- Source : Ifri
En Afrique, les trois principaux producteurs de pétrole (Nigéria, Angola, Algérie(1)), tous membres de l’OPEP, rencontrent d’importantes difficultés économiques en raison de la chute des cours du brut. Leurs compagnies pétrolières nationales (CPN), dont l’histoire se mêle à celle de la politique nationale, ont pour objectif commun « de contrôler la production et la commercialisation des ressources pétrolières et gazières des États » mais elles jouent chacune un rôle bien différent.
Dans cette étude publiée le 27 septembre par le Centre Énergie de l’Ifri, Benjamin Augé(2) décrit la situation et les enjeux des CPN de l’Algérie (Sonatrach), du Nigéria (NNPC) et de l'Angola (Sonangol). L'évolution des stratégies de ces compagnies est particulièrement complexe, sachant qu’elles doivent rester « en ligne avec les priorités politiques du pays ».
Créée en 1963 après l’indépendance algérienne, la Sonatrach se démarque par l’étendue de ses activités, couvertes par ses 154 filiales (depuis l’exploration pétrolière jusqu’à la distribution de carburants à la pompe). Ce développement s'est opéré au détriment du secteur privé et l'Algérie souffre aujourd'hui du manque d'investissements étrangers. Une nouvelle loi est promise pour 2018 afin d'attirer ces investisseurs découragés par le cadre législatif (loi relative aux hydrocarbures de 2005(3), taxe sur les profits pétroliers lorsque le prix du baril dépasse 30 $).
La population algérienne bénéficie jusqu'ici d’importantes aides et subventions sur l’essence et l’électricité(4) mais Alger souhaite limiter ces subventions aux ménagers les plus modestes. Les augmentations du prix de l’essence font craindre des tensions sociales importantes (comme cela avait été le cas en 2016). Notons par ailleurs que l’Algérie bénéficie d’importantes ressources estimées de gaz de schiste, dont l’exploration est aujourd’hui abandonnée en raison des prix bas, de la non-maîtrise de certaines techniques d’exploration mais aussi des difficultés d’acceptation des populations locales.
Les problématiques sont assez différentes au Nigéria et en Angola, où l’État n’a jamais eu « un rôle protecteur » comme l'État providence algérien, que ce soit en raison d'une forte population (180 millions d’habitants au Nigéria) ou de la guerre civile (1975-2002 en Angola).
Sources / Notes
- Par ordre de production pétrolière.
- Docteur en géographie, Benjamin Augé est rédacteur en chef de la lettre d’information « Africa Energy Intelligence » et enseigne la géopolitique du pétrole et du gaz, notamment au sein de différentes universités africaines.
- Cette loi impose que tout projet (exploration, production, transport, transformation) soit contrôlé à 51% au minimum par la Sonatrach.
- Additionnées aux aides sociales, elles pesaient pour près de 13,3 milliards d’euros en 2016, soit 23,7% du budget algérien.