La température mondiale a déjà augmenté de près de 1,1°C depuis la fin du XIXe siècle, avertit l’Organisation météorologique mondiale. (©Taylor Van Riper-Unsplash)
Les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et l’industrie pourraient encore augmenter de 0,6% en 2019 selon le Global Carbon Project (GCP)(1), malgré la baisse attendue des émissions liées au charbon cette année. Les actions sont toujours loin d'être à la hauteur de l'« urgence climatique », alors que la COP25 se tient à Madrid jusqu’au 13 décembre.
Un défi « extraordinairement difficile à relever »
Les émissions mondiales de CO2 liées à la combustion d’énergies fossiles et à l’industrie « devraient atteindre 36,8 milliards de tonnes » (Gt CO2) en 2019 – un nouveau « record » – selon les dernières estimations du GCP(2). Si cette estimation se confirme(3), elle marquera une hausse des émissions de 0,6% par rapport à 2018 et d'environ 4% par rapport à 2015, année de la COP21.
Les émissions mondiales de CO2 liées à la combustion d’énergies fossiles et à l’industrie ont augmenté de plus de 3% par an en moyenne dans les années 2000. La croissance de ces émissions s’est fortement ralentie depuis 2010 (+ 0,9% par an en moyenne), avec toutefois une nouvelle accélération en 2017 (+ 1,5%) et 2018 (+ 2,1%). (©Connaissance des Énergies, d'après Global Carbon Budget 2019)
« Avec l'augmentation actuelle des émissions, atteindre l’objectif de rester bien en dessous des 2°C devient un défi extraordinairement difficile à relever [...] voire irréaliste avec la technologie d’aujourd'hui », déplore Philippe Ciais, chercheur au LSCE-Institut Pierre Simon Laplace qui rappelle l’urgence de « redoubler d’efforts ». Concrètement, il faudrait - pour espérer atteindre les 2°C - « réduire d’un facteur 2 les émissions à chaque décennie et les amener à zéro à la fin du siècle, soit une décarbonation globale de 7% par an », précise-t-il.
Face à ce constat, que peut-on attendre de la COP25 ? Selon Philippe Ciais, « rien de très encourageant, sauf à prendre acte que les mesures mises en place après l’accord de Paris par les pays signataires sont très insuffisantes ».
40% des émissions dues au charbon
Le Global Carbon Project rappelle que les émissions de CO2 liées à l’énergie et à l’industrie provenaient en 2018 à 40% de la consommation de charbon, à 34% du pétrole, à 20% du gaz naturel, à 4% de la production de ciment et à près de 1% du « torchage » de gaz.
En 2019, les émissions liées au charbon pourraient baisser de 0,9% en raison de la baisse attendue de la production des centrales à charbon. Ces émissions seront toutefois plus que compensées par la hausse de celles liées au gaz naturel (+ 2,6%) et au pétrole (+ 0,9%). Il est rappelé par les scientifiques du GCP que « si l'utilisation du gaz en substitution du charbon peut entraîner des réductions d'émissions à court terme, le CO2 émis par le gaz naturel continue à réchauffer le climat » lui aussi.
Aux États-Unis comme dans l’Union européenne, le Global Carbon Projet envisage une réduction des émissions de CO2 de 1,7% en 2019(4), grâce à une baisse annuelle de 10% de la consommation de charbon et malgré une forte hausse des émissions liées à la consommation de gaz (respectivement + 3,5% et + 3%). Les émissions de la Chine et de l’Inde pourraient en revanche encore augmenter de 2,6% et 1,8% en 2019(5).
En France, « les consommations globales d’énergies fossiles sur les 9 premiers mois de l’année sont en baisse de l'ordre de - 1% par rapport à 2018 sur la même période […] un bon signal pour l’évolution des émissions de la France en 2019 », indique Jean-Pierre Chang, responsable du département Transports au Citepa (Centre technique de référence en matière de pollution atmosphérique et de changement climatique). Une satisfaction aux conséquences toutefois limitées dans la lutte globale contre le réchauffement climatique.
En 2019, près de 14,5 milliards de tonnes d'émissions de CO2 pourraient être imputées au charbon selon le Global Carbon Project. (©Connaissance des Énergies, d'après Global Carbon Budget 2019)