Dans le futur, la chaleur des eaux séparées remontant à la surface pourraient également être valorisées à Bouillante. (©EDF-Philippe Eranian)
La centrale de Bouillante a longtemps été la seule centrale française produisant de l’électricité à partir de la géothermie. Les premiers travaux d’exploration ont eu lieu sur ce site en 1963. Retour sur l’histoire de cette centrale et sur son importance aujourd’hui en Guadeloupe.
De l’exploration à l’alimentation électrique de 15 000 personnes
La centrale géothermique de Bouillante est située dans l’ouest de l’île de Basse-Terre en Guadeloupe, face à la mer des Caraïbes, à plus de 6 200 km de la métropole. C’est la seule centrale géothermique française permettant actuellement de produire de l’électricité avec le site de Soultz-Sous-Forêts en Alsace. En juin dernier, l’exploitant Géothermie Bouillante (société détenue à 97,8% par le BRGM et 2,2% par EDF) a commémoré le cinquantenaire de l’exploitation géothermique en Guadeloupe.
Le potentiel géothermique de cette zone de Guadeloupe a en effet été exploré dès 1963. Quatre puits ont été forés au début des années 1970, l’un d’entre eux se révélant propice à l’exploitation d’eau chaude sous pression. En 1980, une première centrale pilote a été construite et équipée d’une turbine de 5 MW, puis été exploitée par EDF à partir de 1986. Au début des années 2000, une nouvelle unité (Bouillante 2) de 11 MW a été construite afin d’accroître la puissance installée du site.
Avec une capacité(1) de 15 MW, celle-ci a généré 51 GWh en 2012, un niveau de production trompeur qui aurait pu être presque deux fois plus important si le site n’avait pas été à l’arrêt la moitié de l’année, principalement en raison d'une grève de 4 mois et 20 jours sur le site. En situation normale, le site est censé générer 6 à 7% de la production électrique de la Guadeloupe. Cette production permet de satisfaire les besoins locaux en électricité de 12 000 à 15 000 personnes.
Si la centrale de Bouillante est unique en son genre en France, c’est avant tout grâce à sa situation idéale pour l’exploitation de la géothermie haute température : à proximité du volcan de la Soufrière et à l’endroit même d’une faille, qui laisse passer les eaux de pluie à travers la couche terrestre. L’infiltration d’eau permet de constituer des réservoirs d’eau à haute température à 1 500 m de profondeur en moyenne. Cette eau chaude est pompée jusqu’à la surface. Sous pression en profondeur, elle se détend au fur et à mesure de sa remontée et se transforme en partie en vapeur. Cette vapeur fait tourner des turbines qui entraînent à leur tour un alternateur.
Vers une nouvelle unité de production : Bouillante 3
L’exploitation de la géothermie présente un atout important par rapport aux autres énergies renouvelables : la production est très prévisible et garantie près de 8 000 heures par an (sauf incident comme en 2012). La centrale de Bouillante fonctionne ainsi généralement 11 mois par an, les seuls arrêts étant effectués pour maintenance et non à cause d’une disponibilité intermittente de la ressource.
Pour autant, la centrale de Bouillante est loin d’être la principale unité de production électrique de Guadeloupe. Des centrales à diesel disposent de plusieurs dizaines de mégawatts de puissance et fournissent l’essentiel de la production électrique de l’île. Le parc éolien guadeloupéen a une capacité installée d'environ 26 MW mais a produit la même quantité d’électricité que la centrale de Bouillante en 2012 (alors même que cette dernière a été arrêtée durant une période anormalement longue).
La centrale cinquantenaire ne compte pas se reposer sur ses acquis. Depuis juillet dernier, Bouillante 1 est en cours de reconstruction. Cette unité devrait redémarrer en décembre 2013. Une nouvelle extension du site est par ailleurs à l’étude : une partie du réservoir géothermique au nord de la Baie de Bouillante aurait un potentiel très prometteur. Bien que des études approfondies doivent encore être menées, une capacité de 45 MW à 50 MW supplémentaire est envisagée pour une unité Bouillante 3. Le projet pourrait aboutir d’ici 5 à 7 ans, sous réserve d’une évolution du capital de la centrale.
Vue de la centrale géothermique de Bouillante (©EDF-Paul Véronique/Graphix)