Le Panama a bénéficié d’une croissance annuelle comprise entre 6 et 10 % au cours des cinq dernières années. (©photo)
Le Panama se trouve ces jours-ci au cœur de l’actualité en raison de la diffusion(1) de documents confidentiels sur des sociétés extraterritoriales dans ce paradis fiscal (« Panama papers »), impliquant de nombreuses personnalités étrangères. En matière d’énergie, ce pays légèrement plus grand que la région Auvergne-Rhône-Alpes(2) constitue également une voie d’acheminement des hydrocarbures via son fameux canal.
Un pays stratégique pour le trafic… maritime
Le Panama ne produit pas de pétrole, ni de gaz naturel ou de charbon mais il constitue un point de transit pour le transport d’hydrocarbures via le canal du même nom et le pipeline Trans-Panama. Long d’environ 80 km, le canal de Panama relie l’océan Atlantique et l’océan Pacifique et permet d’éviter de contourner le sous-continent sud-américain, ce qui peut constituer un gain de temps (et économique) considérable pour les transporteurs maritimes. Près de 5% du trafic maritime mondial transite ainsi par ce canal, les États-Unis et la Chine en étant les deux principaux utilisateurs.
En 2015, près de 132 000 barils par jour (b/j) de pétrole brut et environ 882 000 b/j de produits pétroliers ont en particulier été acheminés via le canal de Panama. Ces volumes sont toutefois bien plus faibles que ceux circulant par le canal de Suez (Égypte) et a fortiori par les détroits d’Ormuz (golfe Persique) et de Malacca (sud-est de l’Asie).
L’importance du canal de Panama dans l’acheminement du pétrole est en effet limité par la largeur de ses écluses : les navires pétroliers dits « Panamax » (capables de transporter 50 000 à 79 999 « tonnes de port en lourd » ou tpl) sont les plus gros à pouvoir y circuler. Les navires plus modernes comme les « ULCC(3) » (plus de 320 000 tpl) sont contraints d’utiliser une autre route maritime.
Plus de 5 milliards de dollars pour attirer de plus gros… navires
Des travaux d’élargissement ont lieu sur le canal de Panama depuis plusieurs années afin de permettre le passage de navires de plus gros tonnage(4) pouvant transporter jusqu’à 170 000 tpl et mesurant 49 m de large (« neoPanamax »). Une plus grande partie de la flotte transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) pourra également transiter par ce passage stratégique, une perspective notamment intéressante pour les producteurs américains de gaz de schiste souhaitant développer des exportations vers l’Asie.
Le programme d’élargissement du canal, dont le coût total a été évalué à 5,25 milliards de dollars, a été réalisé à près de 97% à ce jour et les travaux devraient s’achever d’ici à juin 2016. L’oléoduc Trans-Panama, traversant le pays près de la frontière avec le Costa-Rica entre la mer des Caraïbes et la côté Pacifique, constitue une autre voie de transit qui a permis de transporter près de 200 000 b/j de pétrole brut en 2015.
Une interconnexion des réseaux… électriques
En 2014, le Panama a produit près de 9,3 TWh d’électricité dont environ 54% a été généré par le parc hydroélectrique du pays. Les centrales au fioul (37% du mix) et au charbon (7%) ont fourni l’essentiel de la production restante.
Pour satisfaire ses besoins électriques domestiques, le Panama a également développer des interconnexions (d’une capacité de 300 MW) avec 5 autres pays : le Costa Rica, le Honduras, El Salvador, le Guatemala et le Nicaragua. Une nouvelle ligne électrique de 300 MW de capacité devrait être construite à partir de 2018 afin de renforcer les interconnexions existantes.
Près de 14 000 navires par an transitent par le canal de Panama. (©Connaissance des Énergies)