- AFP
- parue le
La possibilité d'un rachat du groupe industriel français Alstom par le conglomérat américain General Electric (GE), évoquée par la presse économique, alimentait jeudi de vives spéculations même si Alstom, dont le titre s'est envolé en bourse, a affirmé ne pas avoir été informé d'un tel projet.
Entrée en discussions
L'agence de presse Bloomberg a rapporté le 23 avril que GE était en discussion avancée pour racheter Alstom, fleuron de l'industrie française, "pour plus de 13 milliards de dollars" et que les deux groupes pourraient annoncer un accord "dès la semaine prochaine", en citant des sources proches du dossier.
Alstom a réagi le 24 en indiquant dans un communiqué "qu'il n'était informé d'aucun projet d'offre publique visant son capital". L'industriel français, qui souligne revoir "en permanence ses options stratégiques sur ses différents métiers", a ajouté qu'il ferait "un point sur les perspectives de ses différentes activités" à l'occasion de la publication de ses résultats annuels le 7 mai.
Si l'opération se concrétise, le groupe américain, qui produit déjà des locomotives et des moteurs d'avions, mettra la main sur un des fleurons de l'industrie française qui construit notamment les TGV et des centrales électriques clés en main.
A 13 milliards de dollars, le rachat représenterait une plus-value d'environ 25% par rapport à l'actuelle capitalisation boursière du groupe français, ajoute l'agence de presse.
Selon Bloomberg, l'opération aurait par ailleurs reçu "le soutien" du groupe Bouygues, devenu l'actionnaire de référence d'Alstom après avoir racheté la part détenue par l'Etat français en 2006.
Bouygues a néanmoins rappelé jeudi qu'il "était un actionnaire significatif d'Alstom mais qu'il ne contrôlait pas cette société". "Depuis son entrée dans son capital, Bouygues soutient Alstom et ses stratégies", a ajouté un porte-parole du groupe.
Dopée par ces rumeurs, l'action d'Alstom s'envolait jeudi à la Bourse de Paris. A 09H40 (07H40 GMT), la valeur bondissait de 11,63% à 27,17 euros et s'installait très largement en tête d'une cote parisienne en petite hausse de 0,69%.
Le titre Alstom a été récemment chahuté en Bourse sur fond de rumeurs alarmantes sur sa santé financière. Sa dépréciation boursière a même fait basculer dans le rouge les comptes de Bouygues en 2013.
Le groupe est par ailleurs engagé dans un plan de suppression de plus de 1.300 postes au niveau mondial.
De son côté, General Electric a dégagé 3 milliards de dollars de bénéfices sur les trois premiers mois de l'année 2014, en recul de 15% par rapport à un premier trimestre 2013 qui avait profité d'éléments exceptionnels.
Selon Bloomberg, le rachat d'Alstom serait la plus grande acquisition jamais réalisée par le groupe américain qui est également présent dans les ampoules électriques, l'électroménager, les moteurs d'avions et les infrastructures pour le secteur de l'énergie.
General Electric seulement intéressé par les actifs énergie
Le géant industriel américain General Electric est seulement intéressé par les actifs d'Alstom liés à l'énergie, soit environ 70% de l'activité, et pas par la branche transport ferroviaire, affirme jeudi Le Figaro.
Selon le quotidien, la branche transport, qui comprend notamment la fabrication des TGV, resterait cotée de manière indépendante.
Toujours selon le journal, "une opération majeure" va bien avoir lieu pour que GE mette la main sur une large part d'Alstom, mais "il ne devrait pas y avoir d'offre publique, mais une simple cession d'actifs".
Le gouvernement "travaille à d'autres solutions"
Le gouvernement français "travaille à d'autres solutions et éventualités" qu'une éventuelle reprise des activités liées à l'énergie d'Alstom par le géant américain General Electric, a déclaré le 25 avril au Monde le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg.
Le ministre a également affirmé que le gouvernement n'avait pas été informé de ce projet par Alstom, dont il indique avoir rencontré la veille le PDG Patrick Kron.
