Près de 8% des déplacements de passagers dans le monde s'effectuent aujourd'hui à bord de trains(1). (©Pixabay)
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié le 30 janvier un rapport consacré au transport ferroviaire(2), en y soulignant les « bénéfices » associés à ce mode de transport en matière d’énergie et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Le transport ferroviaire, « plus efficace » que les autres modes de transport
Les transports comptent actuellement pour 29% de la consommation d’énergie finale dans le monde, et en particulier pour plus de la moitié de la demande mondiale de pétrole, rappelle l’AIE. Seulement 2% de la consommation énergétique de ce secteur est consacrée au « rail » (métros, tramways, trains « conventionnels » et à grande vitesse(3), fret, etc.) alors que 7% du transport de passagers et 8% du transport de marchandises au niveau mondial s’effectuent à bord de trains.
Au niveau mondial, l’alimentation des trains repose à 53% sur le diesel (en très grande majorité pour le fret) et à 47% sur l’électricité (principalement pour le transport de passagers), avec de grandes différences d’une région du monde à une autre : en 2016, le trafic ferroviaire reposait par exemple à 96,5% sur l’électricité au Japon, contre seulement 28% en Afrique (80,4% en Europe).
Concrètement, le transport ferroviaire consomme aujourd’hui environ 600 000 barils de pétrole par jour (soit 0,6% de la consommation mondiale) et près de 290 TWh d’électricité par an (un peu plus de 1% de la consommation mondiale). Il est responsable de 0,3% des émissions directes de CO2 liées à la combustion d’énergie dans le monde (89 Mt CO2) selon l’AIE (avec 7,9 Gt de CO2 émis en 2016, le secteur des transports dans son ensemble compte pour 24% des émissions mondiales).
Parmi les atouts des trains, l’AIE souligne qu’ils sont en moyenne « près de 12 fois plus efficaces que les transports routier et aérien au regard de l’énergie finale consommée par passager ». Selon l’Agence, le transport ferroviaire constitue ainsi « un facteur important de réduction de la demande énergétique » alors qu’il est « souvent négligé dans le débat public ». Si tout le transport ferroviaire (passagers et fret) était assuré par d’autres modes de transport, la consommation mondiale de pétrole serait en particulier plus élevée de 16% qu’actuellement (+ 8 millions de barils par jour) selon les estimations de l’AIE.
Près des trois quart des passagers de trains circulent actuellement grâce à l’électricité. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Quelles perspectives pour 2050 ?
Les croissances économique et démographique dans les pays en développement – de plus en plus urbanisés – devraient entraîner une forte hausse de la demande de transports « plus efficaces, plus rapides et plus propres », constate l’AIE. L’Agence craint toutefois que les besoins de vitesse et de flexibilité favorisent davantage l’acquisition de véhicules particuliers et le développement du transport aérien que le rail.
Dans son scénario de base, l’AIE envisage une croissance forte des lignes de métros et des trains à grande vitesse dans les années à venir(4). L’électrification du transport ferroviaire devrait se poursuivre et l’AIE estime que près de 97% des déplacements de passagers en train s’effectueront grâce à l’électricité en 2050 (et deux tiers du fret).
Au total, les investissements mondiaux consacrés au secteur ferroviaire pourraient s'élever à 475 milliards de dollars par an d’ici à 2050 (dont 315 G $/an dans les infrastructures ferroviaires(5)) selon le scénario de base de l’AIE(6). Les trains ne verraient toutefois pas augmenter leur part dans le transport mondial de passagers dans ce scénario, face à la forte croissance des véhicules particuliers et de l’aviation.
Dans un scénario plus ambitieux de développement du transport ferroviaire dit « High Rail Scenario », l’AIE estime que le transport de passagers en train pourrait encore augmenter de 60% en plus par rapport à son scénario de base, avec des coûts de déplacement réduits.
Les investissements dans le secteur ferroviaire associés à ce scénario plus volontariste s’élèveraient à 770 milliards de dollars par an d’ici à la moitié du siècle. Selon l’AIE, ce développement plus rapide du mode ferroviaire pourrait permettre aux émissions globales de CO2 du secteur des transports d’atteindre « un pic à la fin des années 2030 ». Les trains sont ainsi présentés comme le moyen de décarboner les transports, sous réserve naturellement de disposer d’une production électrique elle-même décarbonée.
Les principaux réseaux ferroviaires sont situés en Chine, au Japon, en Europe, en Amérique du Nord et en Russie. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)