Le Royaume-Uni, à « mi-chemin » de la neutralité carbone par rapport à 1990

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Rapport de l'AIE sur le Royaume-Uni

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Le Royaume-Uni « a réalisé à ce jour des progrès significatifs en matière de réduction des émissions » de gaz à effet de serre, en s'appuyant sur un cadre réglementaire solide, souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié ce 28 août (accessible en bas de cet article).

Une baisse de 53% des émissions depuis 1990

Le Royaume-Uni a été l'une des premières grandes économies (en 2019) à se doter d'un objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050, souligne l'AIE en préambule. L'Agence salue entre autres la politique britannique de tarification du carbone et la création d'un Climate Change Committe qui suit les progrès du gouvernement vers ses objectifs climatiques.

En 2023, les émissions de gaz à effet de serre du Royaume-Uni étaient inférieures de 53% à leur niveau en 1990, selon l'AIE. L'objectif national affiché dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique (INDC) est de réduire de 68% ces émissions d'ici à 2030 (toujours par rapport au niveau de 1990).

Déclin des énergies fossiles dans le mix électrique

L'essentiel des baisses d'émissions récentes provient de l'évolution du mix électrique britannique, marquée par un déclin du charbon et une croissance des filières renouvelables. L'AIE souligne à ce titre la « réussite notable » du système de Contracts for Difference pour soutenir le déploiement des énergies renouvelables.

Les énergies fossiles comptaient encore pour plus de 76% du mix électrique national en 2010, environ 51% en 2015 et approximativement 38% en 2020. Le pays ne dispose plus que d'une seule centrale à charbon (à Ratcliffe-on-Soar dans le Nottinghamshire) qui doit fermer fin septembre.

Le gouvernement britannique prévoit de « décarboner totalement » le secteur électrique d'ici à 2035, en s'appuyant sur le déploiement des filières bas carbone.

De nombreuses actions encore à mener

Le Royaume-Uni dépend toutefois encore fortement des énergies fossiles, y compris pour sa production électrique(1) : le gaz naturel reste la première source nationale d'électricité (32% en 2023), devant l'éolien (29,4%) et le nucléaire (14,2%), selon National Grid SEO. 

Si l'on considère l'ensemble de la consommation d'énergie primaire au Royaume-Uni, les énergies fossiles comptaient encore pour 77% du mix en 2022 (contre 87% en 2010).

Et le pays reste l'un des principaux producteurs d'hydrocarbures en Europe, malgré le déclin de cette production (environ 800 000 barils de pétrole par jour produits en 2023, contre 2,8 millions de barils par jour en 1999 selon l'AIE).

De nombreuses actions restent à mener, notamment dans les bâtiments - « le parc immobilier du Royaume-Uni est l'un des plus anciens d'Europe » - en améliorant l'efficacité énergétique dans ce secteur (qui compte pour 41% de la consommation énergétique du pays) et en remplaçant les systèmes de chauffage utilisant des combustibles fossiles par des pompes à chaleur. 

Les plans du Royaume-Uni dans les transports, principal secteur émetteur de gaz à effet de serre, doivent également être renforcés, souligne l'AIE.

Consulter le « United Kingdom 2024 Energy Policy Review » de l'AIE (août 2024, 109 pages).

Sources / Notes

  1. L'intensité carbone moyenne de la production électrique britannique reste par ailleurs bien supérieure à celle en France (149 g CO2/kWh en 2023, contre 32 g de CO2eq/kWh en 2023 selon RTE).

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