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Plus de 5 600 batteries d'un poids total de 270 tonnes ; une capacité de stocker la consommation de 10 000 foyers : RTE a ouvert mardi le plus grand site en France de stockage d'électricité sur batteries, pilotées automatiquement de manière "inédite au monde".
Le plein soleil de midi, suivi d'une bordée de nuages. Un vent à décorner les boeufs, avant un calme plat : la production d'énergie renouvelable, en particulier éolienne et solaire, joue au yoyo, sans considération pour les besoins en électricité. Comment éviter que soient perdus les pics de production ? Et comment permettre de satisfaire la consommation une fois le vent tombé ou le soleil parti ?
"Notre rôle est un rôle d'acrobate", résume Elisabeth Bertin, déléguée pour la Bourgogne-Franche-Comté de RTE, gestionnaire du réseau transportant l'électricité. "Pour cela, il faut innover", explique-t-elle. Exemple à Fontenelle (Côte d'Or), où un site d'une quarantaine d'éoliennes va à terme disposer d'une puissance de 100 mégawatts (MW), une capacité trop importante pour les lignes à haute tension existantes.
Alors, pour "assurer la solidarité des territoires" entre sites de production et centres de consommation, RTE a installé en plein champ, près des éoliennes, plus de 5 000 batteries d'une puissance pouvant atteindre 1 000 volts chacune (contre 48 pour celles des voitures électriques). Elles fonctionneront comme un tampon absorbant les pics pour mieux distiller leur électricité en fonction des besoins et ainsi "lisser" la production.
L'ensemble des batteries peut entreposer jusqu'à 24 MWh selon RTE, qui gère le plus important réseau d'électricité en Europe avec 105 000 kilomètres de liaisons.
Des milliards économisés
De tels sites de batteries existent déjà à La Réunion ou en Corse mais Fontenelle est le plus grand en France, comme il sied à une région fortement productrice d'énergie éolienne, précise RTE.
L'électricité produite en Bourgogne-Franche-Comté est majoritairement renouvelable (près de 59% en 2019, dont 44% pour l'éolien). Le vent couvre à lui seul 8,3% de la consommation régionale, contre 5,3% au niveau national. Et la tendance ne fait que croître : la production d'électricité d'origine renouvelable a ainsi bondi de 21,5% l'an dernier dans la région, et de 35% pour la seule énergie éolienne.
C'est pour suivre ce boom, semblable au niveau national, que RTE a lancé "Ringo", un projet de stockage sur batteries. Financé à hauteur de 80 millions d'euros, il regroupe trois sites : Fontenelle, qui sera opérationnel à la fin du premier semestre 2021, Bellac (Haute-Vienne, prévu pour être mis en service fin 2021, et Ventavon (Hautes-Alpes, en 2022).
Les trois sites doivent disposer d'une capacité de stockage de 72 MWh et d'éviter des dépenses de plusieurs milliards d'euros qu'aurait entraînées la construction de lignes à haute tension supplémentaires, rappelle Mme Bertin.
"En plus, pourquoi construire une ligne renforcée pour des pics de production qui n'arrivent que dix ou vingt fois par an ?", souligne Franck Girard, président du directoire en France de Nidec, le groupe japonais qui a installé les batteries à Fontenelle.
Aucun humain ne sera posté sur le site côte-d'orien car les batteries seront entièrement pilotées par un dispositif développé au sein de RTE et qui constitue, selon le réseau, "une première mondiale". Appelé NAZA (Nouveaux automates de zones adaptatifs), il déclenche automatiquement le stockage et le déstockage de l'électricité sur les batteries de tel ou tel site, en fonction de la capacité restant disponible. Et ce, "en moins d'une seconde", relève M. Girard.