L’AIE souligne dans son dernier rapport « les réformes institutionnelle, légale et fiscale » entreprises ces dernières années au Maroc. (©Pixabay)
Les politiques énergétique et climatique du Maroc ont connu « des développements majeurs » au cours des dernières années selon un rapport(1) publié le 7 mai par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). État des lieux.
Une consommation d’énergie reposant à près de 90% sur les énergies fossiles
L’AIE avait consacré un premier « rapport approfondi » au Maroc en 2014 et souligne dans sa nouvelle publication les efforts entrepris depuis lors par ce pays pour stimuler les investissements dans les énergies renouvelables, donner accès à l’électricité à la quasi-intégralité de sa population rurale et mettre fin à la plupart des subventions aux énergies fossiles(2).
Malgré ces « efforts positifs », l’AIE rappelle que la consommation d’énergie primaire du Maroc repose encore à presque 90% sur les énergies fossiles : à 62% sur le pétrole, à 21,7% sur le charbon et à 5% sur le gaz naturel selon les dernières données de l’Agence portant sur 2017.
La production nationale d’hydrocarbures étant « négligeable » selon l’AIE (malgré quelques projets prometteurs en développement, notamment autour du permis gazier de Tendrara), le Maroc dépend très fortement des importations. La facture énergétique du Maroc liée à ces importations s’est élevée à 69,5 milliards de dirhams en 2017, soit environ 6,3 milliards d’euros.
L’AIE souligne « les risques d’approvisionnement » du Maroc, en particulier depuis la fermeture de sa dernière raffinerie pétrolière (Samir), placée en liquidation judiciaire en 2015. À ce titre, l’Agence appelle entre autres le gouvernement marocain à augmenter ses capacités de stockage de produits pétroliers.
En 2017, la consommation d’énergie primaire du Maroc s’est élevée à 20,5 Mtep, soit 0,57 tep par habitant. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Une hausse de 32% de la consommation énergétique entre 2007 et 2017
Le Maroc a pour ambition de fortement développer les énergies renouvelables dans le secteur de la production d’électricité : en 2009, il a été fixé pour objectif de porter à 42% la part de ces filières en 2020 dans la puissance installée totale du parc électrique marocain. Le Maroc a depuis précisé que les énergies renouvelables devront compter pour plus de 52% des capacités électriques du pays à l’horizon 2030. Pour cela, le pays mise sur les différentes filières renouvelables : éolien (9,5% de la production électrique en 2017), hydroélectricité (4%), solaire (1,3%) incluant en particulier les centrales thermodynamiques, etc.
L’AIE souligne la flexibilité du système électrique marocain (STEP hydroélectriques, centrales thermodynamiques avec stockage, interconnexions en projet, etc.), permettant un fort développement des filières renouvelables à production intermittente. Il est toutefois rappelé que le charbon domine encore très largement le mix électrique marocain (53,5% de la production en 2017).
L’Agence internationale de l’énergie déplore que les objectifs de développement des énergies renouvelables du Maroc se cantonnent aujourd'hui au secteur électrique et appelle le gouvernement à préciser également ses ambitions pour ces filières dans le secteur résidentiel et les transports.
Il est par ailleurs recommandé de faire de l’efficacité énergétique une priorité nationale avec la mise en place d’une grande stratégie dédiée à l’horizon 2030, assortie de ressources financières. La consommation d’énergie primaire du Maroc a augmenté de 32% entre 2007 et 2017 (atteignant 20,5 Mtep cette année-là). La croissance de la demande d’électricité est plus forte encore et pourrait se poursuivre à un rythme moyen de 5% par an d’ici à 2021 selon l’AIE.
Pour rappel, le Maroc - qui a accueilli la COP22 à Marrakech fin 2016 - s’est engagé dans le cadre des accords de Paris à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 42% d’ici 2030 par rapport à un scénario « business-as-usual » à cet horizon, sous réserve « de recevoir un appui substantiel de la communauté internationale » (sans ce soutien extérieur, l'objectif est limité à une réduction de 17% des émissions à l'horizon 2030)(3).
En 2017, la production électrique du Maroc a reposé à plus de 80% sur les énergies fossiles. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)