La Pologne est le seul pays membre de l’Union européenne à ne pas s’être engagé à suivre l’objectif de « neutralité carbone » d’ici à 2050(1). Selon une étude de l’Institut économique polonais (PEI) publiée le 19 août(2), Varsovie pourrait envisager d'atteindre cette cible entre 2056 et 2067.
Le charbon au cœur des mix énergétique et électrique de la Pologne
En Pologne, les énergies fossiles ont compté pour 93% de la consommation d’énergie primaire en 2019 (44,6% pour le seul charbon)(3). Le pays de près de 38 millions d’habitants était le 11e consommateur mondial de charbon en 2019(4). Un combustible qui génère près des trois quarts de l’électricité en Pologne.
Précisons que la Pologne a, au 1er semestre 2020, produit plus d’électricité grâce au charbon que l’Allemagne pour la première fois et davantage que les 25 autres États membres cumulés selon un rapport publié fin juillet par Ember(5).
Dans ces conditions, l’objectif de « neutralité carbone » (soit « l'équilibre entre les émissions de dioxyde de carbone et son absorption dans l'atmosphère par les puits de carbone »(6)) s’avère une ambition très lointaine pour la Pologne, et ce malgré le soutien européen aux régions charbonnières « en transition ».
Vers une évolution de la vision polonaise ?
Dans le classement publié par le Forum économique mondial(7) sur l’indice de transition énergétique (ETI) – censé traduire le « niveau de transition » d’un pays et sa faculté à fixer des objectifs ambitieux dans ce domaine – la Pologne apparaît au 69e rang sur 115 pays étudiés (soit la plus mauvaise place parmi les États membres de l’Union européenne).
Mentionnant ce retard, l’Institut économique polonais considère que la Pologne pourrait, en réalisant des efforts similaires aux autres États membres, atteindre l’objectif de neutralité carbone entre 2056 et 2067. Le gouvernement polonais ambitionne notamment de porter la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie du pays entre 21% et 23% d'ici 2040 (et à 27% d'ici à 2030 pour la production d'électricité).
Le 3 août dernier, le ministre polonais des actifs de l’État, Jacek Sasin, a indiqué dans la presse(8) qu’il fallait « réviser les affirmations » liées au charbon, conscient de « l’isolement » du pays dans l’Union européenne sur ce sujet. Cette déclaration largement relayée fait écho aux difficultés rencontrées par le groupe minier public PGG, particulièrement affecté par la baisse de la demande et des prix du charbon dans le contexte de la crise sanitaire.