L'aéroport de Nice-Côte d'Azur est le 3e aéroport français en matière de trafic de passagers, après les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et de Paris-Orly. (©Aéroports de la Côte d’Azur)
Le transport aérien serait responsable de 2% à 3% des émissions mondiales de CO2 et n’est à l’heure actuelle soumis à aucune réglementation internationale pour réduire son impact environnemental. Le rôle du secteur dans la lutte contre le changement climatique a été évoqué lors de la dernière COP21. En attendant la mise en place de normes dédiées par l’OACI (Aviation civile internationale), des compagnies aériennes et des aéroports font part de leurs engagements. Illustration sur la Côte d’Azur avec l’aéroport de Nice.
L’aéroport de Nice s’appuie sur l’hydroélectricité
Durant la COP21, le groupe Aéroports de la Côte d’Azur (ACA) a rappelé ses objectifs en matière de réduction de l’impact environnemental de ses 3 aéroports de Nice, Cannes Mandelieu et Saint-Tropez. A Nice, la gestion de l’aéroport, par lequel ont transité près de 12 millions de voyageurs en 2015, consomme près de 45 GWh d’électricité par an.
Cette consommation équivaut aux besoins électriques moyens de près de 9 500 foyers français(1). Elle provient essentiellement de la climatisation, de l’éclairage et de la ventilation des terminaux mais aussi d’autres postes comme les escalators ou les tapis bagages. L’aéroport de Nice consomme par ailleurs du gaz pour le chauffage (environ 390 000 m3 par an) et du fioul domestique très occasionnellement pour ses groupes électrogènes de secours(2).
ACA a décidé que son aéroport de Nice consommerait dès 2015 uniquement de l’électricité issue de sources renouvelables (hydroélectricité). Cet engagement prend la forme de certificats de garantie d’origine du fournisseur EDF, certifiés par Powernext, impliquant un effort financier de la part de l’aéroport. Il devrait être étendu en 2016 aux 2 autres aéroports de beaucoup plus petite taille gérés par ACA. Selon Isabelle Vandrot, responsable du département développement durable et environnement du groupe, l’achat d’électricité « verte » devrait permettre à l’aéroport de Nice de réduire ses émissions de CO2 de moitié après avoir déjà réduit les consommations initiales.
Un objectif de « neutralité carbone » à l’horizon 2018
Les émissions de l’aéroport de Nice s’élèvent aujourd’hui à environ 0,388 kg d’équivalent CO2 par passager contre 2 kg en moyenne pour les aéroports mondiaux. ACA s’est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre par passager dans ses aéroports de 50% entre 2010 et 2020. Concrètement, cela implique que les émissions de ses aéroports n’augmentent pas malgré la hausse du trafic attendue.
Sur cette base, un objectif de « neutralité carbone » a été fixé pour les trois aéroports à l’horizon 2018. Cela signifie que toutes leurs émissions devront être compensées par l’achat de certificats attestant du soutien à des projets de lutte contre le changement climatique. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du programme « Airport Carbon Accreditation » qui cherche à mesurer l’empreinte carbone des aéroports dans le monde en vue de la mise en place d’actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
ACA agit en tant que gestionnaire sur ses propres consommations au sein des aéroports mais a également réalisé une cartographie complète des acteurs de ces sites en incluant les sociétés tierces qui y sont implantées. Au total, l’aéroport de Nice émettrait près de 152 000 tonnes d’équivalent CO2 par an, en incluant notamment les émissions liées à l’atterrissage, au décollage et à la circulation des avions et des véhicules sur les pistes, mais aussi les fluides frigorigènes au « fort potentiel de réchauffement global » selon Isabelle Vandrot.
Une consommation réduite des APU et un bus électrique « biberonné »
Même lorsqu’ils se trouvent au sol, les avions consomment du kérosène pour climatiser la cabine et fournir l’électricité nécessaire aussi bien à la préparation des vols qu’au rafraichissement de la nourriture. Ce kérosène est fourni par des moteurs auxiliaires de puissance (APU), des turbines annexes aux performances limitées qui entrainent des nuisances sonores et olfactives pour l’environnement proche.
Pour réduire ces nuisances, l’aéroport de Nice utilise depuis 2014 un système autonome d’alimentation électrique dit « pop-out » pour l’aviation d’affaires. Celui-ci vient se substituer en partie aux APU dont l’utilisation par avion a pu être réduite à 15 minutes au sol contre 30 minutes auparavant. Au total, les APU seraient à l’origine de près de 12% des émissions de gaz à effet de serre identifiées sur l’aéroport de Nice(3).
Système « pop-out » d’alimentation autonome en électricité et climatisation sur l’aire dédiée à l’aviation d’affaires (©Aéroports de la Côte d’Azur)
Autre illustration, l’aéroport de Nice teste en conditions réelles avec les sociétés Transdev et PVI une navette 100% électrique (dite « Watt ») acheminant depuis février 2015 les passagers entre les deux terminaux et les parkings (circuit fermé d’environ 3,7 km). Le groupe qualifie l’autonomie de ce bus d’« illimitée » car il est rechargé très rapidement sur 6 des 8 arrêts de son parcours selon la technique du « biberonnage » : la navette se connecte à un « totem » et se recharge en quelques secondes. Son expérimentation devrait se poursuivre jusqu’en juin 2016 afin de confirmer la fiabilité du système de recharge(4).
Bus « Watt » testé à l'aéroport de Nice (©Aéroports de la Côte d’Azur)
Rappels sur le transport aérien
Lors de la COP21, il avait été prévu d’évoquer la réduction des émissions de gaz à effet de serre des avions dans le texte d’accord final mais cette mention a finalement été retirée. L’OACI a toutefois promis de traiter ce problème en 2016, pressée par les associations environnementales. Le Réseau Action Climat, qui regroupe les ONG impliquées dans la lutte contre le changement climatique, rappelle notamment que l’avion émet jusqu’à 40 fois plus de CO2 par passager par kilomètre que le train (dans le cas du TGV sur des trajets nationaux)(5).
Précisons que la stratégie environnementale du groupe ACA n’est pas isolée. Le groupe Aéroports de Paris a par exemple également annoncé son ambition de diminuer les émissions de gaz à effet de serre par passager de ses infrastructures aéroportuaires de 50% entre 2009 et 2020(6). Une installation géothermique à faible profondeur vient par ailleurs d’être mise en service sur l’aéroport de Paris-Le Bourget afin d’en couvrir près de 70% des besoins de chauffage(7).