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Une résolution des pays européens condamnant le programme nucléaire de l'Iran à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) "affaiblira" les relations entre l'instance onusienne et Téhéran, a mis en garde jeudi le chef de la diplomatie iranienne, avant un vote crucial.
Paris, Berlin et Londres (E3) associés à Washington ont soumis un texte condamnant le manque de coopération supposé de l'Iran dans le dossier nucléaire et un vote formel est prévu jeudi au siège de l'AIEA à Vienne.
La présentation de cette résolution, à portée symbolique à ce stade, intervient une semaine après une visite en Iran du chef de l'AIEA, Rafael Grossi.
"Cette décision inappropriée des trois pays européens (...) ne fera qu'affaiblir et perturber les relations entre l'agence et l'Iran", a estimé dans un communiqué le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.
Pour illustrer cette idée, le journal réformateur Sazandegi met en une jeudi un photo-montage de M. Araghchi tournant le dos à M. Grossi.
"Nous sommes vraiment déterminés à travailler avec (l'AIEA) et à résoudre les questions en suspens, mais la démarche de l'Europe va à l'encontre de ce processus", a par ailleurs déclaré M. Araghchi à la chaîne libanaise Al-Mayadeen, selon la chaîne Telegram du ministre.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des questions juridiques, Kazem Gharibabadi, a de son côté estimé sur X que les pays européens se servaient de l'AIEA comme d'un "outil politique".
Le texte final de la résolution, consulté par l'AFP, "réaffirme qu'il est essentiel et urgent" que l'Iran fournisse des "réponses techniques crédibles" concernant la présence de traces d'uranium inexpliquées sur deux sites non déclarés près de Téhéran, Turquzabad et Varamin.
En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord sur le nucléaire avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis.
Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales contre Téhéran, en échange de garanties que l'Iran ne cherche pas à acquérir l'arme atomique, ce que le pays nie farouchement.
En 2018, Donald Trump, alors président des Etats-Unis, avait retiré unilatéralement les Etats-Unis de l'accord -- auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA -- et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.
En représailles, le pays a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies et porté le seuil à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.
L'accord sur le nucléaire, désormais une coquille vide que des négociations ont échoué à ranimer en 2022, plafonnait ce taux à 3,67%.