En décembre 2019, le Parlement danois a fixé pour objectif de réduire de 70% les émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 1990) et d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Ici, le parc éolien d’Anholt. (©Ørsted)
Au Danemark, le ministère du Climat et de l’Énergie a annoncé le 10 décembre(1) rechercher l’emplacement adapté pour « construire une ou plusieurs îles entourées d’éoliennes offshores d’une capacité cumulée d’au moins 10 GW ». Explications.
Au moins 10 GW de capacités éoliennes
Les îles évoquées par le gouvernement danois ont vocation à servir de « plateformes pour la production d’électricité issue des parcs éoliens offshore environnants, qui serait par la suite distribuée entre plusieurs pays ». Ces îles (physiques ou artificielles) permettraient de développer à plus grande échelle l’éolien offshore dans les eaux danoises, en optimisant les investissements dans les réseaux et l’utilisation de ces derniers. Il est par ailleurs envisagé d’implanter entre autres « des installations de stockage d’électricité et des systèmes d’électrolyse » pour produire de l’hydrogène « vert » au sein de ces « hubs ».
Le gouvernement danois évoque au total la possibilité de « connecter au moins 10 GW de capacités éoliennes offshore » à l'île ou aux îles qui seront développées. À fin 2018, la puissance totale installée du parc éolien danois était de 5,7 GW (dont 1,3 GW offshore) selon Wind Europe(2). À titre indicatif, la moyenne de puissance unitaire des nouvelles éoliennes offshore installées au Danemark en 2018 était de 7,7 MW (contre 2,5 MW pour les éoliennes installées à terre).
La production issue des 10 GW éoliens connectés aux îles pourrait satisfaire « la consommation électrique annuelle de 10 millions de foyers européens », affirme le gouvernement danois (il s’agit uniquement de la consommation résidentielle d’électricité, c’est-à-dire de la consommation des ménages à leurs domiciles). Sachant que le Danemark a une population d’environ 6 millions de personnes, l’électricité transitant par lesdites îles a bien vocation à être en partie exportée, stockée ou convertie en hydrogène « vert » pouvant être utilisé par la suite dans les transports et l’industrie.
65 millions de couronnes dans le budget danois 2020
Dans le budget danois 2020, un investissement de 65 millions de couronnes (soit environ 8,7 millions d’euros) est dédié à ce projet d’îles « énergétiques ». Cette somme sera consacrée pour 40% à des études préliminaires visant entre autres à retenir le lieu de la future île (Kattegat, mer Baltique ou mer du Nord) et pour 60% à de la R&D portant sur le stockage et la conversion d'importants volumes d’électricité. Selon les estimations actuelles, le projet total pourrait coûter de l’ordre de 200 à 300 milliards de couronnes danoises (soit 26,8 à 40,1 milliards d’euros). Le gouvernement prévoit que la grande majorité de ce projet soit financée par des investisseurs privés.
Précisons que l’énergéticien danois Ørsted a proposé récemment d’utiliser l’île existante de Bornholm dans la mer Baltique comme première « île énergétique ». Le groupe imagine la construction d’ici à 2028 d’un parc éolien de 1 GW de puissance au sud-ouest de cette île(3) et d’une interconnexion électrique avec la Pologne (suggérée par le gestionnaire de réseau danois Energinnet).
Le projet d’îles pour la production éolienne s’inscrit dans le cadre de la politique climat-énergie du Danemark. Le pays s’est engagé à ce que sa production d’électricité renouvelable dépasse la consommation électrique domestique à l’horizon 2030(4). En 2018, l’énergie éolienne a « couvert 41% de la consommation d’électricité au Danemark », soit le plus haut niveau au sein de l’Union européenne, rappellent les autorités danoises.