Bannière salon 360 2025 articles

Nucléaire: pourparlers entre l'Iran et des pays européens avant le retour de Trump

  • AFP
  • parue le

Des pourparlers sur le programme nucléaire iranien entre d'un côté Téhéran, et de l'autre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni doivent débuter lundi en Suisse, à une semaine de la prise de fonction du nouveau président américain Donald Trump.

Ces discussions vont se dérouler moins de deux mois après des négociations discrètes entre l'Iran et des représentants des trois pays européens à Genève, à un moment où les Occidentaux s'inquiètent de l'état d'avancement du programme nucléaire iranien.

"Ce ne sont pas des négociations", a déclaré à l'AFP le ministère allemand des Affaires étrangères. Il s'agit seulement de "consultations", a renchéri l'Iran.

Les pourparlers prévus sur deux jours porteront sur un "large éventail de sujets", a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei.

Pour Téhéran, "l'objectif principal de ces pourparlers est de lever les sanctions contre l'Iran", a-t-il noté, ajoutant que l'Iran était également "à l'écoute des sujets que les autres parties veulent aborder".

La réunion est "le signe que les pays de l'E3", un format qui rassemble la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, "continuent d'oeuvrer en faveur d'une solution diplomatique au programme nucléaire iranien, dont l'état d'avancement est extrêmement problématique", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.

Téhéran a annoncé début décembre commencer à alimenter de nouvelles centrifugeuses sur le site de Fordo, l'un des plus importants du pays, dans le centre de l'Iran, "avec notamment pour effet à terme d'accroître significativement le taux de fabrication d'uranium enrichi jusqu'à 60%", selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU datée du 6 décembre, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont exprimé leur vive "préoccupation" et exhorté la République islamique "à mettre immédiatement fin à son escalade nucléaire".

Les trois pays européens ont évoqué le possible recours au mécanisme réimposant des sanctions contre l'Iran "pour l'empêcher d'acquérir l'arme nucléaire".

La résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui endossait l'accord de 2015 conclu entre l'Iran et les pays de l'E3 ainsi que les Etats-Unis, la Russie et la Chine, expire en octobre 2025, dix ans après l'entrée en vigueur de l'accord.

- "Principal défi stratégique" -

Pour sa part, le président français, Emmanuel Macron, a qualifié le 6 janvier l'Iran de "principal défi stratégique et sécuritaire" au Moyen-Orient, tout en mettant en garde contre "l'accélération" de son programme nucléaire.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a récemment indiqué que son pays créerait "davantage de confiance quant au caractère pacifique" de son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions.

Selon l'AIEA, l'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.

Les Iraniens défendent un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour la production d'énergie, et nient vouloir se doter de l'arme atomique, ce dont doutent fortement les pays occidentaux.

Les discussions doivent débuter à un moment où les groupes alliés de l'Iran au Moyen-Orient sont grandement affaiblis après des mois de guerre avec Israël.

A la situation difficile des alliés de Téhéran vient s'ajouter le retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, de Donald Trump, artisan d'une politique dite de "pression maximale" envers l'Iran durant son premier mandat (2017-2021).

Les tensions autour du programme nucléaire iranien sont montées en flèche sous la présidence de Donald Trump, quand les Etats-Unis se sont retirés de l'accord de 2015 qui offrait à Téhéran un allègement des sanctions en échange d'une limitation de ses ambitions nucléaires.

L'Iran a adhéré au pacte jusqu'au retrait unilatéral de Washington en 2018, puis a commencé à revenir sur ses engagements. Toutes les tentatives pour le raviver ont échoué ces dernières années.

Depuis la prise de fonction en août du nouveau président réformiste iranien, Massoud Pezeshkian, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour ranimer l'accord.

Ajouter un commentaire