Émissions de CO2 et PIB : rappel et perspectives

Christian de Perthuis

Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL

Fondateur de la Chaire Économie du Climat

Source des données : Banque Mondiale & Global Carbon Budget

En travaillant à une réactualisation de mon livre « Carbone fossile, carbone vivant », j’ai été amené à réobserver les séries longues d’émission de CO2 et de PIB.

Observations sur le passé

Une caractéristique importante me semble être la décorrélation relative entre le régime de croissance économique et les émissions de carbone fossile observée depuis les chocs pétroliers des années 70.

Cette décorrélation s’explique par le fait que le prix de l’énergie a cessé de baisser relativement à l’ensemble des autres prix à partir de 1975. Cela a incité à l’économiser : il faut en moyenne deux fois moins d’énergie primaire pour produire une unité de PIB en 2024 qu’en 1980.

Cela montre combien l’évolution des prix relatifs impacte la structure des consommations à moyen et long terme.

Implications pour demain

Sur la période récente, une évolution majeure est la compétitivité croissante des énergies de flux (solaires et éoliens) face aux énergies fossiles pour produire de l’électricité. L’électron « vert » est devenu meilleur marché que l’électron « gris » et continue de creuser son avantage pour des raisons industrielles (économies d’échelle).

Avec les progrès dans le stockage de l’électricité et de l’hydrogène vert, cette compétitivité devrait s’élargir à d’autres secteurs économiques (transports, industrie,..) du fait de l’électrification des usages.

Le virage à 180° de la politique énergétique américaine se heurtera à ces réalités économiques. L’Amérique de Trump va ralentir la bascule vers les énergies de flux, ce qui va avoir des conséquences très dommageables pour le climat. Mais elle ne va pas inverser le mouvement en nous ramenant au monde d’hier.

Et si on veut accélérer la transition bas carbone, le meilleur moyen serait évidemment de taxer le CO2 pour élargir le coin entre le coût des énergies fossiles et celui des sources renouvelables.

Sources / Notes

Cet article a été publié sur le site personnel de Christian de Perthuis, membre de notre comité scientifique.

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Commentaire

eric sartori
L'électron vert est devenu meilleur marché que l'électron gris... mais pas que l'électron nucléaire- cf prix de l'électricité en Allemagne et au Danemark par exemple On aurait aimé voir la grande transition française réussie, celle du passage au nucléaire
Grunblatt
surprenannt de voir le nucléaire effacé d'une telle chronique en français alors. que la " les progrès dans le stockage de l’électricité et de l’hydrogène vert" sont pour le moins difficiles à détecter avec les energies de flux intermittentes
ERNST Maggy
Depuis le rapport de la Cours des comptes de 2018 , on sait que le prix des énergies renouvelables intermittentes pour être exact doit tenir compte des coûts induits: backups thermiques pour garantir la production quand il n'y a pas de vent ou que le soleil ne brille pas, création de lignes et postes source pour récupérer cette énergie disséminée (on parle de 200 milliards pour RTE et Enedis dans les 15 ans à venir), perte du nucléaire obligé de baisser sa production...!.. etc. On ne peut parler de prix sans tenir compte de cela. La valeur d'une énergie intermittentes et aléatoire ne peut être comparer à celle d'une énergie pilotable. Enfin simple constat, les pays qui ont privilégié les EnR intermittentes ont des prix à la consommation plus élevés que ceux qui privilégient un mix énergétique majoritairement pilotable....

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