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L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) table sur une forte augmentation de la capacité de production nucléaire au cours des trois prochaines décennies sur fond d'urgence climatique, selon un communiqué publié lundi.
"Le changement climatique joue un rôle clé, tout comme la sécurité de l'approvisionnement énergétique", a déclaré le directeur général de l'instance onusienne, Rafael Grossi. Devant "la situation géopolitique et les conflits militaires", "de plus en plus de pays considèrent l'énergie nucléaire comme une source d'énergie résiliente et fiable", explique l'instance onusienne.
Dans le scénario le plus favorable au nucléaire, l'AIEA prévoit le doublement au moins de la puissance installée, qui grimperait à 890 gigawatts en 2050 contre 369 GW actuellement. Elle misait auparavant sur 873 GW.
Les partisans de l'atome soulignent qu'il s'agit d'une source d'énergie très peu émettrice de CO2 et pilotable, c'est-à-dire qui peut être mobilisée en fonction des besoins, à l'inverse du vent ou du soleil. Mais en raison du coût et des risques, des pays restent résolument contre.
Ces nouvelles projections ont été publiées à l'ouverture à Vienne de la deuxième conférence internationale sur le rôle du nucléaire dans la lutte contre le dérèglement climatique. Cette énergie fournit environ 9% de l'électricité mondiale dans 31 pays, loin du charbon dominant, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), basée à Paris.
"Cette part était de 18% il y a 20 ans", a rappelé lundi dans le capitale autrichienne son directeur Fatih Birol. Il a regretté "l'erreur stratégique de nombreux gouvernements européens" qui ont décidé de "tourner le dos à l'atome", alors que "ce peut être une solution en plus du solaire et de l'éolien". L'économiste turc a ainsi exhorté les pouvoirs publics mais aussi "les institutions internationales" - ce qui n'est pas le cas actuellement - à financer la croissance du nucléaire.
L'AIEA avait augmenté en 2021 ses projections pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, consécutive à un puissant séisme et à un gigantesque tsunami dans le nord-est du Japon. L'accident avait porté un rude coup au secteur, l'Allemagne et la Suisse décidant alors son abandon.
La production nucléaire totale a retrouvé en 2021 son plus haut niveau, mais la suite est incertaine: le parc vieillit et le nombre de chantiers lancés chaque année - 10 en 2022, dont la moitié en Chine - est loin du rythme des années 1970-80. La seule année 1976 avait vu le lancement de 44 constructions.