En 2017, la production électrique des centrales à gaz en France a augmenté de plus de 15%. Ici, la centrale de Bouchain, dans le Nord. (©EDF-Marc Caraveo)
Le production d'électricité en France a reculé légèrement en 2017 : elle a atteint 529,4 térawattheures, en recul de 0,4% par rapport à 2016.
Une production électrique en baisse et majoritairement nucléaire
La part du nucléaire dans le mix électrique français a encore légèrement reculé en 2017, s’élevant à 71,6% de la production électrique nationale, contre 72,3% en 2016 et 76,3% en 2015. Les 58 réacteurs du parc nucléaire français ont produit 379,1 TWh l’an dernier, soit 1,3% de moins qu’en 2016 en raison des arrêts forcés de plusieurs tranches durant les premiers mois de l’année. Pour rappel, Nicolas Hulot a décidé de reporter l’objectif de diminuer la part du nucléaire dans le mix électrique français à hauteur de 50% à l’horizon 2025.
Deuxième source d’électricité en France, les barrages hydrauliques ont produit moins que les centrales thermiques à combustible fossile en 2017. La production hydroélectrique (53,6 TWh en 2017) a en effet baissé de 16,3% l’an dernier en raison des précipitations moins fortes qu’en 2016. Le recul des productions nucléaire (début 2017) et hydraulique ont « nécessité un recours important à la production d’origine thermique fossile », indique RTE. Cette dernière a ainsi augmenté de 20% en 2017 malgré la fermeture l’an dernier de cinq groupes thermiques au fioul d’une puissance cumulée de près de 3 GW.
Le gaz conforte sa 3e place parmi les sources d’électricité en France, avec 40,9 TWh produits en 2017 (soit 7,7% du mix français). La production des centrales à gaz avait déjà connu une très forte croissance en 2016 (+60,8%), notamment grâce à la mise en service de la centrale à cycle combiné de Bouchain (Nord). En 2017, les centrales au charbon et au fioul ont quant à elles respectivement produit 9,7 TWh (1,8% du mix) et 3,8 TWh (0,7%). Pour rappel, le Plan Climat prévoit de cesser toute production électrique à partir du charbon d’ici à 2022.
Au sein des énergies renouvelables, RTE souligne que « la production éolienne et solaire représente pour la première fois plus d’un tiers de la production renouvelable française », bien qu’elle reste encore bien inférieure à la production hydraulique. Après un recul en 2016 (malgré une hausse des capacités installées), la production éolienne a en particulier connu une hausse de 14,8% en 2017 pour atteindre 24 TWh. Suivent la production photovoltaïque (9,2 TWh en 2017), dont la part dans le mix électrique français reste limitée à 1,7% (contre 1,6% en 2016) et les bioénergies (9,1 TWh).
RTE fait état d’une baisse de 6,6% de « la couverture de la consommation brute d’électricité par la production issue de l’ensemble des sources d’énergies renouvelables » (18,4% en 2017 contre 19,7% en 2016).
La production d’électricité en France reste « décarbonnée » à près de 90% en 2017 malgré la progression des énergies fossiles dans le mix. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Le parc des énergies renouvelables dispose aujourd'hui d'une puissance totale de 48 685 MW, soit 94% de l'objectif prévu par la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour 2018 (51,7 GW). Les raccordements d'installation de production d'électricité renouvelable ont connu une hausse record en 2017 avec 2 763 MW supplémentaires, tirés principalement par l'éolien (65% des raccordements). Dans une moindre mesure en valeur absolue, le solaire a contribué à hauteur de 32% des nouveaux raccordements avec 887 nouveaux MW.
Une consommation électrique encore stable, des importations en hausse
La consommation d’électricité brute en France métropolitaine a atteint 482 TWh en 2017, soit 0,3% de moins qu’en 2016. Cette diminution est liée à des températures moyennes plus clémentes (+ 0,6°C par rapport à 2016) et au fait que l’année 2016 était bissextile. « Corrigée de l’aléa climatique et des effets calendaires », la consommation française d’électricité est restée stable l'an dernier pour la 7e année consécutive.
