« Great British Energy », incarnation des ambitions du nouveau gouvernement britannique

parue le
Éolienne du parc de Walney au Royaume-Uni

Éolienne du parc de Walney au Royaume-Uni. (©Ørsted)

Le nouveau gouvernement britannique a lancé le 25 juillet dernier son plan visant à faire de la Grande-Bretagne une « superpuissance des énergies vertes ».

Great British Energy Founding Statement (Department for Energy Security & Net Zero).

Qu'est-ce que « Great British Energy » ?

Great British Energy (GBE) est une société publique d'investissement que le Parti travailliste souhaite créer dans le secteur énergétique. Celle-ci serait ainsi « détenue par les Britanniques » et devrait permettre d'accélérer les investissements dans les filières bas carbone, d'améliorer l'indépendance énergétique nationale, en faisant profiter la population des bénéfices associés (avec notamment la création de nouveaux emplois et la promesse d'une fourniture d'énergie locale et moins chère).

Cette société était un engagement phare dans la campagne du Premier ministre travailliste Keir Starmer, élu début juillet,(1)et un projet de loi dédié a été déposé au Parlement par le Secrétaire d'État en charge de l'énergie Ed Miliband dès le 25 juillet, en vue d'un vote le 5 septembre.

Consulter la Great British Energy Bill déposée le 25 juillet 2024 à la Chambre des communes.

« Je veux gagner la course à l'énergie propre : nous avons le potentiel, les ports, les travailleurs, les talents, et maintenant, un gouvernement déterminé à saisir ses opportunités », a affirmé Keir Starmer le 25 juillet lors d'un déplacement à Runcorn (nord-ouest de l'Angleterre).

« En reconnaissance du rôle de premier plan joué par l’Écosse dans la révolution de l’énergie propre au Royaume-Uni, Great British Energy sera basée et gérée depuis l’Écosse », précise le gouvernement.

Quels seront les moyens de cette société ?

La société Great British Energy doit être dotée de 8,3 milliards de livres (9,9 milliards d'euros) d'argent public sur 5 ans. Somme qui devrait être investie « dans les technologies du futur : les éoliennes flottantes, l'énergie marémotrice, nucléaire », a précisé le Premier ministre, qui souhaite attirer des investissements privés. Notons qu'une entité « Great British Nuclear » a déjà été créée en 2023 pour soutenir les nouveaux projets nucléaires et que GBE devra préciser leurs modalités de collaboration.

Un premier partenariat de Great British Energy a été annoncé avec le Crown Estate, société qui gère le patrimoine terrien et maritime de la monarchie britannique et qui accorde entre autres des autorisations pour la construction de parcs éoliens en mer.

Ce partenariat pourrait permettre de déployer 20 à 30 GW de parcs éoliens en mer d'ici à 2030 selon le Crown Estate (le Royaume-Uni dispose actuellement de près de 14 GW de capacités éoliennes offshore installées), soit de quoi fournir assez d'électricité pour satisfaire l'équivalent des besoins de presque 20 millions de foyers britannique selon le gouvernement(2)

Le Parti travailliste estime que ce partenariat a le potentiel de mobiliser jusqu'à 60 milliards de livres d'investissements privés (soit près de 71,5 milliards d'euros). Dans son manifeste de campagne, le Parti s'était engagé à « travailler avec le secteur privé pour doubler la contribution de l'éolien terrestre, tripler celle du solaire et quadrupler celle de l'éolien offshore d'ici 2030 »(3).

Une transition énergétique accélérée au Royaume-Uni

Avant le retour au pouvoir du Parti travailliste, le système énergétique britannique a déjà connu une évolution rapide ces dernières années, en particulier au niveau de son mix électrique : les énergies fossiles comptaient encore pour plus de 76% de ce mix en 2010, environ 51% en 2015 et approximativement 38% en 2020. Le pays ne dispose plus que d'une seule centrale à charbon (à Ratcliffe-on-Soar dans le Nottinghamshire) qui doit fermer en septembre prochain.

Les filières bas carbone toutes cumulées (éolien, solaire, biomasse, hydroélectricité, nucléaire) ont au total compté pour plus de 55% de la production britannique d'électricité en 2023, indique National Grid ESO, même si le gaz naturel reste la première source nationale d'électricité (32% en 2023), devant l'éolien (29,4%) et le nucléaire (14,2%).

Précisons que l'intensité carbone moyenne de la production électrique britannique reste par ailleurs bien supérieure à celle en France (149 g CO2/kWh en 2023, contre 32 g de CO2eq/kWh en 2023 selon RTE).


Vue du mix électrique britannique et des émissions de CO2 en temps réel (actualisation toutes les 30 minutes, source : National Grid ESO)

The UK’s Decarbonisation Objectives and the Role of Great British Energy (Oxford Energy Studies, août 2024).

Sur le même sujet