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Le gaz, au même titre que les énergies renouvelables, doit être financé par un fonds européen destiné à soutenir la transition énergétique dans l'UE, selon un vote jeudi du Parlement, dénoncé par les ONG environnementales.
Ce "Fonds de transition juste", dont la dotation fait encore l'objet de tractations - entre 17,5 milliards d'euros proposés par les Vingt-Sept et 57 milliards réclamés par les eurodéputés -, doit accompagner les régions les plus dépendantes aux énergies fossiles, principalement le charbon, dans leur transition énergétique afin d'en limiter les impacts économiques et sociaux.
Le Parlement a voté en faveur d'une dérogation pour les investissements dans des activités liées au gaz naturel sous certaines conditions. Le Fonds pourrait ainsi financer des projets gaziers ou centrales au gaz uniquement dans des régions encore dépendantes du charbon, du lignite ou des schistes bitumineux, et à condition que ces activités se conforment aux limites d'émissions polluantes de l'UE ou qu'elles ne compromettent pas les objectifs de réduction d'émissions de CO2 pour 2030.
"Il n'y a malheureusement pas de majorité au Parlement européen pour exclure le financement des projets gaziers dans le cadre du Fonds", reconnaît l'eurodéputé Pascal Canfin (Renew, centre), président de la commission Environnement. Mais "le compromis voté ne permettra de financer qu'un nombre très limité de projets gaziers sous des conditions strictes (...) dans une quinzaine de régions fortement dépendantes du charbon et pour en accélérer sa sortie", a-t-il souligné.
Le texte adopté par les eurodéputés, qui élargit le champs d'application du fonds, prévoit aussi que seulement 50% de l'allocation nationale soit disponible pour les États membres qui ne se sont pas encore engagés à atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. Cette disposition vise la Pologne, seul État refusant de s'engager sur l'objectif de neutralité climatique que s'est fixé l'Union européenne pour le continent en 2050.
Le vote des eurodéputés ouvre la voie à des pourparlers avec la Commission et les États membres, ces derniers étant partisans d'une exclusion du gaz.
Plusieurs ONG ont fustigé le vote du Parlement : "Il est clairement inconsistant. Tout en demandant des objectifs climatiques plus ambitieux, les eurodéputés acceptent des subventions supplémentaires aux énergies fossiles", s'indigne Markus Trilling, coordinateur du Climate Action Network Europe. Le risque est de rendre l'UE "prisonnière" d'infrastructures génératrices d'émissions polluantes supplémentaires sur les prochaines décennies, de quoi compliquer la neutralité carbone, prévient-il.