La consommation « brute » d’électricité comprend la consommation finale d’électricité mais aussi la consommation des installations de production et les pertes de distribution et de transformation. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
La moindre disponibilité des centrales nucléaires françaises début 2017 a conduit à augmenter les importations françaises d’électricité, qui se sont élevées à 36,2 TWh l’an dernier. Le solde exportations-importations de la France est resté largement positif en 2017 (de 38 TWh) mais a « atteint son niveau le moins élevé depuis 2010 » selon RTE.
RTE signale par ailleurs une forte progression des effacements qui contribuent à maintenir l’équilibre offre-demande en temps réel sur le réseau, bien que ceux-ci correspondent encore annuellement à de faibles volumes d’électricité « évités » (près de 26,8 GWh en 2017, contre 16,6 GWh en 2016).
En janvier 2017, la France a été importatrice nette de 0,951 TWh, « un niveau qui n’avait jamais été atteint » selon RTE. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Une consommation de gaz et une production de biogaz en hausse
Sur le périmètre de GRTgaz (c’est-à-dire en France métropolitaine, à l’exception du quart sud-ouest du pays dont le gestionnaire de réseau TIGF a la charge), la consommation de gaz naturel était en légère hausse en 2017 (+ 0,4%). Elle a été tirée par les besoins des centrales électriques à gaz, dont la consommation a augmenté de 19% en 2017 (55 TWh thermiques).
La France compte actuellement «14 tranches de cycles combinés à gaz raccordées au réseau de GRTgaz », une centrale supplémentaire étant en projet à Landivisiau en Bretagne, rappelle GRTgaz. Ces centrales ont été davantage sollicitées en 2017 pour compenser l'indisponibilité de tranches nucléaires l’hiver dernier (avec 15 jours très froids notamment en janvier) et la baisse de la production hydroélectrique.
Au total, le gaz naturel aurait compté pour près de 8% de la production électrique française en 2017 (avec une production électrique d’environ 41 TWh) selon GRTgaz, contre 6,6% en 2016. Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz y voit un « renouveau » pour la filière alors que les centrales à gaz ont souffert ces dernières années des prix de marché très bas de l’électricité, les centrales françaises au gaz « ne fonctionnant quasiment plus en 2014 ».
Parc français de centrales électriques au gaz. (©GRTgaz)
De nombreux grands sites industriels se sont raccordés au réseau de transport de GRTgaz en 2017 pour consommer du gaz à la place du fioul selon le gestionnaire de réseau. Ce mouvement, notamment sensible dans l’industrie chimique, reste toutefois moins fort qu’en 2016 et l’investissement n’est pas « systématiquement » rentable dans le cas de sites industriels alimentés au charbon, a indiqué Thierry Trouvé.
Dans les transports, GRTgaz note la progression du gaz naturel véhicule (GNV), en particulier au sein du parc de poids-lourds, le nombre de ces véhicules alimentés par ce carburant ayant doublé en 2017 (1 300 poids lourds sur les 16 200 véhicules GNV en circulation). Le nombre de points d’avitaillement – 75 à fin 2017 – pourrait quant à lui doubler l’an prochain.
Précisons enfin que les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) - qui se développe comme carburant dans le transport maritime - ont fortement augmenté en 2017 à partir des 3 terminaux français, même si elles restent minoritaires dans l’approvisionnement gazier français (environ 18% des entrées de gaz).
En 2017, près de 408 GWh de biométhane ont été injectés sur les réseaux gaziers en France, soit près du double de 2016 selon GRTgaz. A fin 2017, 44 sites de production étaient en service (à 60% en milieu agricole) et le niveau d'injection reste faible par rapport à la consommation nationale (465 TWh sur le périmètre de GRTgaz) mais 361 projets sont actuellement à l’étude. Sur les 592 sites produisant du biogaz en France à fin 2017, 44 l’ont valorisé sous forme de biométhane injecté sur les réseaux de gaz naturel.
