Ferme éolienne d’Ashegoda en Ethiopie. (©Vergnet)
La présidence de la COP21 a présenté hier à New York un rapport dans le cadre de l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (IAER), listant 240 projets prioritaires à travers le continent.
Rappels sur l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables
Lancée lors de la COP21, l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (IAER) vise à soutenir le développement massif des énergies renouvelables en Afrique, en améliorant l’accès à l’électricité sur ce continent tout en y réduisant les émissions de gaz à effet de serre. La première phase de cette Initiative consiste cette année à identifier en amont de la COP22 (7-18 novembre 2016)(1) des projets et programmes jugés prioritaires par les gouvernements africains pour satisfaire cette ambition.
Le rapport présenté hier par la présidente de la COP21 Ségolène Royal recense ainsi 240 projets liés aux énergies renouvelables, portant sur des capacités électriques cumulées de 45,4 GW (l’Afrique dispose aujourd’hui de 34 GW d’unités de production renouvelables). Près de la moitié desdites capacités concernent des centrales hydroélectriques. Certains projets en cours de réalisation sont censés être « accélérés » grâce à l'IAER tandis que d’autres restant à concrétiser doivent y trouver des financements.
Le 7 décembre 2015, 10 bailleurs (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Commission européenne) s’étaient engagés dans une déclaration conjointe à apporter 10 milliards de dollars de soutien aux objectifs de l’IAER entre 2016 et 2020. La France a fixé sa contribution à plus de 2 de milliards d’euros sur cette période, ce qui constitue une hausse de 50% de ses financements en faveur des énergies renouvelables en Afrique par rapport aux 5 années précédentes.
Les projets sélectionnés
Parmi les 240 projets mentionnés dans le rapport figurent des centrales de production gigantesques à l’image du projet de parc éolien du Golfe de Suez en Egypte (2 400 MW) ou des centrales hydroélectriques d’Inga III en République démocratique du Congo (4 500 MW) et de Lauca en Angola (2 070 MW)(1).
La construction de la centrale de Lauca a par exemple débuté en 2012 sur la rivière de Cuanza. Son coût est estimé à 4,3 milliards de dollars et est en partie supporté par le Brésil. Il s’agira de la plus grande centrale du pays à sa mise en service prévue d'ici à 2018(2). L’IAER a toutefois également vocation à valoriser un ensemble de plus petits projets de quelques mégawatts ou quelques dizaines de mégawatts de puissance.
Au total, le rapport de la présidence de la COP21 mentionne 58 projets relatifs à l’hydroélectricité mais aussi 62 projets solaires, 16 projets éoliens ou encore 13 projets géothermiques. Sont par ailleurs listés des projets associant différentes énergies renouvelables et des programmes d’efficacité énergétique, d’électrification ou encore de gouvernance de l’énergie.
Une plateforme de coordination et 10 recommandations
L’IAER a vocation à constituer une « plateforme de coordination » pour les nombreuses initiatives existantes parmi lesquelles le programme « Energie durable pour tous » (SE4ALL) du Secrétariat général des Nations Unies qui vise à garantir l’accès universel à « l’énergie durable » à l’horizon 2030 et à doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial.
L’électrification du continent africain constitue également une problématique importante au sein de l’IAER (dont s’est par ailleurs notamment saisie la fondation Energies pour l’Afrique de Jean-Louis Borloo). Pour rappel, sur les 915 millions d’habitants qui peuplaient l’Afrique en 2013, seuls 290 millions avaient accès à l’électricité (avec de grandes disparités entre zones urbaines et rurales). Compte tenu de la croissance démographique actuelle, le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'électricité augmente en outre plus rapidement que celui des habitants nouvellement connectés au réseau électrique (l'ONU envisage un quadruplement de la population de l'Afrique subsaharienne d'ici à 2100). La présidence de la COP21 lie enfin les ambitions de l’IAER à la « justice climatique », Ségolène Royal jugeant que « les dégâts du règlement climatique sont présents, en Afrique bien plus qu’ailleurs, alors que l’Afrique n’y est pour rien ».
Le rapport présenté hier émet 10 recommandations. Citons parmi celles-ci la mise en place d’instruments financiers innovants (comme « le mixage prêts-dons »), le développement d’initiatives associant secteurs public et privé, l’adhésion aux autres coalitions issues de la COP21 comme l’Alliance solaire internationale ou encore l’implication des femmes africaines dans les projets renouvelables développés(2).
D’ici à 2030, l’ambition de l’IAER est d’augmenter de 300 GW les capacités renouvelables installées en Afrique, soit près de 9 fois plus que celles actuellement installées.