Nucléaire : 2 médias évoquent des problèmes de conformité du béton de la digue de l'EPR2 de Penly

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Le béton choisi par Eiffage pour construire une partie de la digue de protection de la future centrale EPR2 de Penly (Seine-Maritime), dont les travaux préparatoires ont débuté, n'est pas conforme aux normes de sécurité, affirment vendredi Mediapart et Reporterre, ce qu'EDF et Eiffage démentent.

Démenti d'Eiffage, en charge de la construction de la digue

Selon ces médias en ligne, des tests effectués par un laboratoire pour le compte du géant du BTP Eiffage, chargé de la construction de la digue, indiquent que la composition du granulat prévu pour le béton ne répond pas aux critères exigés.

Contacté par l'AFP, Eiffage dément et indique dans un communiqué que "contrairement à ce qui a été indiqué dans plusieurs articles (...), la formulation des bétons pour le projet de l'EPR2 de Penly est conforme aux normes en vigueur et correspond aux spécifications du marché attribué au groupe Eiffage par EDF".

Eiffage ajoute que les granulats de provenance locale (Graves de Mer de Dieppe) retenus ont été testés plusieurs fois "afin d'obtenir la formulation qui répondait à l'ensemble des exigences techniques requises", et des contrôles par des laboratoires indépendants et des essais de convenance "ont conduit à la validation définitive de la formulation retenue le mercredi 5 mars 2025", le tout sous un "suivi attentif par les équipes techniques d'EDF".

7 demandes de l'ASNR à EDF

Selon Mediapart et Reporterre, l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), qui a effectué une inspection le 27 février, a formulé sept demandes dans un courrier à EDF, publié sur son site internet, notamment autour de la qualité du béton des blocs cubiques rainurés (BCR), qui font office de première protection de la digue.

L'ASNR réclame des "compléments d'information" et note que la "carapace" de la digue fait partie des éléments importants pour la protection en matière de sûreté nucléaire (EIP). Les EIP sont les éléments "dont la défaillance aurait des conséquences directes ou indirectes" sur la maîtrise des fonctions fondamentales de sûreté nucléaire.

L'autorité demande à EDF de "confirmer le ou les EIP constitutifs de la digue", de préciser les exigences de qualité associées et d'apporter les "éléments de justification" sur la maîtrise du risque de dégradation du béton.

« Conformément au planning prévu »

Sollicité par l'AFP, EDF indique qu'une phase "de mise au point de la formulation du béton et de contrôle des agrégats qui le composent a été conduite avant le démarrage de la production" des BCR. Ces contrôles, réalisés par des laboratoires indépendants pour le compte d'Eiffage, "ont fait l'objet d'expertises complémentaires commanditées par EDF".

"La qualité du béton utilisé pour la fabrication des BCR apparaît conforme aux spécifications techniques nécessaires à la construction de la digue, permettant le démarrage de la fabrication du béton sur site le 4 mars 2025", affirme l'énergéticien.

EDF ajoute que le béton des BCR est différent de celui utilisé pour les bâtiments nucléaires, "qui fait l'objet de classifications spécifiques et adaptées à leur niveau de sûreté". "Les travaux préparatoires de l'EPR2 de Penly se déroulent conformément au planning prévu", ajoute EDF.

Ce réacteur, dont l'entrée en service est prévue pour 2035-2037 selon EDF, fait partie du programme de relance de l'atome annoncé par Emmanuel Macron en 2022, prévoyant la construction d'au moins six réacteurs EPR2 : deux à Penly (Seine-Maritime), deux à Gravelines (Nord), et deux au Bugey, au bord du Rhône.

