Exploitation de nickel en Australie. (©BHP)
Bien qu’il ne soit a priori « pas considéré comme un métal critique », le nickel fait l’objet d’une forte hausse de la demande dans le cadre de la transition énergétique, avertit IFP Énergies nouvelles dans un article publié le 26 mars(1). Précisions.
Le marché mondial du nickel
Le nickel est un métal « relativement répandu sur le globe avec des ressources terrestres estimées à 300 millions de tonnes, dont 60% correspondent à des dépôts de latérite (principalement en Asie du Sud-Est) et 40% à des gisements de sulfures (Afrique du Sud, Canada, Russie) ». Les réserves (ressources exploitables d'un point de vue technique et économique) de nickel sont estimées à environ 94 millions de tonnes au niveau mondial, plus de 60% d’entre elles étant situées dans 3 pays : l’Indonésie (22,4% des réserves estimées), l’Australie (21,3%) et le Brésil (17%).
La production mondiale de nickel « primaire » (obtenu après fonte et raffinage des minerais de nickel) s'est quant à elle élevée à 2,5 millions de tonnes en 2020, soit plus du double du niveau de 2000 selon IFP Énergies nouvelles. Elle est dominée par l’Indonésie (30,7% de la production mondiale en 2020), les Philippines (12,9%), la Russie (11,3%) et une collectivité... française : la Nouvelle-Calédonie (8,1%).
À l’heure actuelle, près de 70% de la consommation mondiale de nickel est consacrée à la conception d’aciers inoxydables. Les batteries de véhicules électriques ne comptent encore que pour 5% de la consommation mondiale de nickel mais pèsent « de façon grandissante » sur la demande de ce métal.
Un risque de criticité ?
IFP Énergies nouvelles indique que « la tendance est à l’augmentation de la part du nickel dans les batteries lithium-ion, souvent en remplacement du cobalt, métal cher et dont la sécurité d’approvisionnement semble plus précaire ». Une électrification accélérée du secteur des transports(2) (dans le cadre d'un scénario « 2°C » compatible avec les objectifs de l'accord de Paris) pourrait ainsi contribuer à faire quadrupler la demande totale de nickel au niveau mondial d'ici à 2050 (avoisinant 10 Mt/an à cet horizon)(3).
La production cumulée de nickel d'ici à 2050 pour satisfaire ces besoins avoisinerait 60% du niveau des ressources actuellement connues(4), selon les scénarios d'IFP Énergies nouvelles. A priori, ces scénarios « permettent d’identifier une criticité géologique moyenne pour le nickel : inférieure à celle que l’on observe sur le cuivre ou le cobalt, elle est supérieure à celles relevées pour les terres rares ou encore le lithium ».
Sauf que... deux catégories de produits du nickel sont à distinguer selon leur degré de pureté : le nickel de classe I (teneur en nickel supérieure ou égale à 99,98%) est « le seul à pouvoir convenir à la production des sulfates de nickel employés dans la fabrication de batteries », précise IFP Énergies nouvelles. Et la sécurisation des approvisionnements en nickel de classe I nécessitera « la mise en route de nouveaux sites miniers ainsi que des capacités supplémentaires de production de produits intermédiaires et raffinés ». Or, le nickel est l'un des métaux dont les prix sont les plus volatils (il est à ce titre qualifié de « métal du diable »), ce qui freine les investissements.
À ce titre, « de probables défauts d’approvisionnement à un horizon de 10 ans sont à prévoir » selon IFP Énergies nouvelles, en particulier au sein de l'Union européenne qui a lancé en 2017 une alliance européenne pour les batteries(5).