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TotalEnergies a affirmé mercredi avoir réduit son empreinte carbone en 2023 et diminué de près de moitié depuis 2020 ses émissions de méthane, ce très puissant gaz à effet de serre qui s'échappe des gazoducs et des puits.
Selon les chiffres publiés par le groupe français dans son rapport climatique annuel, les émissions directes de ses propres activités (45 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2023, ou Mt CO2e) sont en baisse, tout comme les émissions indirectes liées à la combustion des produits (pétrole, gaz et biocarburants) achetés par ses clients.
Ces dernières représentent la majeure part (355 Mt CO2e) du bilan carbone de TotalEnergies, dont l'ordre de grandeur est similaire aux émissions de la France sur son sol. La combustion du pétrole vendu continue de peser le plus lourd (227 Mt CO2e) mais est en baisse de 35% depuis 2015, alors que celle du gaz, priorité du groupe, a fortement crû depuis 2015.
"Les émissions de méthane de nos sites [exploités], déjà parmi les plus faibles du secteur, ont baissé de plus de 47% par rapport à 2020", se félicite aussi Patrick Pouyanné dans l'avant-propos de ce rapport annuel.
Les émissions de méthane sont très minoritaires dans l'empreinte carbone du groupe, mais TotalEnergies s'est engagé à les réduire de 50% d'ici 2025 et estime être sur la trajectoire pour atteindre l'objectif avec un an d'avance, avant de tendre vers zéro en 2030 (-80%).
Ce dernier objectif est inclus dans la "Charte de décarbonation du pétrole et du gaz" (Oil and Gas Decarbonization Charter - OGDC), lancée à la COP28 par les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite et adoptée par une cinquantaine de compagnies dont TotalEnergies.
"L'entreprise persiste et signe avec sa stratégie d'expansion dans le pétrole et le gaz qu'elle présente toujours, à tort, comme une énergie de transition", a réagi dans un communiqué la directrice de l'ONG Reclaim Finance Lucie Pinson, qui appelle notamment les acteurs financiers à "suspendre tout soutien qui contribuerait au développement de nouveaux projets fossiles".
Pour le groupe de réflexion Carbon Tracker, à l'origine d'un rapport publié mercredi, les grandes compagnies pétrolières continuent de mettre en place des projets incompatibles avec l'accord de Paris et aucune n'est sur la voie pour tenir sa limite la plus ambitieuse de 1,5°C de réchauffement depuis l'ère préindustrielle.
La COP28 à Dubaï en décembre s'est conclue sur un appel à une "transition hors des énergies fossiles", mais avec de larges marges de manœuvres pour leur utilisation à moyen terme.
Un accord salué dans son rapport par le patron de TotalEnergies, qui y justifie la poursuite de projets d'hydrocarbures.
"Nous considérons qu'on ne peut pas demander à des pays du Sud de ne pas développer leurs ressources alors que les pays de l'OCDE les ont développées depuis plus d'un siècle (...) C'est le sens de l'accord trouvé à Dubaï", a déclaré Patrick Pouyanné.