Une rencontre entre le Premier ministre Manuel Valls, M. Montebourg et le patron de General Electric est également prévue "prochainement", indique-t-il, affichant la "préoccupation et la vigilance patriotiques" de la France.
"Alstom est le symbole de notre puissance industrielle et de l'ingéniosité française. Dans ce dossier Alstom, le gouvernement exprime une préoccupation et une vigilance patriotiques", a déclaré M. Montebourg au Monde.
"Cette haute vigilance se porte sur le risque sérieux de perte d'un centre de décision, sur le désir et la nécessité de renforcer notre base industrielle française en obtenant des relocalisations industrielles en France, et sur le nombre d'emplois perdus ou créés dans de telles opérations", ajoute-t-il.
"C'est pourquoi le gouvernement travaille à d'autres solutions et éventualités que celles imaginées seules et sans que le gouvernement n'en ait été informé par Alstom", affirme M. Montebourg, sans plus de précision.
"Avec le Premier ministre nous rencontrerons prochainement le président de General Electric afin de placer le dialogue sur le terrain de ces préoccupations", ajoute-t-il.
Tandis que l'agence de presse Bloomberg avait évoqué mercredi soir un projet d'offre de 13 milliards de dollars pour Alstom, Le Figaro a indiqué jeudi que c'est la partie liée à l'énergie d'Alstom, qui représente plus de 70% du groupe, qui serait dans le viseur de GE, et pas les activités ferroviaires.
Selon Le Monde vendredi, la partie énergie serait valorisée 10 milliards d'euros hors la trésorerie d'Alstom. Toujours selon le journal, "les discussions en vue d'un rapprochement pourraient s'accélérer ce week-end".
L'action Alstom était suspendue vendredi matin à la Bourse de Paris, à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF), après l'envol du titre jeudi sous l'effet de rumeurs de rachat par GE.
L'industriel français, qui produit des équipements pour centrales électriques, lignes à haute tension et du matériel ferroviaire dont l'emblématique TGV, a connu un redressement salué après avoir évité la faillite en 2003-2004. Mais le groupe (93.000 employés dont 18.000 en France) a renoué avec les difficultés depuis un peu plus d'un an, sous l'effet notamment d'un marché européen des infrastructures électriques atone.
Le PDG confirme aux syndicats des discussions sur une "opération industrielle"
Le patron d'Alstom Patrick Kron a confirmé le 25 avril aux organisations syndicales que le groupe était "en discussion pour une opération industrielle", mais a démenti toute offre de rachat du géant américain General electric (GE), a-t-on appris de sources syndicales.
"Un comité de groupe européen s'est réuni à Paris ce matin", a indiqué à l'AFP Didier Lesou (CFE-CGC, premier syndicat). "A cette occasion, le PDG Patrick Kron a parlé aux organisations syndicales européennes" et a "dit qu'il n'y a pas d'OPA de General electric sur Alstom".
"Il a précisé qu'Alstom était en discussion sur une opération industrielle, mais sans dire de qui il s'agissait. Il n'a jamais prononcé le nom de GE", a-t-il insisté.
Selon le syndicaliste, M. Kron a précisé "qu'il devait voir avec son conseil d'administration". Un CA était prévu ce vendredi, mais n'est "pas propre à ce sujet", a précisé le PDG, selon M. Lesou.
Patrick Maillot, délégué syndical central CFDT, a fait état d'informations similaires.
"Notre PDG nous a dit qu'il y avait des discussions sur une future opération industrielle, mais sans nous dire avec qui", a-t-il indiqué.
"La seule chose qu'il nous a dite, c'est que ça pouvait aller très vite et qu'il n'avait reçu aucune offre d'achat de qui que ce soit", a ajouté M. Maillot, disant espérer qu'il n'y ait "pas du tout de démantèlement d'Alstom".
Mercredi soir, l'agence de presse Bloomberg, avait indiqué que GE était en discussion avancée pour racheter Alstom pour "plus de 13 milliards de dollars".
Le fleuron industriel français, connu du grand public pour ses TGV, mais aussi notamment présent dans les équipements de centrales électriques, et qui emploie 18.000 personnes en France, avait affirmé peu après ne pas avoir été informé d'une offre de rachat.