- Source : UFE
En février 2016 a eu lieu à Houston la 35e Cera Week, convention qui peut être considéré comme le plus grand rassemblement au monde des acteurs de l’énergie avec près de 2 500 participants (représentants de gouvernements, de l’industrie, des banques, etc.). L’Union française de l’électricité (UFE) a publié la semaine dernière une courte synthèse des échanges qui y ont eu lieu sur les grandes transitions à venir des systèmes électriques.
Si la faiblesse des cours du pétrole fait actuellement l’objet de nombreuses questions, c’est l’accès à l’électricité pour près d’un milliard de personnes supplémentaires qui constitue à plus long terme le principal défi selon l’UFE. Sachant que près de 40% des émissions mondiales de CO2 proviennent de la production d’électricité, la « décarbonation » des mix électriques est ainsi un élément central dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans l'accord de la COP21, elle est un levier majeur pour contenir à 2°C la hausse des températures terrestres d’ici à 2100(1), surtout si la croissance démographique annoncée par l’ONU se confirme.
Parallèlement au développement des énergies renouvelables s’opèrent des dynamiques de décarbonation différentes dans chaque région : le gaz remplace par exemple le pétrole dans la production électrique mexicaine tandis que des États arabes construisent des réacteurs nucléaires (amenés à se substituer à des centrales électriques utilisant des combustibles fossiles). La fixation d’un prix du carbone facilite ce mouvement de transition vers des énergies moins carbonées.
Les transitions des secteurs électriques devraient bénéficier de nombreuses innovations, permettant entre autres de réduire les coûts de production des énergies renouvelables et de déployer des technologies de stockage à grande échelle. Des programmes de recherche portent notamment sur le remplacement des batteries lithium-ion par des batteries lithium-soufre aqueux, note l’UFE(2). Le développement des énergies renouvelables et une gestion plus « intelligente » de la demande d’électricité passent également par de lourds investissements dans les réseaux : près de 600 milliards d’euros seraient nécessaires rien qu’en Europe dans les 10 ans à venir selon l’UFE(3).
A bien plus court terme, l’UFE conclut que les électriciens réunis lors de la Cera Week se sont tous accordés sur les problèmes de régulation, un manque de stratégie claire étant notamment pointé du doigt par les utilities américaines. En Europe, l’émergence d’un nouveau « market design » permettant de rémunérer la capacité et la flexibilité d’installations de production (outre l’énergie qu’elles délivrent) est un aspect central de la transition énergétique. L’UFE rappelle que l’effondrement des prix de marché (lié aux politiques publiques de subventions des énergies renouvelables) a fortement fragilisé les utilities européennes dont la capitalisation a chuté de 680 milliards d’euros à 200 milliards d’euros au cours des 8 dernières années.
Sources / Notes
- Par rapport aux températures préindustrielles.
- Avec un coût pouvant potentiellement être réduit par 200 (à hauteur de 0,5 $/kWh).
- Dont deux tiers seraient destinés aux réseaux de distribution et le tiers restant aux réseaux de transport électrique.