Aux États-Unis, la centrale au charbon de Petra Nova est associée à un système de CCUS qui peut capter près de 1,4 million de tonnes de CO2 par an. (NRG)
Les technologies de capture, stockage et utilisation du CO2 (CCUS(1)) « gagnent de l’ampleur […] après des années de lents progrès » selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans un rapport publié le 24 septembre(2), l'AIE juge celles-ci incontournables pour atteindre les objectifs internationaux en matière d’énergie et de climat. Présentation de quelques faits marquants en 4 infographies.
21 installations de CCUS à date
La capture, le stockage et l’utilisation du CO2 « devront être un pilier central » pour tendre vers la neutralité carbone selon l’AIE qui souligne « le rôle majeur de ces technologies » dans le cadre des transitions énergétiques aux côtés de l’électrification (décarbonée), de l’hydrogène et des bioénergies « modernes ».
À l’heure actuelle, l'AIE fait état de 21 installations de capture de CO2 dans le monde (dont 16 « vendent ou utilisent le CO2 pour améliorer la récupération du pétrole»). Une trentaine de projets supplémentaires ont été annoncés au cours des trois dernières années. Les projets « proches d’une décision finale d’investissement représentent un potentiel d’investissement de 27 milliards de dollars », soit plus du double des montants prévus en 2017, indique l'AIE pour témoigner de la nouvelle dynamique du secteur.
La majorité des futures installations de CCUS sont situées aux États-Unis et en Europe mais il existe également des projets en Australie, en Chine, en Corée du Sud, au Moyen-Orient ou encore en Nouvelle-Zélande. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
Les 21 installations de CCUS actuellement en service dans le monde ont une capacité annuelle de capture de près de 40 millions de tonnes de CO2, soit une goutte d'eau face aux près de 33,5 milliards de tonnes de CO2 d'émissions annuelles liées à la combustion d'énergie. Précisons qu'une partie des installations de CCUS sont en service depuis des décennies (1972 pour le site de Terrell aux États-Unis), en particulier dans certains secteurs « historiques » (traitement du gaz naturel et engrais).
La plupart des projets historiques de CCUS se sont « concentrés sur les applications industrielles où le CO2 peut être capturé à un coût relativement faible, d'environ 15 $/t CO2 » selon l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
Perspectives de développement
Le rapport de l’AIE souligne 4 « contributions » des technologies CCUS : réduire les émissions d'installations existantes, réduire celles d'industries lourdes difficiles à décarboner par ailleurs (ainsi que celles de l'aviation), rendre compétitifs des projets de production d’hydrogène (hydrogène « bleu ») dans de nombreuses régions et extraire du CO2 de l’atmosphère.
Dans son scénario « Sustainable Development » - jugé compatible avec les ambitions de l’Accord de Paris (COP21) - l'AIE mise sur le CCUS comme l'un des principaux moyens de réduire les émissions mondiales de CO2 : au total, « le CCUS pourrait contribuer à presque 15% des réductions d'émissions cumulées par rapport à un scénario tendanciel » d'ici à 2070 selon l'AIE.
Dans ce scénario, le monde capterait annuellement près de 840 millions de tonnes de CO2 à l'horizon 2030, plus de 5,6 milliards de tonnes en 2050 et environ 10,4 milliards de tonnes en 2070 (soit environ 260 fois le volume de CO2 capté annuellement par les installations de CCUS à l'heure actuelle).
En équipant des installations actuellement en service de systèmes CCUS, l’AIE estime que le monde pourrait éviter d’émettre près de 600 milliards de tonnes de CO2 au cours du demi-siècle à venir (ce qui équivaut à presque 17 années d’émissions au rythme actuel). (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
L'AIE précise que, dans son scénario « Sustainable Development », 92% du CO2 capté entre 2020 et 2070 par les installations de CCUS serait uniquement stocké. Presque 80% de ce CO2 proviendrait des énergies fossiles et procédés industriels. Le CO2 qui serait utilisé serait principalement destiné à servir de « matière première pour la production de carburants synthétiques et dans la chimie » (tandis qu'il est aujourd'hui principalement utilisé pour améliorer la récupération assistée du pétrole).
Présentation du rapport de l'AIE en vidéo