En Chine, les trains à très grande vitesse connaissent un développement rapide. Ici, un « CRH » (pour « China Railways Highspeed »). (©Pixabay)
Dans un article publié le 7 décembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que les trains à grande vitesse ont un rôle important à jouer dans l’atteinte des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique. Explications.
Une croissance rapide des trains à grande vitesse
En une décennie(1), le transport mondial de voyageurs à bord de trains à grande vitesse (circulant à plus de 250 km/h) a augmenté de 14% par an en moyenne, pour atteindre 625 milliards de voyageurs-kilomètres(2) en 2015 selon les dernières données de l’AIE. La part des trains à grande vitesse dans le transport ferroviaire(3) est en forte augmentation, sous l’impulsion de la Chine.
A l’heure actuelle, la Chine, le Japon et l’Europe comptent pour près de 95% du trafic mondial de voyageurs à bord de « TGV »(4). A elle seule, la Chine a vu sa part dans ce trafic mondial augmenter en une décennie de 4% en 2005 à 62% en 2015(5). En 2016, ce pays disposait d’environ 20 000 kilomètres de lignes à haute vitesse selon l’AIE, soit près de 60% du réseau mondial (devant l’Espagne, le Japon et la France).
Entre 2013 et 2015, le transport ferroviaire de voyageurs à bord de trains à grandes vitesse a, sous l'impulsion de la Chine, augmenté de 70% au niveau mondial. (©Connaissance des Énergies)
Un intérêt climatique reposant sur l’électricité… décarbonée
Dans son rapport 2017 consacré au transport ferroviaire, l’AIE souligne les bénéfices environnementaux liés à la progression des trains à grande vitesse qui sont, avec les transports urbains, de plus en plus « dépendants de l'électricité ». En 2015, les trains à grande vitesse ont compté pour un cinquième de la demande d’électricité du transport ferroviaire de passagers (alors qu’ils comptaient pour près de 6% des voyageurs transportés en train).
Les « TGV » feraient ainsi « partie de la stratégie pour atteindre les objectifs climatiques » fixés par l’Accord de Paris, sous réserve que la production électrique soit décarbonée (comme pour les véhicules électriques). Le mix de production électrique varie en effet beaucoup d’un pays à un autre : celui de la France est très décarboné (à près de 91% en 2016, principalement grâce au nucléaire et à l’hydroélectricité) mais celui de la Chine reposait encore à plus de 65% sur le charbon en 2016.
Le bénéfice environnemental des trains à grande vitesse est particulièrement net en France où la production électrique est très fortement décarbonée. (©Connaissance des Énergies)
Une substitution aux avions sur les courtes et moyennes distances
La consommation d’énergie par voyageur-kilomètre est près de 90% plus faible au sein des trains à grande vitesse par rapport aux avions selon les calculs de l’AIE. Selon l’agence, l’efficacité énergétique des « TGV » restera meilleure que celle des avions, y compris en prenant en compte les importants progrès possibles dans l’aviation.
Dans ses scénarios compatibles avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C ou en deça(6) l’AIE indique que cette cible est « improbable » sans que les trains à grande vitesse se substituent aux avions pour une partie du transport de voyageurs. Cette substitution devrait être particulièrement étendue d’ici à 2060 pour les trajets de courtes à moyennes distances (jusqu’à 1 000 km). Cela nécessiterait un rythme de développement accéléré des trains à grandes vitesse alors même que les investissements associés sont très importants(7).
Jusqu’ici, le développement des trains à grande vitesse n’a pas eu d’impact significatif sur le transport aérien au niveau mondial selon l’AIE. Les « TGV » ont uniquement affecté le transport aérien sur certains trajets très spécifiques : celui-ci a en particulier baissé de 56% entre 1993 et 2010 sur le trajet Paris-Londres.
Précisons que l’Iata (Association du transport aérien international) a annoncé cette semaine que le transport aérien devrait pour la première fois dépasser 4 milliards de passagers dans le monde en 2017 (avec une prévision de 4,3 milliards de passagers en 2018).