Le béton de la tour solaire d’Ashalim a commencé à être coulé fin juin 2016. L’opération devrait se poursuivre jusqu’en novembre. La mise en service de la centrale est quant à elle prévue fin 2017. (©BrightSource Energy)
Une centrale solaire thermodynamique est actuellement en cours de construction dans le Néguev, une région désertique dans le sud d’Israël. Elle sera composée de dizaines de milliers de miroirs et de la plus haute tour solaire jamais construite. Présentation.
55 000 héliostats concentrant le rayonnement solaire
La centrale thermodynamique d’Ashalim sera constituée de 55 000 miroirs couvrant une surface de près de 300 hectares, soit l’équivalent de plus de 400 terrains de football. Ces miroirs, dits « héliostats », suivront la course du soleil en réfléchissant et concentrant le rayonnement vers le sommet d’une tour de 240 mètres de haut, ce qui devrait en faire le plus haute tour solaire au monde à la fin de sa construction prévue fin 2017.
Chaque miroir sera équipé d’une batterie lithium-ion fournie par la société Tadiran, filiale du groupe français Saft(1). L’utilisation de ces batteries contrôlées par wi-fi doit permettre de « supprimer les réseaux de câblage et de communication filaire coûteux, habituellement nécessaires pour alimenter les moteurs des héliostats », indique Saft.
Au niveau du récepteur solaire de la tour où le rayonnement est concentré, la température devrait atteindre près de 600 degrés Celsius. Cette chaleur transmise à un fluide servira in fine à produire de la vapeur qui sera turbinée au pied de la tour. L’installation totale aura une puissance installée de 121 MW et pourrait, selon l’exploitant, produire près de 320 GWh par an (l’installation aurait donc un facteur de charge de près de 30,2%), soit l’équivalent des besoins électriques moyens de 120 000 foyers en Israël.
Ce projet est porté par les sociétés américaines BrightSource Energy (pour la technologie thermodynamique) qui exploite déjà la centrale solaire thermodynamique géante d’Ivanpah(2) dans le désert de Mojave en Californie (392 MW) et General Electric (pour l’ingénierie et la construction), associés au fonds privé d’investissement israélien NOY. Son coût total est estimé à près de 2,8 milliards de shekels, soit près de 660 millions d’euros.
Un tarif d'achat garanti de plus 180 euros par MWh
L’intérêt du solaire thermodynamique réside en grande partie dans sa capacité à stocker l’énergie solaire sous forme de chaleur et de pouvoir produire de l’électricité ultérieurement, en fonction des besoins (ou bien de réserver cette chaleur à d’autres usages comme le dessalement d’eau de mer ou la génération d’hydrogène). Pour rappel, il existe différents types de centrales thermodynamiques qui ne nécessitent pas l’installation d’une tour solaire : centrales à miroirs cylindro-paraboliques, à miroirs de Fresnel, etc.
Le principal inconvénient de ces technologies reste actuellement leur coût. Le centrale d’Ashalim, retenue dans le cadre d’un appel d’offres lancé en 2013 par Israël, bénéficiera d’un tarif d’achat garanti pour l’électricité produite de 0,79 shekels par kWh, soit plus de 180 euros par MWh pour une durée de 25 ans(3), un montant plus élevé que les sources « conventionnelles » de production (gaz et charbon en tête) qui satisfont actuellement l’essentiel des besoins électriques d’Israël(4).
Israël souhaite fortement développer les énergies renouvelables et porter la part de ces dernières à 10% de sa production électrique d’ici à 2020(5). Cet essor des renouvelables doit contribuer à l'objectif du pays de réduire ses émissions de gaz à effet de serre par habitant de 26% d'ici à 2030 par rapport au niveau de 2005(6).
D’autres projets géants de centrales thermodynamiques à tour sont à l’étude, notamment à Dubaï au sein du parc solaire de Mohammed ben Rashid Al-Maktoum. (©BrightSource Energy)