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Le projet français de réduction à 2030 des émissions de gaz à effet de serre (GES) a été accueilli plutôt favorablement lundi par des experts et des ONG, qui saluent la "méthode" mais déplorent un manque de mesures concrètes ou de financements, avec un "calendrier ambitieux" semé d'embûches.
Trajectoires « plutôt ambitieuses mais... »
"Ce sont des trajectoires +plutôt ambitieuses+, mais il n'y a pas encore les mesures pour les atteindre", regrette Anne Bringault, directrice des Programmes au Réseau Action Climat jointe par l'AFP.
"On a un beau tableau et des beaux chiffres, mais on attend des mesures concrètes", résume l'experte. Le RAC, qui fédère une vingtaine d'ONG françaises, a des suggestions pour l'exécutif: "la suppression des niches fiscales sur le transport aérien dont le kérosène qui n'est pas taxé, un malus poids sur les véhicules y compris les grosses voitures électriques, des mesures pour la rénovation chez les plus précaires" ainsi qu'"un moratoire sur les élevages industriels et des aides pour des élevages plus durables".
"Il va falloir vraiment dialoguer avec les acteurs de la société civile sur les mesures à prendre et qu'elles soient accompagnées de dispositifs" pour aider les personnes les plus précaires, met en garde Anne Bringault, sous peine de devoir reculer face à la colère sociale.
« Discours de la méthode »
"C'est plutôt un discours de la méthode, mais sans nouvelles annonces", résume Benoît Leguet, directeur général de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), qui pointe aussi "deux angles morts": les financements et la prise en compte, coûteuse, de l'adaptation au changement climatique.
"Le gouvernement a compris qu'il va falloir des nouvelles politiques publiques", se félicite auprès de l'AFP ce membre du Haut conseil pour le climat. "Il y a une moitié à peu près de la baisse qui relève de politiques encore à définir", évalue-t-il.
"Il ne va peut-être pas y avoir de +pause réglementaire+ en France", ironise-t-il, dix jours après que le président Emmanuel Macron a plaidé pour une telle "pause" normative au niveau européen.
"Je reste un peu sur ma faim sur la stratégie de financement public de long terme" et sur le chiffrage du Projet de loi de finances 2024, déplore l'expert.
« Calendrier extrêmement ambitieux »
"C'est positif qu'il y ait cette effervescence pour accélérer les choses et chiffrer les efforts additionnels dans chaque secteur", relève Andreas Rüdinger, de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Mais pour cet expert de la transition énergétique, joint par l'AFP, "le calendrier est extrêmement ambitieux alors qu'on est déjà en retard", qu'il faut assurer la concertation et réussir des étapes parlementaires délicates.
"Chacun veut faire son plan, mais après il faut mettre en oeuvre", rappelle Andreas Rüdinger. "La vraie question n'est pas tant la trajectoire que de trouver comment débloquer des dossiers prioritaires pour réduire les émissions", dit-il, évoquant notamment "l'élevage et l'alimentaire" qui embarrassent le gouvernement.
Le climat plus que la biodiversité
"Une fois encore, nous avons plus échangé sur le climat que sur la biodiversité", regrette la Ligue de protection des oiseaux. Mais la LPO salue la "volonté de concertation du gouvernement", selon son directeur général Matthieu Orphelin, présent lors de la présentation du plan par la Première ministre.
"Nous n'avons pas été complètement rassurés sur des points précis" a-t-il déclaré à l'AFP, tels que la sauvegarde du Zéro artificialisation des sols (ZAN), menacé de "détricotage" au Sénat, "la prise en compte de la biodiversité" dans le déploiement des renouvelables ou les "ambitions de la France sur les textes européens en cours de négociation sur la restauration de la nature" et "les pesticides".