Selon le nouveau scénario de DNV GL, l'éolien et le solaire photovoltaïque pourraient compter ensemble pour 24% de la production mondiale d'électricité en 2030 et 62% en 2050. (©Fortum)
La crise du Covid-19 aura un impact majeur sur la consommation énergétique mondiale d'ici 2050 selon l'Energy Transition Outlook(1) publié le 9 septembre par la société de services norvégienne DNV GL(2).
Un pic de la consommation mondiale d’énergie en 2034 ?
Par rapport à « ses prévisions réalisées avant la pandémie », DNV GL a réduit de 6 à 8% par an le niveau de la consommation énergétique mondiale dans son scénario d’ici à 2050 : la crise sanitaire et économique a « provoqué des changements majeurs, notamment une réduction du transport longue distance et une augmentation du télétravail », dont les effets continueront à se faire sentir d’ici la moitié du 21e siècle. La consommation mondiale d’énergie finale pourrait, d'après le groupe norvégien, atteindre un pic en 2034.
La consommation d’énergie liée aux transports pourrait en particulier avoir atteint un pic en 2019 selon DNV GL (voir graphique ci-dessous), qui envisage une électrification massive du secteur dans les prochaines décennies : dès 2032, la moitié des véhicules particuliers vendus dans le monde seront des modèles électriques dans son scénario. La consommation des bâtiments pourrait quant à elle continuer à augmenter d'ici à 2050 malgré les progrès en matière d’efficacité énergétique (hausse de 24% de la consommation du secteur par rapport au niveau de 2018), en raison entre autres d’une forte hausse des surfaces occupées et d’un triplement de la consommation mondiale d’énergie liée au « rafraîchissement » de ces espaces.
Le scénario de DNV GL parie sur une transition énergétique accélérée : la part des énergies fossiles dans la consommation mondiale d'énergie primaire pourrait se réduire à 54% en 2050, contre 81% en 2018. Selon ce scénario, la consommation mondiale de pétrole pourrait même avoir atteint un pic en 2020. Le gaz naturel dépasserait le pétrole dès 2026 comme première source d’énergie dans le mix énergétique mondial. Précisons que DNV GL prend, dans ses prévisions d’évolution du mix pour hypothèses que la population mondiale augmentera de 23% d'ici à 2050(3) (atteignant alors 9,4 milliards d’habitants) et que le PIB mondial aura doublé à cet horizon.
Une électrification massive
Selon DNV GL, la part de l’électricité dans la consommation mondiale d’énergie finale pourrait plus que doubler d’ici le milieu du 21e siècle, passant de 19% en 2018 à 41% en 2050. Cette hausse serait en particulier liée à l’électrification des transports.
La structure du mix mondial de production d’électricité serait également bouleversée : grâce aux chutes de coûts et aux progrès en matière de stockage, DNV GL considère que les énergies renouvelables pourraient compter pour 78% du mix électrique mondial en 2050 (contre 26% en 2018), les filières à production intermittente – éolien et solaire photovoltaïque en tête(4) – atteignant alors à elles seules une part de 62% dans ce mix, contre 17% pour les énergies fossiles et 5% pour le nucléaire.
Dans ce scénario, DNV GL envisage « un énorme déploiement » des capacités de stockage (de 650 GWh aujourd’hui à plus de 30 TWh en 2050), principalement sous forme de batteries, ainsi que des réseaux électriques(5).
Malgré cette transition énergétique accélérée esquissée par DNV GL, ce scénario ne permettrait pas d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris selon le groupe norvégien : les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie pourraient encore s’élever à 17,1 milliards de tonnes en 2050 (soit près de la moitié du niveau de 2018) et le réchauffement climatique estimé pourrait atteindre 2,3°C à la fin du siècle par rapport aux températures de l’ère préindustrielle.