Commentaires

luc schirvel
Déjà utiliser des graves de mer dans un tel ouvrage pose question !!
APO
Pourquoi ? Si c'est pour faire des éléments brise-lames qui dans bien des lieux sont rechargés avec le temps et suivant les dégradations dues aux tempêtes... (Il n'y a pas que la dégradation du béton mais aussi le déplacement des blocs qui est problématique sur les digues marines que ce soit pour une centrale nucléaire, pour un port, ou pour la protection d'autres infrastructures - routes, villes...)
Philippe Charles
Oui luc schirvel, cela pose question et s'explique par les économies budgétaires qui doivent être réalisées dans tous les secteurs, y compris en faisant fi de la sécurité des réacteurs nucléaires. Je vous rappelle que nous entrons en économie de guerre.
PATRICE LUCCHINI
Mediapart et Reporterre, toujours là pour semer le doute et créer les problèmes même lorsqu'il n'y en a pas.
Hélène de La R…
Mediapart et Reporterre, toujours là pour dévoiler les scandales que les grands médias à la botte des milliardaires occultent.
PATRICE LUCCHINI
Les aristos se rebiffent ... l'expression "à la botte des milliardaires" ne correspond pas au problème soulevé qui est la qualité du béton et la fiabilité des entreprises choisies pour ces travaux. Par contre l'emploi des ouvriers techniciens et ingénieurs est mis en danger (comme pour l'autoroute A9) par de prétendus écolos qui ne cherchent que la jouissance qu'ils éprouvent à respirer l'odeur âre des fummigènes dans les affrontements avec la police et se foutent éperdument de la cause qu'ils prétendent défendre. Pourtant, il est évident pour tous les connaisseurs de la chose que le béton utilisé pour construire la digue de premier rempart est tout à fait satisfaisant.
Hélène de La R…
Le cave tente d'exister... Voyez M. Lucchini, la bonne application du droit de l’environnement et de la nature ne pouvait que conduire à cette décision du Tribunal Administratif. Il est en effet strictement interdit par la loi de détruire de la biodiversité protégée (à savoir des espèces végétales ou animales et leurs habitats naturels), à moins de disposer d’une autorisation environnementale valant dérogation à cette interdiction. Mais une telle dérogation n’est possible qu’à des conditions très strictes impliquant de démontrer l’absence de solution alternative pour répondre aux objectifs annoncés du projet destructeur, de garantir le maintien dans un bon état de conservation des espèces concernées, ailleurs dans leur aire de répartition, par des mesures de réduction des impacts négatifs et de compensation du projet destructeur et de démontrer une Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur (RIIPM) du projet, où chaque mot compte, et notamment le caractère ‘Impératif’ et le caractère ‘Majeur’ du projet.
Suivant les conclusions de la Rapporteure Publique, magistrate indépendante ayant pris le temps d’analyser le dossier et chargée de considérer la bonne prise en compte de la Loi, les trois juges compétentes du Tribunal Administratif de Toulouse ont donc choisi ensemble d’annuler ce 27 février 2025 les autorisations environnementales accordées par les préfets du Tarn et de Haute-Garonne début mars 2023 pour le lancement des travaux de l’A69/A680 Castres-Verfeil-Toulouse.
Les magistrates ont ainsi démontré très clairement dans leur jugement, de façon implacable, que ce projet autoroutier ne répondait pas à une Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur en retenant notamment le fait que, en l’absence d’autoroute, l’agglomération de Castres-Mazamet n’est pas en décrochage socio-économique par rapport aux autres villes moyennes de la Région qui bénéficient, elles, d’autoroute, et qu’il n’y a donc pas de nécessité ‘impérative’ à construire une autoroute, et que les éventuels gains d’une telle autoroute sur le temps de trajet ou la sécurité routière ne seraient au demeurant pas ‘majeurs’. Le jugement ne s’est donc même pas embarrassé d’examiner les autres motifs d’illégalité, tels que les non-recherches de solutions alternatives (dont l’amélioration de la route existante, un autre tracé, ou le cadencement des trains).