Les sites d’injection de biométhane en France avaient une capacité de production cumulée de 682 GWh par an à fin 2017, soit une hausse de 66% par rapport à fin 2016 (410 GWh). Cela correspond à l’équivalent de la consommation gazière annuelle « d’environ 34 000 foyers ou 1 600 camions/bus » selon les gestionnaires de réseaux. Le biométhane ne compte toutefois encore que pour près de 0,1% de la consommation française de gaz naturel.
La production française de biométhane a augmenté de près de 89% entre 2016 et 2017. (©Connaissance des Énergies, d’après Observatoire du biométhane)
GRTgaz précise que cette progression du gaz « renouvelable » est entre autres liée à la réduction du coût de raccordement des sites produisant du biométhane et à l’autorisation d’injecter ce dernier dans les stockages souterrains en juin 2017.
24 des 44 unités produisant du biométhane en France sont situées dans les régions du Nord-Est, Haut-de-France, Grand-Est et Ile-de-France et deux tiers des projets concernent des intrants agricoles et agroalimentaires.
Au total, les injections de biométhane en 2017 auraient permis d’alimenter en gaz près de 1 800 bus circulant au bioGNV ou 34 000 foyers consommant du gaz selon GRTgaz. Elles auraient permis d'éviter l'émission de 76 700 tonnes de CO2 en 2017 d'après les estimations du gestionnaire de réseau.
L’ouverture à la concurrence ignorée par près d’un ménage sur deux
Depuis juillet 2007, tous les consommateurs français ont la possibilité de souscrire une offre dite « de marché » (dont le prix est librement fixé par contrat), que ce soit auprès d’un fournisseur « historique » (principalement EDF pour l’électricité et Engie pour le gaz mais aussi les « ELD » implantées localement) ou auprès d’un autre fournisseur dit « alternatif ».
Il existe une grande diversité d’offres de marché qui présentent souvent l’avantage d’être plus compétitives que les tarifs réglementés qui restent proposés par les seuls fournisseurs historiques. Malgré l’ouverture à la concurrence entamée il y a 10 ans, les ménages français restent à l'heure actuelle en grande majorité « fidèles » aux tarifs réglementés.
Et pour cause, près d’un Français sur deux n’a toujours connaissance du droit au changement de fournisseur de gaz ou d’électricité selon le baromètre Énergie-info (les jeunes et les catégories socio-professionnelles supérieures disposant d’une meilleure connaissance). Plus surprenant encore, seules 46% des personnes interrogées indiquent « avoir déjà entendu parler des tarifs réglementés » alors que ceux-ci sont appliqués dans les factures d’électricité et de gaz d’une grande majorité de la population.
A fin juin 2017, près de 16% des consommateurs résidentiels d’électricité en France avaient un contrat en offre de marché auprès d'un fournisseur alternatif. (©Connaissance des Énergies)
De nombreuses idées reçues expliquent en partie les réticences au changement de fournisseur, indique le médiateur de l’énergie. Environ 20% des répondants pensent notamment que changer de fournisseur d’énergie est payant et 17% craignent que ce changement entraîne des coupures d’énergie.
En 2015, un ménage français a consacré en moyenne 140 euros par mois aux dépenses d’énergie dans son logement et 98 euros par mois à l’achat de carburants. (©Connaissance des Énergies, d'après SOeS)
Le SP95-E10 essence désormais la plus consommée en France
Distribué en France depuis 2009, le SP95-E10 est devenu pour la première fois en 2017 l’essence la plus consommée dans le pays, comptant pour 38,8% des ventes d’essence (contre 35,5% en 2016), devant le SP95 (37%) et le SP98 (23,1%). Pour rappel, cette essence présente la particularité d’incorporer jusqu’à 10% (en volume) de bioéthanol, ce biocarburant étant obtenu par fermentation de matières végétales comme des betteraves à sucre ou des céréales. Au mois de décembre 2017, la part du SP95-E10 dans la consommation française d’essence a même atteint 41,6%.
