En Angleterre, le site de West Burton comprend une centrale à charbon et des nouvelles unités à gaz. (EDF-Philippe Eranian)
Le 9 mai, le gestionnaire des réseaux électriques en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles, ESO, a annoncé que la production britannique d’électricité n’avait pas reposé sur le charbon durant plus d’une semaine. Cela n’était plus arrivé depuis 137 ans.
8 jours sans charbon dans le mix électrique britannique
En 1882, la tour Eiffel n’existait pas encore dans le paysage parisien(1) et les lois Jules Ferry sur l’école marquaient l’actualité française en pleine Troisième République. Cette année-là, les Britanniques intervenaient militairement en Égypte et s’assuraient le contrôle de la route des Indes par Suez. La reine Victoria était déjà reine du Royaume-Uni depuis presque un demi-siècle.
C’est aussi en 1882 qu’était mise en service la première centrale électrique au charbon à Londres (Holborn Viaduct). Depuis lors, la production électrique de la Grande-Bretagne avait fortement reposé sur ce combustible bon marché, engendrant de fortes émissions de gaz à effet de serre, qui comptait encore pour près de 40% de la production britannique d’électricité en 2012.
L’annonce d’ESO constitue ainsi bien une rupture outre-Manche : pendant 8 jours, 1 heure et 25 minutes, la Grande-Bretagne s’est passée du charbon pour sa production électrique. Durant cette période, l’approvisionnement britannique en électricité a reposé à 45% sur le gaz naturel, à 21% sur le nucléaire, à 12% sur l’éolien, à 10% sur des importations, à 6% sur la biomasse, à 5% sur le solaire, le reste provenant de centrales hydroélectriques et des capacités de stockage.
Un objectif de sortie du charbon d’ici 2025
Au charbon s’est peu à peu substitué le gaz naturel dans le mix électrique britannique. En 2018, le gaz a ainsi compté pour près de 44% de la production nationale d’électricité, contre plus que 6% pour le charbon. Le prix plancher du carbone en vigueur au Royaume-Uni a favorisé ce très fort recul du charbon au profit du gaz.
Le gouvernement britannique a fixé pour objectif de fermer les six dernières centrales à charbon encore en activité dans le pays d’ici à 2025. À cet horizon, Fintan Slye, directeur du gestionnaire de réseau ESO, assure pouvoir « exploiter l’ensemble du réseau d’électricité sans charbon ». Depuis 2013, la réduction de la consommation de charbon au Royaume-Uni a permis de réduire de moitié les émissions de CO2 associées à la production nationale d'électricité selon le Committee on Climate Change (CCC).