L'impact énergie-climat du football et du rugby en France détaillé par le Shift Project

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En plein Euro de football, le Shift Project présente ce 2 juillet un rapport intermédiaire sur « la décarbonation et la résiliation du rugby et du football professionnel et amateur ». 

L'ambition affichée de cette étude est de transformer ces secteurs « pour permettre au plus grand nombre de continuer à aller voir des manifestations sportives et à pratiquer une activité régulière, en tenant les objectifs climatiques et sans craindre la blessure en cas de crise énergétique » (et « en aucune manière de culpabiliser le secteur, d’effrayer ses sportifs et ses professionnels, ou d’en grever son activité »).

« Climat, énergie : Décarbonons les stades », rapport préparatoire du Shift Project, juillet 2024

1,7 million de tonnes équivalent CO2

Postulat de départ : comme les autres secteurs, « le sport peut et doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et sa consommation d’énergie pour entrer pleinement dans la modernité ». Qui plus est sachant la large population impliquée par ces activités, en tant que spectateurs ou joueurs (avec près de 2,5 millions de licenciés dans les clubs de rugby et de football en France).

Le rapport du Shift Project se base sur les flux physiques liés aux activités dans les stades : « kWh consommés, km parcourus par spectateurs et joueurs, nombre de burgers vendus, etc. ». Sur cette base, le rapport estime l’ensemble des émissions associées au football et au rugby amateurs et professionnels dans les stades en France à « environ 1,7 million de tonnes d'équivalent CO2 (CO2e) : 1,37 Mt CO2e pour les activités amateurs et 310 000 t CO2e pour les matchs professionnels ».

Impact climatique du football et du rugby en France en émissions de gaz à effet de serre (GES). Source : Calculs intermédiaires The Shift Project, 2024

Et dans le sport professionnel, dès lors que les matchs hors de France sont inclus dans ce calcul, l'empreinte carbone des spectateurs s'envole : l'empreinte moyenne d'un spectateur « extérieur » est ainsi de 83 kg CO2e pour un match en France, de 332 kg CO2e pour un match européen et de 3 300 kg CO2e pour un match international hors d'Europe, selon le Shift Project.

Les déplacements des spectateurs allant assister à des matchs à l'étranger sont en effet très majoritairement effectués en avion (environ 64% pour les matchs européens, et 100% pour les matchs hors Europe, contre 2% pour les matchs en France). Et l’avion est le mode de déplacement le plus carboné, rappelle le Shift Project : « un trajet parcouru en avion engendre 2,3 fois plus d’émissions que le même trajet en voiture (pour un trajet moyen courrier), 6,3 fois plus qu’en car et 56 fois plus qu’en TGV ».

Une très forte dépendance aux énergies fossiles

Le transport (joueurs, spectateurs, etc.) est de loin le premier poste des émissions du football et au rugby amateurs et professionnels dans les stades, comptant pour environ 58% du total(1) (le Shift Project pointe à ce titre une très forte dépendance au pétrole). L'énergie (chauffage, éclairage, etc.) est le 4e poste d'émissions, après les « immobilisations » des infrastructures sportives (ex : bâtiments et infrastructure du stade, parkings, pelouses) et l'alimentation/boissons.

Le sport fait face à des risques « de trois natures différentes : risque physique, face aux impacts du changement climatique ; risque d’approvisionnement, face à la déplétion des ressources naturelles, pétrole et gaz en tête ; risque de transition, s’il ne s’organise pas pour prendre à bras-le-corps la transition à sa manière et subit à la place une transition organisée par les secteurs dont il dépend ».

Le Shift Project rappelle en particulier sans surprise que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est dans l'intérêt direct des sportives et sportifs : « dans un scénario à +2 °C, près de 24 jours supplémentaires par an dépasseraient le seuil de 32 °C, au-delà duquel il est fortement déconseillé de pratiquer une activité physique en extérieur ».

Les lecteurs du rapport sont invités à faire part de leurs commentaires ou suggestions de modifications au Shift Project à l’adresse [email protected].

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Sources / Notes

  1. 70% en ce qui concerne le professionnel et 50% pour l'amateur.

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