une des rares grandes économies qui n’a pas fait la promesse de sortir du charbon, a rappelé à l’AFP Joydeep Gupta, spécialiste des questions environnementales en Asie du Sud, à l’occasion de la ratification par New Delhi de l’accord de la COP21.
En 2015, le charbon a compté pour 58,1% de la consommation d’énergie primaire de l’Inde(1) et New Delhi entend encore fortement augmenter sa production afin de satisfaire ses besoins énergétiques croissants (en triplant quasiment la production de charbon d’ici à 2020 par rapport au niveau de 2013).
Mix énergétique de l'Inde (©Connaissance des Énergies)
Comme la Pologne en Europe, l’Inde mise ainsi fortement sur le charbon, notamment dans le secteur électrique, alors qu’elle doit améliorer l’accès à l’énergie d’une population très peuplée (1,3 milliard d’habitants en 2015(2)). En 2014, la production d’électricité reposait encore à près de 81% sur des centrales thermiques à combustible fossile (en grande majorité du charbon).
Le solaire : des objectifs très ambitieux de développement
Dans sa contribution déposée dans le cadre de la COP21 (INDC)(3), l’Inde annonce vouloir réduire de 33% à 35% son « intensité carbone » (émissions de CO2 par point de PIB) d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. Le pays ambitionne entre autres de diversifier son mix électrique avec un forte développement des énergies renouvelables, au premier rang desquelles le solaire.
New Delhi s’est en particulier fixé l’objectif extrêmement ambitieux de porter à 100 GW la puissance solaire installée dans le pays en 2022 (contre près de 8 GW à la fin du premier semestre 2016), principalement au Gujarat et au Rajasthan. Rappelons que l’Inde a également lancé, aux côtés de la France, l’Alliance solaire internationale lors de la COP21 à Paris. Ségolène Royal a annoncé qu’elle signerait les statuts de cette Alliance « dans les jours qui viennent ».
A l’horizon 2030, l’Inde souhaite que son parc électrique repose pour environ 40% sur des installations « non fossiles » (objectif en matière de puissance installée et non de production), ce qui implique un fort développement des renouvelables mais également de l’énergie nucléaire : l'Inde souhaite disposer d'un parc nucléaire de 63 GW de puissance en 2032 (contre 6,2 GW actuellement) et construit actuellement 5 nouveaux réacteurs(4).
L’Accord de la COP21 : une entrée en vigueur proche
Avec l’Inde, qui compte pour 4,1% émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), le nombre de pays ayant ratifié l’Accord de Paris est passé hier à 62 (comptant pour 51,89% des émissions mondiales de GES)(5). Pour rappel, l’Accord doit, pour entrer en vigueur, être ratifié par au moins 55 pays totalisant au moins 55% des émissions de GES.
Après la ratification début septembre des deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre, la Chine et les États-Unis, les yeux se tournent désormais vers l’Union européenne (12% des émissions mondiales de GES). Suite à une procédure accélérée(6), le Parlement européen devrait donner son feu vert à la ratification de l’accord lors d’un vote prévu le 4 octobre à Strasbourg.