Alors je vous assure qu'une autre décision que cette annulation des autorisations environnementales aurait été un pur scandale juridique et la fin de l’Etat de droit environnemental de la République française, tellement les motifs d’illégalité et d’absence de Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur, mais aussi d’absence de recherche de solutions alternatives pourtant existantes et de médiocrité des mesures de réduction et de compensation des impacts destructeurs sont ici flagrantes.
Philippe Charles
Tout à fait Hélène de la R... On pourrait ajouter pour Lucchini et autres fifres qui pensent avoir la science infuse que fort heureusement, les possibilités de suspension des autorisations environnementales, en attendant le jugement au fond sur leur (il)légalité, sont également très peu opérantes car elles nécessitent que la partie contestant la légalité de l’autorisation fasse elle-même la démonstration du doute sérieux portant sur cet acte administratif et du caractère urgent à suspendre cet acte. C’est pour cela que l’ensemble des référés suspensions (jugements du doute sérieux et de l’urgence) tentés par les opposants à l’A69 depuis mars 2023 avaient tous été rejetés par les juges de l’urgence, qui n’avaient pas rejeté les recours en validant la légalité de l’autoroute (contrairement à ce qu’essaient de faire croire les tenants de l’autoroute) mais simplement sur le fait qu’il leur manquait des éléments et du temps pour pouvoir analyser un dossier aussi important. Or, ce contrôle de légalité par les juges s’exerce a posteriori et en faisant porter la charge de la preuve aux personnes contestant la légalité des autorisations environnementales, du fait des logiques propres à la Justice administrative conçue pour éviter les blocages a priori des décisions de l’État ou des collectivités publiques, mais sans tenir compte ainsi des principes constitutionnels clés de « précaution » et de « prévention » inscrits dans la Charte de l’Environnement et donc dans la Constitution de la République française, puisque la Charte de l’Environnement est partie intégrante du bloc de constitutionnalité (depuis 2004). En effet, sa bonne prise en compte au regard des principes de précaution et de prévention impliquerait d’attendre le jugement du contrôle de légalité des autorisations environnementales sur le fond avant tout démarrage de travaux destructeurs de biodiversité, de façon irréversible.
PATRICE LUCCHINI
Je ne joue pas de la flûte, contrairement à vous qui accompagnez la petite musique de Hélène de la R. avec les mêmes arguments. Attendons donc le résultat du recours qu'exercera l'Etat. C'est aussi cela l'application du droit.
PATRICE LUCCHINI
Lorsque les Juges se substituent à la volonté populaire cela finit mal, en général. Tous les élus locaux, les entreprises du bassin d'emploi Castres/Mazamet, et la majorité des citoyens sont favorable à ce que les travaux de l'A69 se terminent, même ceux qui, comme moi lors de l'enquête publique, avaient donné un avis défavorable à ce projet. En effet, arrêter un chantier de cette envergure dans ces conditions met en péril l'économie du territoire et cette "victoire" de la biodiversité sur "les milliardaires" se paiera d'un chômage accru et autres conséquences néfastes pour la population sans aucun gain pour la biodiversité. Le chantier est achevé à 70 % environ et aujourd'hui laissé en l'état, et je ne crois pas que cela soit bon pour quiconque, sans parler des millions d'euros qui devront être payés aux entreprises (si cela dure) au titre d'un dédommagement. Mais tout cela c'est de l'économie locale et donc bon pour les "milliardaires" que nous sommes, nous qui vivons ici. Je vous laisse savourer la victoire du "droit" en espérant toutefois que la Cour d'appel fera justice de cette décision. L'intérêt général doit primer.
Hélène de la R...
@ Patrice Lucchini
D'après ce que vous dîtes, vous semblez méconnaître le fonctionnement de la justice en France (décidée démocratiquement par des élus). Comme l’a remarquablement exposé la Rapporteure Publique (en se référant à des avis et jurisprudences claires du Conseil d’État) : Déclaration d’Utilité Publique (DUP) ne vaut pas Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur (RIIPM). L’Utilité Publique ‘UP’ de la DUP vaut pour l’Intérêt Public ‘IP’ de la RIIPM mais elle ne suffit clairement pas à justifier le caractère Impératif et le caractère Majeur de cet Intérêt Public. Une RIIPM, permettant de déroger à l’interdiction de destruction de biodiversité protégée, est ainsi bien plus exigeante qu’une simple DUP, permettant ‘seulement’ de procéder à des expropriations. Et cela est logique. Une DUP vient juridiquement créer une dérogation au Droit de propriété, afin d’exproprier les parcelles situées sur le tracé d’un projet reconnu d’Utilité Publique, en venant, là, déroger le plus souvent à des intérêts privés de particuliers, propriétaires d’un patrimoine individuel plus ou moins important.
