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Trump annonce une marche arrière toute sur l'action climatique

  • AFP
  • parue le

Sortie de l'accord de Paris, état d'"urgence énergétique" pour doper la production d'hydrocarbures: Donald Trump a amorcé lundi une marche arrière toute dans la lutte contre le changement climatique, mettant en péril les efforts mondiaux pour le freiner.

La nouvelle administration américaine a annoncé que les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial derrière la Chine et premier pollueur historique, se retireraient pour la deuxième fois de l'accord de Paris sur le climat.

Sous le premier mandat du républicain, le pays avait déjà quitté brièvement cet accord conclu sous l'égide des Nations unies, avant que Joe Biden n'acte un retour. Un nouveau retrait entrerait en vigueur un an après l'annonce officielle.

"Nous allons forer à tout-va", a par ailleurs lancé Donald Trump en prêtant serment, s'engageant à doper la production de pétrole et de gaz des Etats-Unis, déjà premier producteur mondial, pour faire baisser les coûts de l'énergie.

Pour ce faire, le républicain a annoncé qu'il décréterait un état d'"urgence énergétique" national et reviendrait sur nombre de mesures climatiques prises par son prédécesseur Joe Biden pour favoriser la transition énergétique.

Le président américain entend notamment mettre fin aux financements alloués aux énergies renouvelables ou à l'achat de véhicules électriques, et s'opposer au développement de nouveaux parcs éoliens.

Des mesures qui ont été saluées par l'industrie des énergies fossiles, principales responsables du changement climatique.

"En exploitant pleinement les abondantes ressources en pétrole et en gaz naturel de notre pays, nous pouvons rétablir la domination énergétique américaine, stimuler la prospérité économique et assurer le leadership des États-Unis sur la scène mondiale", a réagi Mike Sommers, directeur de l'American Petroleum Institute (API), organe de représentation du secteur pétrolier.

- Objectifs menacés -

Les défenseurs de l'environnement ont quant à eux fustigé des mesures faisant fi des défis posés par le changement climatique, alors que les deux années passées ont été les plus chaudes jamais enregistrées à l'échelle mondiale.

"Nous sommes à un moment où, dans le monde entier, nous devons accélérer nos efforts, redoubler nos engagements et cela va à l'encontre de cet objectif", alerte auprès de l'AFP Julie McNamara de l'ONG américaine Union of Concerned Scientists.

"La porte reste ouverte", a quant a lui assuré le chef de l'ONU Climat,Simon Stiell.

Adopté il y a bientôt dix ans, l'accord de Paris rassemble la quasi-totalité des Etats et vise à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale "bien en dessous de 2°C" par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C.

C'est dans ce cadre que les Etats-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 61 à 66% d'ici 2035 par rapport à 2005, et à atteindre la neutralité carbone en 2050.

Ces objectifs étaient déjà menacés par le retard pris par le pays, selon des experts, et pourraient être totalement enterrés sous Donald Trump, malgré l'engagement d'associations et de localités américaines à poursuivre leur action climatique. Le retour en arrière promis par Trump pourrait ainsi se traduire en une baisse des émissions de seulement -24 à -40% en 2035, d'après le centre de recherche américain Rhodium Group.

- Désengagement -

La sortie de l'accord de Paris devrait également marquer un désengagement de la diplomatie climatique de la part de la première puissance économique mondiale.

Avec le risque de voir d'autres grands pollueurs, comme la Chine et l'Inde, réduire leurs ambitions environnementales ou encore quitter l'accord.

Si aucun pays n'a jusqu'ici suivi Washington en ce sens, le gouvernement argentin du président ultralibéral Javier Milei - allié de Donald Trump - a récemment dit "réévaluer" sa position en la matière.

Plusieurs experts se veulent toutefois confiants. "Le retrait des États-Unis de l'accord de Paris est regrettable, mais l'action multilatérale pour le climat s'est avérée résiliente", assure Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris dans un communiqué.

Et "le contexte actuel est très différent de celui de 2017. La transition mondiale bénéficie d'un élan économique imparable", souligne-t-elle.

Le secteur des énergies renouvelables, qui a pesé quelque 2.000 milliards de dollars pour la seule année dernière, continue de croître et constitue "la bonne affaire économique de la décennie", abonde Simon Stiell de l'ONU climat.

"L'ignorer équivaut à laisser cette richesse à des économies concurrentes", estime-t-il.

Le retrait des Américains de l'accord de Paris pourrait ainsi donner à la Chine et à l'Union européenne "un avantage" dans ce domaine, estime Ani Dasgupta, dirigeant du groupe de réflexion américain World Resources Institute.

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