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L'EPR de Flamanville va enfin alimenter en électricité usines, lampadaires et cafetières : sauf aléa technique, le réacteur nucléaire de nouvelle génération sera raccordé au réseau vendredi, 20 ans après le premier feu vert officiel pour ce projet marqué par de nombreuses péripéties.
Paliers de puissance jusqu'à l'été 2025
"Le premier couplage au réseau du réacteur EPR de Flamanville 3 est prévu le 20 décembre 2024", a affirmé mercredi EDF dans un message destiné au marché de l'énergie, en précisant que le fonctionnement du réacteur "sera marqué par différents paliers de puissance, jusqu'à l'été 2025, qui solderont la phase d'essais".
"À l'issue de cette période d'essais, il est prévu que le réacteur fonctionne à 100% de puissance jusqu'au premier arrêt programmé pour maintenance et rechargement du combustible, appelé Visite Complète 1 (VC1)", a ajouté EDF.
Le démarrage accuse 12 ans de retard sur le calendrier initial en raison de nombreux déboires techniques qui ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.
En 2020, la Cour des Comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en incluant les "surcoûts de financement".
Pour marquer l'événement de son raccordement au réseau, EDF a prévu de tenir vendredi une conférence de presse à son siège parisien de l'avenue de Wagram, sauf aléas de dernière minute.
Deux millions de foyers
Cela faisait un quart de siècle que la France, pays qui compte le plus de centrales nucléaires par habitant, n'avait pas fait démarrer un nouveau réacteur, depuis 1999 avec le réacteur nucléaire 2 de Civaux, dans la Vienne.
Initié le 3 septembre, le démarrage du réacteur a marqué le début de sa montée en puissance progressive qui permettra de le connecter au réseau électrique.
Le palier de puissance atteint au moment du couplage n'est pas encore connu, a précisé EDF mercredi.
Le couplage au réseau était initialement prévu avant la fin de l'été 2024.
L'EPR, un réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, est le 4e de ce type installé dans le monde, le 57e réacteur du parc nucléaire français, et le plus puissant sur le territoire (1.600 MW). A terme, il doit alimenter en électricité environ deux millions de foyers.
Alors qu'Emmanuel Macron a décidé de relancer le nucléaire civil en France, en commandant six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à l'énergéticien, le démarrage de Flamanville, même s'il a été décidé bien avant, revêt une dimension hautement symbolique.
Dans le parc nucléaire existant, EDF a bel et bien tourné la page de la crise de la corrosion sous contrainte de l'année 2022, qui avait fait plonger la production nucléaire, en raison de vérifications ou réparations à mener dans de nombreux réacteurs.
En 2022, la production nucléaire d'EDF avait chuté à 279 TWh, son plus bas niveau depuis 30 ans, ce qui avait contraint la France à importer de l'électricité, une première depuis 42 ans. En 2023, la production a augmenté de 15% par rapport à 2022, à 320,4 TWh.
Record d'exportation
EDF avait rehaussé ses prévisions de production nucléaire pour 2024 en septembre, avant une nouvelle révision à la hausse le 11 décembre, la faisant passer d'une fourchette de 340-360 TWh à 358-364 TWh, sans compter l'EPR de Flamanville.
Forte du redressement de sa production nucléaire, la France a battu un record d'exportation d'électricité le 13 novembre dernier.
La France devrait atteindre un nouveau record d'exportation nette d'électricité de 85 à 90 TWh en 2024, selon EDF, après 50,1 TWh en 2023.
Dans le monde, trois autres réacteurs EPR sont en fonctionnement actuellement: deux en Chine et un en Finlande.
En Chine, dans le district de Taishan, le premier réacteur fonctionne depuis 2018 et le second depuis 2019. Le réacteur finlandais est entré quant à lui en service en 2023 sur l'île d'Olkiluoto.
Enfin, un autre EPR est en construction au Royaume-Uni, sur le site de Hinkley Point.