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La transition de l'Ukraine vers des énergies renouvelables est "accélérée par la guerre", car c'est un moyen de sécuriser davantage son approvisionnement en énergie face aux attaques russes, explique le patron du plus gros producteur privé d'énergie du pays dans un entretien avec l'AFP.
Maxime Timtchenko, patron de DTEK, a annoncé mercredi au Forum économique de Davos ce qui a été présenté comme le plus gros investissement privé en Ukraine depuis l'invasion russe: 450 millions d'euros pour acheter 64 turbines au groupe danois Vestas et agrandir la ferme éolienne de Tyligulska, au bord de la mer Noire. Une partie est financée par des emprunts bancaires garantis par le fonds public danois EIFO.
"Construire des fermes éoliennes ou solaires, ce n'est pas seulement une question de décarbonation. C'est une question de sécurité énergétique et de résilience", affirme M. Timtchenko à l'AFP. Elles sont en effet "plus difficile à frapper et à éteindre" que des centrales thermiques ou hydroélectriques.
Autre avantage: chaque turbine est connectée au réseau électrique au fur et à mesure de sa construction. "Nous n'avons pas besoin d'attendre la fin du projet."
Certaines des nouvelles turbines seront ainsi raccordées au réseau dès cette année: M. Timtchenko espère avoir ajouté 60 mégawatts "avant l'hiver prochain" et atteindre la pleine capacité, 500 mégawatts, d'ici fin 2026. Suffisamment pour fournir 900.000 ménages ukrainiens en électricité.
- Pas de blackouts majeurs -
L'opération fait partie d'une "transition accélérée par la guerre", entre "un système énergétique basé sur les fossiles, hautement centralisé, hautement vulnérable et un système décentralisé, plus résilient", explique-t-il.
DTEK a aussi annoncé il y a deux semaines un accord avec le groupe germano-américain Fluence pour un projet industriel de stockage par batteries qui devrait être installé "d'ici octobre", et "discute avec des partenaires" potentiels pour deux projets en développement de parcs éoliens, détaille-t-il.
"L'une de nos missions à Davos, c'est de convaincre les entreprises et les institutions financières de ne plus considérer l'Ukraine comme une zone de guerre (...) mais comme un pays d'opportunités et de grand potentiel."
L'espoir, c'est que ces nouvelles installations renouvelables, reposant sur plusieurs petites unités, soient moins faciles à détruire par les frappes russes que les grosses centrales qui fournissent aujourd'hui l'essentiel de l'électricité du pays: seulement 10% est d'origine solaire ou éolienne, contre 20% produits dans des centrales au gaz ou au charbon comme celles opérées par DTEK, et 55% d'origine nucléaire, précise-t-il.
L'année dernière, l'armée russe a multiplié les attaques contre le réseau énergétique ukrainien. "Toutes nos centrales ont été attaquées à plusieurs reprises en 2024", et même toutes en même temps le 25 décembre: trois ont dû être arrêtées et un ingénieur du groupe a été tué, rappelle-t-il.
"Nous avons perdu beaucoup de capacités" de production d'électricité, mais "nous avons réussi à en récupérer environ 60 à 70%".
Il estime qu'à l'heure actuelle, 50% à 60% des capacités totales du groupe sont opérationnelles. "En tenant compte de la baisse de consommation depuis le début de la guerre, cette capacité, ajoutée à des importations d'énergie, suffit pour éviter des blackouts", assure-t-il.
"Il n'y a pas de blackouts majeurs dans le pays en ce moment. Nous espérons et (...) faisons tout pour que cela n'arrive pas", insiste-t-il, affichant "un haut niveau de confiance" dans la capacité à traverser le reste de l'hiver "sans conséquences catastrophiques" pour l'approvisionnement en électricité de la population.
soe/de