Une RIIPM vient déroger elle à une notion bien plus importante qui est celle de l’environnement (incluant la nature et la biodiversité) considéré dans la Charte de l’Environnement et donc dans la Constitution de la République française comme ‘patrimoine commun des êtres humains ’. Pour déroger à l’interdiction de détruire un patrimoine commun aussi essentiel, il est logique que les conditions soient extrêmement exigeantes, et bien plus que s’agissant d’un patrimoine individuel. C’est cette prééminence du droit de la nature et de la biodiversité que les porteurs et défenseurs de tous ces grands projets inutiles ont jusqu’ici le plus souvent ignoré en considérant qu’une DUP allait suffire pour démarrer un projet en pratiquant une politique du fait accompli en tablant sur le fait que la Justice administrative arriverait en fin de course pour se prononcer sur la légalité des autorisations environnementales au regard de l’existence ou non d’une RIIPM, de solutions alternatives et de mesures suffisantes pour garantir le maintien de la biodiversité dans un bon état.
Les magistrates du Tribunal Administratif de Toulouse ont enfin fait reconnaître ce 27 février 2025 le droit de l’environnement, et plus précisément ici le doit de la nature et de la biodiversité, au niveau où il doit être considéré, à savoir celui, constitutionnel, d’un patrimoine commun essentiel et fondamental. Et cela est salutaire au moment où nous vivons une sixième extinction massive de biodiversité, bien plus grave et rapide que les précédentes, alors que la biodiversité est notre assurance vie à toutes et tous, et que chaque portion de biodiversité, d’espace boisé, de zone humide, de prairie, de cours d’eau, de mare et toute autre composante de la biodiversité qui nous entoure est plus que précieux, parviendrez-vous à le comprendre Patrice Lucchini ?
PATRICE LUCCHINI
Je vis dans la Montagne Noire et ait pour voisins des éleveurs. Je défends la biodiversité et lutte contre les centrales d'éoliennes qui tuent l'avifaune et les chiroptères, et les centrales photovoltaïques en milieu naturel et agricole qui défigurent les paysages et massacrent le cadre de vie des habitants qui vivent sur ce territoire et n'ont pas besoin de donneurs de leçon comme vous pour savoir ce qu'est la nature, car ils vivent au quotidien dans un milieu naturel et le respectent. Je connais la loi et je connais aussi le fonctionnement de la justice. La RIIPM est d'application variable selon les magistrats. Dans le cas de l'autoroute, puisque c'est cela qui vous intéresse et non plus le béton de la digue de l'EPR2, je trouve le jugement rendu (et qui sera certainement cassé par la Cour d'appel ou le Conseil d'Etat) totalement hors sol sans se préoccuper des conséquences dommageables pour le territoirecomme je l'ai écrit. Quant à comprendre votre discours, je l'entends mais il se résume à donner raison aux magistrates et à la rapporteure publique qui méconnaissent la réalité de notre environnement et se moquent éperdument de l'avis des élus et de la population.
Philippe Charles
L’État, par la voix des Préfets, du Ministre des Transports et de la Ministre de l’Environnement, annonce s’apprêter à faire appel de la décision de première instance du Tribunal Administratif (TA) de Toulouse, et d’accompagner cet appel devant la Cour Administrative d’Appel (CAA) de Toulouse d’une demande de ‘sursis à exécution’ afin de permettre la reprise des travaux d’ici le jugement en appel. Outre le fait que les départs des engins de chantier dès le lendemain du délibéré de ce jeudi 27 février 2025 illustrent le fait que les promoteurs du chantier savent eux-mêmes que leurs chances de reprendre sont maintenant plus qu’infimes, il faudrait au demeurant que les promoteurs de l’autoroute avancent des argument sérieux pour obtenir un