Les cinq éoliennes flottantes du projet « Hywind » installées l’été dernier au large de Peterhead pourraient satisfaire les besoins électriques de 20 000 foyers écossais selon l’exploitant Statoil. (©Øyvind Gravås/Statoil)
L’Écosse a publié le 20 décembre dernier sa stratégie énergétique à l’horizon 2050, suite à une consultation entamée début 2017(1). Ce qu’il faut en retenir.
Là où cohabitent hydrocarbures, renouvelables et nucléaire...
Les 6 priorités de la nouvelle stratégie énergétique de l’Écosse d’ici à 2050 rappellent la diversité des filières composant actuellement le mix de cette nation(2). Aux côtés de thématiques « classiques » de transition énergétique (développement des énergies renouvelables et de solutions bas carbone, efficacité énergétique, sécurité du système énergétique, etc.) figure l’objectif de soutenir le secteur pétrolier et gazier, pour maximiser la récupération des ressources restantes, démanteler des sites ou investir dans la capture et le stockage de CO2.
Les hydrocarbures font en effet partie des secteurs majeurs de l’économie écossaise(3). Le pétrole et le gaz naturel comptaient encore pour 87% de la production d’énergie primaire de l’Écosse en 2015, selon les dernières données présentées dans la feuille de route gouvernementale. L’Écosse fournirait entre autres 63% de la production de gaz du Royaume-Uni et produirait approximativement six fois plus de gaz qu’elle en consomme.
Dans le même temps, les énergies renouvelables ont connu un fort développement en Écosse ces dernières années, passant de 8% de la consommation finale d’énergie de ce territoire en 2009 à presque 18% en 2015. Cet essor des renouvelables (principalement à des fins de production électrique) se manifeste en particulier par les projets éoliens et d’énergies marines (houlomoteur, hydrolien, etc.) de l’Écosse. En témoigne l’installation cet été de la première ferme commerciale flottante au monde (« Hywind ») au large de la ville de Peterhead.
Rappelons par ailleurs que l’Écosse dispose également de 4 réacteurs nucléaires répartis entre deux centrales (Hunterston, Torness) de plus de 2 GW de puissance cumulée totale(4).
L’Écosse exporte la très grande majorité de sa production de pétrole et de gaz naturel (©Connaissance des Énergies)
Deux nouveaux objectifs à l’horizon 2030
La feuille de route énergétique écossaise fixe deux nouveaux objectifs à l’horizon 2030 :
- porter à 50% la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale (incluant la consommation de chaleur ainsi que les transports et plus seulement le secteur électrique, principalement ciblé jusqu’ici) ;
- augmenter de 30% l’intensité énergétique de l’économie écossaise.
En 2011, l’Écosse s’était fixée pour objectif de produire à partir d’unités de production renouvelables « l’équivalent de 100% de ses besoins électriques » en 2020 (près de 54% en 2016)(5). Comme il est rappelé dans la feuille de route publiée à l’époque(6), cela n’implique pas pour autant un mix électrique dépendant entièrement des énergies renouvelables : l’Écosse envisageait d'exporter la moitié de sa production sur le réseau électrique britannique (seule la moitié du mix peut ainsi être « renouvelable » dans les faits pour atteindre la cible fixée).
Le gouvernement écossais compte fortement s’appuyer sur l’éolien, notamment par des actions de « repowering » consistant à remplacer d’anciennes unités de production par des turbines plus puissantes disposant d’un meilleur rendement. Selon le gouvernement, l’Écosse disposerait de 25% des ressources éoliennes offshore en Europe et les coûts de production électrique de la filière pourraient être compétitifs avec ceux du gaz d’ici à 2030.
Le gouvernement écossais s’est engagé à consacrer de nouveaux investissements s’élevant à 80 millions de livres (près de 90 millions d’euros) en faveur du développement d’un système énergétique bas carbone(7). Une grande consultation doit par ailleurs être lancée en 2018 autour d’une compagnie énergétique publique chargée de « soutenir le développement économique et de contribuer à réduire la pauvreté énergétique »(8).
Électricité et hydrogène : 2 vecteurs, 2 scénarios pour 2050
Dans sa stratégie énergétique, le gouvernement écossais expose deux scénarios « indicatifs » d’évolution d’ici à 2050 :
- un « futur électrique » dans lequel l’électricité compterait pour près de la moitié de la consommation finale d’énergie de l’Écosse en 2050 (contre 21% en 2015), avec un parc de véhicules particuliers tout électrique, un fort développement des pompes à chaleur et une réduction de 30% de la demande énergétique globale ;
- un « futur hydrogène » dans lequel la mobilité reposerait sur ce vecteur qui remplacerait plus globalement le gaz naturel pour la plupart des usages, avec le développement d’électrolyseurs et de réacteurs nucléaires de type « SMR » (small modular reactors) pour sa production.
Il est précisé dans la stratégie gouvernementale que le système énergétique écossais de 2050 « inclura probablement des aspects » de ces deux scénarios qui impliquent chacun des changements radicaux, notamment en matière d’infrastructures de recharge dans les transports.
Le gouvernement écossais s’engage enfin à publier chaque année un rapport d’étape, délivrant entre autres ses dernières données relatives à l’énergie, faisant état des progrès réalisés en vue des objectifs de la stratégie, des changements du marché britannique de l’énergie ou encore des avancées technologiques.