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La production d'électricité en France est revenue près de ses niveaux d'avant-Covid en 2024 grâce au "redressement rapide" du nucléaire et à une production renouvelable "record" qui lui a permis de franchir pour la première fois le seuil de 95% d'électricité d'origine bas carbone.
Avec 536,5 TWh, la production d'électricité française a atteint "son plus haut niveau depuis 5 ans", retrouvant ainsi "un niveau identique à celui de 2019, conforme à la moyenne 2014-2019 (537,5 TWh)", selon un bilan publié lundi.
Le nucléaire reste de loin la première source de production électrique, pour une part de 67,41%.
La part des renouvelables (éolien, solaire, barrages, biomasse) grimpe, elle, à un niveau inédit et compte pour 27,6% dans le bouquet de production électrique. Une performance encore inférieure à celle de l'Allemagne ou du Royaume-Uni.
En Allemagne, où le nucléaire a disparu en 2024, la part de production électrique uniquement à partir de renouvelables s'affiche à 59%, selon le régulateur allemand.
Au Royaume-Uni, qui a fermé sa dernière centrale en charbon en septembre, la part bas carbone de l'électricité a atteint un record de 58%, dont 45% en renouvelables et 13% en nucléaire, selon une étude de Carbon Brief.
La France mène depuis plusieurs années un bras de fer avec Bruxelles, en mettant en avant son énergie nucléaire, bas carbone à l'instar des renouvelables, pour remplir les objectifs climatiques.
RTE fait valoir que la production bas carbone française a ainsi "atteint pour la première fois le seuil de 95% de l'électricité produite en France", contre 92,2% en 2023.
- Pas de concurrence -
La hausse de la production d'électricité de 8,45% par rapport à 2023 découle de plusieurs facteurs.
Le "redressement rapide" du nucléaire (361,7 TWh) s'est d'une part poursuivi après un début de reprise en 2023. L'année noire de 2022 avait été marquée par une production historiquement basse depuis 30 ans (279 TWh), des problèmes de corrosion ayant conduit à fermer pour vérification ou réparation de nombreux réacteurs du parc nucléaire.
A cela s'ajoutent "une production hydraulique exceptionnelle", au plus haut depuis 2013 (74,7 TWh) alors que des records de pluviométrie ont été atteints par certains endroits en France ainsi qu'une "croissance soutenue de la production des filières éolienne et solaire (70 TWh en 2024, contre 46 TWh en 2019)".
Là encore c'est une première, souligne RTE: la production renouvelable "a atteint un record de 148 TWh", dont environ un tiers provenait de l'éolien (46,6 TWh).
"Ces résultats illustrent que nucléaire et renouvelables peuvent se développer de façon +additive+" et "n'entrent pas en concurrence", a souligné Thomas Veyrenc, directeur général économie, stratégie et finances de RTE dans un message sur LinkedIn.
- Les fossiles au plus bas -
A contrario, en 2024, cela faisait des décennies que la France n'avait jamais produit aussi peu d'électricité à partir de centrales fossiles (gaz, charbon, fioul): il s'agit de "son niveau le plus faible depuis le début des années 1950 (19,9 TWh)", représentant "pour la première fois", un niveau cumulé inférieur à la production solaire (23,3 TWh).
La France, qui prévoit d'abandonner ses centrales à charbon en 2027, a produit 0,7 TWh d'électricité à partir de ce combustible très polluant et émetteur de gaz à effet de serre, 1,8 TWh à partir de fioul et 17,4 TWh en centrales en gaz, moins qu'en 2023 (29,2 TWh).
Selon RTE, l'intensité carbone de la production d'électricité française a été de 21,3 grammes d'équivalent CO2 par kWh, près d'un tiers de moins qu'en 2023. "Il s'agit de l'une des plus basses au monde", a indiqué RTE.
Si disposer d'une électricité presque intégralement décarbonée est un des leviers pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l'étape suivante - et plus difficile, a indiqué Thomas Veyrenc à l'AFP consiste "à réussir à électrifier notre économie, qui dépend encore à 60% des énergies fossiles", importées, pour ses voitures, ses usines ou ses logements.