Cette progression est en grande partie liée au remplacement progressif du SP95 par le SP95-E10 dans les stations-service. Ce carburant a été distribué dans 320 nouvelles stations en 2017, portant leur nombre total en fin d’année à 5 850 stations (61% des principales stations) contre près de 5 300 stations distribuant du SP95.
Les stations-service ont « tout intérêt » à accélérer la transition du SP95 vers le SP95-E10 en raison du prix plus faible de ce dernier (y compris en prenant en compte sa légère surconsommation, de l’ordre de 1% selon la filière).
Le superéthanol E85, essence qui contient 65% à 85% d’éthanol, a également connu une forte hausse de consommation en 2017 (+ 23%) mais a surtout bénéficié d’une évolution réglementaire attendue depuis longtemps par la filière : la publication en décembre 2017 d’un arrêté d’homologation des boîtiers E85 qui permettent d’ajuster le fonctionnement du moteur de la plupart des véhicules traditionnels consommant de l’essence.
A l’heure actuelle, près de 32 000 véhicules à carburant modulable (« Flex Fuel ») seraient en circulation en France, auxquels s’ajouteraient environ 60 000 véhicules déjà équipés de boîtiers E85.
761 réseaux de chaleur en France
À fin 2017, la France comptait 761 réseaux de chaleur, d’une longueur cumulée de 5 397 km. Ceux-ci desservent en grande majorité des bâtiments résidentiels et tertiaires (91% de la chaleur livrée) : près de 32 212 bâtiments en France sont raccordés à un réseau de chaleur, soit « 2,4 millions équivalents logements ». Au total, 25 TWh de chaleur ont été délivrés en 2017 par l’intermédiaire de ces réseaux.
Pour rappel, un réseau de chaleur (ou réseau de chauffage urbain) est un système de distribution de chaleur à partir d’une installation de production centralisée et à destination de plusieurs consommateurs. La chaleur est transportée au sein d’un ensemble de canalisations, généralement à l’échelle d’un quartier.
En matière de bouquet énergétique, le gaz naturel reste la principale énergie « entrante » dans les réseaux de chaleur français (37% en 2017) mais la part des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, etc.) et de récupération (chaleur issue de la valorisation énergétique de déchets, de process industriels, de data centers, etc.), dites « EnR&R », a fortement augmenté, atteignant 56% en 2017 (contre 27% il y a 10 ans).
Selon les professionnels de la filière, les réseaux de chaleur sont aujourd’hui « compétitifs par rapport aux autres modes de chauffage avec un coût global, en 2017, de 1 111 € par logement contre 1 218 € pour le gaz collectif et 1 840 € pour l’électricité pour une consommation de 170 KWh/m2 par an ».
Le SNCU souligne par ailleurs que le « contenu global en CO2 » des réseaux de chaleur a encore baissé de 8% en 2017, par rapport à 2016, avoisinant désormais 0,116 kg CO2/kWh (contre 0,234 kg CO2/kWh pour le gaz naturel par exemple).
La valorisation énergétique des déchets et la biomasse comptent pour 47% de l’énergie transitant par les réseaux de chaleur en France en 2017. (©Connaissance des Énergies)
Notons enfin que les émissions de CO2 liées à la production d'électricité en France, historiquement très faibles compte tenu du poids des filières décarbonées dans le mix électrique national, ont augmenté pour la troisième année consécutive en 2017 (+ 20,5%) avec la baisse des production nucléaire et hydraulique (elles restent toutefois inférieures au niveau de 2013).