Le charbon est toujours la principale source d'électricité en Allemagne. (©RWE)
La transition énergétique allemande, dite « Energiewende », s’est principalement concentrée sur le secteur électrique, avec le développement des filières renouvelables. Dans un rapport publié le 19 février(1), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) appelle Berlin à « recentrer ses efforts » sur les transports et le chauffage.
Le « socle » de l’Energiewende : la promotion des filières renouvelables productrices d’électricité
Au cours de la dernière décennie, la transition énergétique allemande s’est principalement manifestée par le soutien aux filières renouvelables productrices d'électricité, éolien en tête. Dans sa feuille de route énergétique à l’horizon 2050 (« Energiekonzept »)(2) publiée en septembre 2010, le gouvernement allemand avait entre autres fixé pour objectif de porter la part de ces énergies renouvelables dans la consommation brute d’électricité du pays à 35% en 2020, un niveau déjà dépassé en 2018 (38%(3)) selon l’AIE.
En 2019, l’ensemble des énergies renouvelables a compté pour plus de 46% de l’électricité injectée sur les réseaux en Allemagne (voir infographie ci-après). L’AIE souligne que le déploiement à très grande échelle des filières éolienne et solaire photovoltaïque doit s’accompagner d’un développement important des infrastructures de transport et de distribution d’électricité (notamment entre les parcs éoliens au nord du pays et les zones de consommation dans le sud, ce qui pose des problèmes d’acceptabilité) et d’autres solutions pour faciliter la gestion des réseaux (en ayant notamment recours au vecteur hydrogène).
L’AIE indique que la sortie progressive du nucléaire (d’ici à 2022) et l’augmentation des exportations d’électricité ont par ailleurs « compensé certains bénéfices » de l’Energiewende en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’Agence salue par ailleurs le plan de sortie du charbon de l’Allemagne d’ici à 2038 (si possible dès 2035). Rappelons toutefois que les centrales à charbon ont encore produit plus de 150 TWh en 2019, soit 29,2% de l’électricité injectée sur les réseaux de transport.
Dans le contexte de la fermeture progressive des parcs de centrales nucléaires et à charbon, l’AIE appelle l’Allemagne à veiller à conserver une bonne sécurité énergétique (malgré le niveau très élevé de ses importations), en diversifiant notamment ses approvisionnements gaziers (en particulier grâce au GNL).
En 2019, le charbon et l’éolien étaient de loin les deux principales sources d’électricité en Allemagne. (©Connaissance des Énergies)
L’Allemagne doit « recentrer ses efforts » sur les transports et le chauffage selon l’AIE
Malgré le développement des filières renouvelables dans le secteur électrique, les énergies fossiles comptent encore pour plus de 79% de la consommation annuelle d’énergie primaire en Allemagne selon les dernières données de l’AIE (portant sur l’année 2018). Rappelons par ailleurs que l’électricité, vecteur qui suscite une attention particulière dans les débats énergétiques, ne compte chaque année que pour près d’un cinquième de la consommation finale d’énergie en Allemagne.
En 2018, la production d’énergie en Allemagne a compté pour « seulement un peu plus d’un tiers » de la consommation nationale d’énergie primaire. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
L’Allemagne s’est fixé pour objectif de réduire d’au moins 40% ses émissions de gaz à effet de serre en 2020 (par rapport à l’année de référence 1990), de 55% d’ici à 2030, de 70% d’ici 2040 et de 80% à 95% d’ici à 2050 (horizon auquel l’Allemagne veut atteindre la neutralité carbone). En 2018, les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne étaient inférieures d’environ 31% à celles de 1990 selon les dernières données de l'AIE. Autrement dit, le pays va rencontrer de fortes difficultés pour atteindre ses objectifs de moyen terme selon l’Agence, en raison d’« efforts inégaux selon les secteurs ».
L’AIE appelle en particulier Berlin à « concentrer ses efforts » sur des actions dans les secteurs des transports et du chauffage. En octobre 2019, le gouvernement allemand a présenté son Programme d’action pour le climat à l’horizon 2030(4) qui inclut entre autres « un système de tarification progressive du CO2 pour certains secteurs non couverts par le marché européen du carbone (chauffage et transports), un allègement fiscal et d'autres incitations accrues pour des rénovations énergétiques de bâtiments, des subventions plus élevées pour les véhicules électriques et des investissements publics plus importants dans les transports publics », autant de mesures saluées par l’AIE.
« Au cours des quatre dernières décennies, l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne est passé d’une nette domination du charbon et du pétrole à un système plus diversifié », indique l’AIE. Ces deux énergies ont toutefois encore compté pour 56,8% de la consommation d’énergie primaire de l’Allemagne en 2018. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)