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Température record en 2024 : 3 questions à Christian de Perthuis

parue le
Réchauffement global

Chaque semaine, Jean-Louis Caffier (journaliste spécialiste des questions énergétiques) interroge un membre de notre comité scientifique, avec 3 questions faisant écho à l'actualité.

Invité cette semaine : Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du Climat à l'université Paris-Dauphine-PSL.

2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, a confirmé le service Copernicus début janvier. Et c'est la première année durant laquelle le réchauffement global a dépassé les 1,5°C au-dessus des températures moyennes de l'ère préindustrielle. Pourtant, les émissions de CO2 sont « en phase de nette décélération sur les quinze dernières années, sans rebond observé en 2024 », souligne Christian de Perthuis.

Vous trouvez que l’on parle trop du CO2 ?

Non, on ne parle pas trop du CO2. Il faut non seulement en parler, mais surtout accélérer la réduction de ses émissions. En revanche, on ne parle pas suffisamment des autre causes du réchauffement. 

Par exemple, ce n’est pas le CO2 qui explique le record de températures de 2024. Ses émissions ne sont pas en accélération. En plus de l’influence d'El Nino, il faut aller voir du côté des aérosols et du méthane pour comprendre ce qu’il s’est passé.

Pourquoi se pencher davantage sur les aérosols et le méthane dont on parle très peu ?

Les aérosols ont un fort pouvoir de refroidissement. Leur principal source anthropique est le rejet de dioxyde de souffre (SO2), par ailleurs un polluant atmosphérique qu’il faut éliminer pour des raisons de santé publique.

Quand on limite les rejets de SO2 pour faire baisser la pollution atmosphérique sans éliminer ceux de CO2, on contribue au réchauffement climatique à court terme. C’est ce qui a été fait depuis 2020 pour le secteur maritime et en Chine pour les réglementations thermiques. D’où un facteur d’explication de la pointe de température mondiale observée en 2023 et 2024 dont l’ampleur exacte fait l’objet de vives discussions entre scientifiques. 

Quel lien avec le méthane ? Le méthane, deuxième gaz à effet de serre d’origine anthropique, agit de façon plus intense que le CO2 sur la température moyenne, mais sur une période plus courte. Si on engageait de réelles actions fortes de réduction des émissions méthane, on aurait un impact plus rapide sur la température qu’avec le CO2. En particulier, on atténuerait l’effet de réchauffement provoqué par la baisse des rejets de SO2.

Que pourrait-on faire en ce qui concerne le méthane ?

Le première source d’émissions de méthane est l’agriculture, pour partie l’élevage des ruminants, pour une autre la riziculture. La réduction de ces émissions n’est pas facile à conduire et doit surtout ne pas s’effectuer au détriment de la sécurité alimentaire dans le cas de la riziculture.

En revanche, la réduction des rejets de méthane dans les industries du gaz et du charbon ne pose aucun problème technique et ne représente pas des coûts astronomiques. C’est un véritable scandale qu’on ne s’attaque pas plus rapidement à les faire refluer.

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