« Nous ne reconstruisons pas mieux, nous reconstruisons mal », déplore le think tank Ember. (©Pixabay)
Le think tank Ember a publié le 25 août ses dernières données sur la production électrique dans le monde au 1er semestre 2021(1). Quelles évolutions sont constatées par rapport à la situation pré-Covid-19 ?
Une hausse de la consommation d’électricité et des émissions de CO2
Ember détaille les données de production de « 63 pays comptant pour 87% de la production mondiale d’électricité » (toutes les informations « mondiales » concernent ces seuls pays dont elle a pu recueillir les informations). Leur consommation cumulée d’électricité aurait avoisiné 11 557 TWh au 1er semestre 2021, soit près de 5% de plus qu’au 1er semestre 2019 (11 010 TWh). Elle avait connu une chute significative au 1er semestre 2020 en pleine pandémie de Covid-19 (10 729 TWh).
Au second semestre 2020, les émissions de CO2 liées au secteur électrique des 63 pays analysés étaient déjà « revenues aux niveaux d'avant la pandémie alors que la demande d'électricité rebondissait », souligne Ember. Ces émissions auraient, au 1er semestre 2021, été supérieures de 12% au niveau du 1er semestre 2020 et de 5% au niveau du 1er semestre 2019 selon le think tank (et même de 7% en juin 2021 par rapport à juin 2019).
Cette hausse des émissions de CO2 n’est pas uniquement liée à la hausse de la consommation d’électricité. Elle résulte également du fait que les filières bas carbone « n’ont pas été à la hauteur de la croissance de la demande » selon Ember. La production « mondiale » (concernant toujours les 63 pays analysés par Ember) des filières éolienne et solaire a certes bien augmenté de 332 TWh entre le 1er semestre 2019 et le 1er semestre 2021 (+ 26% pour l’éolien et + 46% pour le solaire) mais celle des centrales à charbon a également fortement augmenté dans le même temps (+ 254 TWh, soit une hausse de 5,8%). La production « mondiale » d’origine nucléaire et provenant de filières renouvelables hors éolien et solaire a quant à elle légèrement diminué durant cette période.
Une relance « grise » dans de nombreux pays asiatiques
En réalité, « aucun pays n’a encore réalisé une véritable relance verte de son secteur électrique », déplore Ember. De nombreux pays - en particulier en Asie - ont, selon les termes d'Ember, engagé une « relance grise » de leur production électrique, en s’appuyant en partie sur l’éolien et le solaire mais aussi massivement sur le charbon(2). C’est notamment le cas de la Chine, de l’Inde, du Pakistan, de la Mongolie, du Bangladesh, du Vietnam ou encore du Kazakhstan.
Entre le 1er semestre 2019 et le 1er semestre 2021, la Chine a par exemple vu sa consommation d’électricité augmenter de 14% et plus des deux tiers de cette hausse ont été satisfaits grâce à une croissance de la production des centrales à charbon. La transition du secteur électrique chinois devient pourtant cruciale alors que le pays s’est fixé pour ambition d’atteindre la « neutralité carbone » à l’horizon 2060. Or, la production électrique des centrales à charbon chinoises a augmenté, entre le 1er semestre 2019 et le 1er semestre 2021, de 337 TWh (soit davantage que l’ensemble de la production électrique à partir du charbon au sein de l’Union européenne au 1er semestre 2021)(3).
Le mix électrique du « monde d'après » reste ainsi toujours très carboné. Dans les 63 pays analysés par Ember, la production d’électricité au 1er semestre 2021 a reposé à près de 40% sur le charbon, 18,7% sur le gaz naturel, 14,9% sur l’hydroélectricité, 11,3% sur le nucléaire, 7,6% sur l’éolien et 4,3% sur le solaire.