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La Norvège a donné mardi son feu vert à un projet de séquestration du CO2 sous les fonds marins de la mer du Nord, piloté par les géants pétroliers norvégien Equinor, français Total et anglo-néerlandais Shell. Baptisé Northern Lights ("aurores boréales"), le projet vise à injecter et séquestrer du CO2 dans des couches géologiques à 2 600 mètres sous les fonds marins, une technologie jugée prometteuse pour le climat mais coûteuse.
Au lendemain d'un vote en ce sens au Parlement, le gouvernement norvégien a accepté de financer 80% des 6,9 milliards de couronnes (650 millions d'euros) nécessaires à la première phase de construction. "Le captage et le stockage du carbone est une technologie importante pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris", a déclaré la ministre du Pétrole et de l'Énergie, Tina Bru, lors d'une conférence de presse en ligne avec les principaux acteurs.
À compter de 2024, Northern Lights pourra traiter et stocker jusqu'à 1,5 million de tonnes de CO2 par an, une capacité qui pourra ensuite être portée à 5 millions de tonnes annuelles. Liquéfié, le dioxyde de carbone sera acheminé par bateaux vers un terminal d'où il sera injecté dans les fonds sous-marins via bateau.
Quelque 400 000 tonnes de CO2 proviendront chaque année de Norcem, une cimenterie norvégienne de l'allemand HeidelbergCement, qui sera dotée d'installations de captage dans le cadre d'un projet plus large, "Longship" (du nom des bateaux vikings), également soutenu financièrement par Oslo.
Une quantité similaire pourrait aussi venir d'une usine d'incinération des déchets exploitée par Fortum près d'Oslo, la Norvège s'étant dite prête là aussi à payer les installations nécessaires pour peu que l'UE apporte un cofinancement.
Des lettres d'intention ont été signées avec neuf autres partenaires industriels qui pourraient accepter de payer pour faire stocker leur CO2 plutôt qu'acquitter la taxe carbone pour le relâcher dans l'atmosphère. "Le développement de la chaîne de valeur du captage et de la séquestration du CO2 est essentiel pour décarboner les industries européennes", a déclaré le patron de Total, Patrick Pouyanné, qui dit envisager de participer à "trois ou quatre projets" de ce type en mer du Nord. Cela lui permettrait notamment de stocker le CO2 dégagé par sa raffinerie de Normandie s'il décidait de capturer celui-ci, a-t-il expliqué.
La technique du CCS est jugée particulièrement utile sur des sites de l'industrie lourde, souvent difficiles à décarboner, tels que les usines sidérurgiques, les cimenteries, les raffineries ou encore les unités de chimie et pétrochimie. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a décompté plus d'une trentaine de projets ces trois dernières années.