tel sursis à exécuter, en démontrant l’évidence de la légalité complète des autorisations environnementales et le fait que les juges de première instance auraient commis une erreur évidente d’appréciation. Or, s’ils avaient eu des arguments un tant soit peu solides et sérieux pour cela, ils les auraient fait valoir à l’occasion de la réouverture (exceptionnelle) de l’instruction cet hiver, ce qu’ils ont été incapable de faire, devant l’évidente illégalité de leur dossier sur de multiples points ! Il n’y a donc pas davantage de chance qu’ils gagnent en appel. Un éventuel pourvoi ensuite devant le Conseil d’État ne saurait que confirmer les conclusions de la Rapporteure Publique dont les détracteur.euses ont cru pouvoir la disqualifier au regard de son jeune âge et de sa courte expérience professionnelle, mentionnant notamment un stage… au Conseil d’État, avant de devenir magistrate et Rapporteure Publique en Tribunal Administratif, dont celui de Toulouse depuis quelques années. Ce cursus démontre au contraire que c’est l’état du droit le plus actuel et le plus en phase avec la doctrine du Conseil d’État que la Rapporteur Publique a exposé et que les juges du Tribunal Administratif de Toulouse ont décidé d’appliquer ce jeudi 27 février 2025. L’A69 est donc belle et bien enterrée ! Il serait incompréhensible et très grave pour la nature et la démocratie qu’elle ressorte de terre !
Hélène de la R…
Monsieur Lucchini, de grâce, ne vous obstinez pas dans cette attitude sclérosée, ouvrez les yeux si pour vous la démocratie n’est pas un vain mot. C’est une attaque ad hominem – ou plutôt ad feminam à laquelle nous assistons parce que la rapporteuse publique est une (jeune) femme, elle serait incapable de traiter le dossier –, remise en cause de l’Etat de droit et affirmations que les élus seraient les seuls détenteurs de l’intérêt public, en oubliant au passage que de trop nombreux élus entretiennent des liens directs ou indirects avec les intérêts privés qui profiteront de ce projet qui ne sera viable qu’en raison d’un apport déraisonnable d’argent public.
Cerise sur le gâteau, certains parlementaires, et en premier lieu M. Terlier, député du Tarn, ont déposé une « proposition de loi dite de validation » pour briser la jurisprudence du tribunal administratif : changer les règles du jeu en cours de match, il fallait oser.
Si l’Etat de droit est une contrainte qui s’impose à tous, c’est pour assurer le maintien de la paix civile. Comme le rappelle Rémy Heitz, procureur général près la Cour de Cassation, au-delà du contrat social, c’est un « contrat moral », car « l’Etat de droit, c’est un bouclier pour nos libertés ». S’il suffit pour un groupe privé de faire passer une loi de complaisance, nous serions face à une pratique de simonie et une dérive ploutocratique inquiétante.
De son côté, Didier-Roland Tabuteau, vice-président du Conseil d’Etat, nous rappelle que « le premier acteur de l’Etat de droit, c’est l’administration ». Et c’est le reproche que l’on peut faire à l’« administration » préfectorale dans le dossier A69 : ne pas avoir tenu compte des signaux d’alerte lancés par différentes autorités, agences environnementales ou commissions indépendantes.
Avec Christophe Soulard, premier président de la Cour de Cassation, il faut marteler que « l’Etat de droit, aujourd’hui, ce n’est pas seulement le respect de règles formelles, c’est aussi le respect de droits fondamentaux substantiels, qui peuvent être opposés à la volonté de la majorité ». A supposer que M. Terlier et consorts expriment la volonté de la majorité, cela ne les affranchit pas du respect des règles légales qu’ils ont eux-mêmes adoptées au Parlement et surtout de la Constitution qui garantit l’Etat de droit. Quant aux règles supranationales, il convient de rappeler que la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales consacre la notion de « prééminence du droit ». Dans les sociétés démocratiques et protectrices des droits et libertés fondamentales d’Europe, ce concept assure la sécurité juridique et protège contre l’arbitraire des détenteurs du pouvoir qu’il soit politique ou économique.
Christophe Chantepy, président de la section du contentieux du Conseil d’Etat, a décrypté les manœuvres de certains élus partisans de l’A69 lorsqu’il observe qu’« il y a des agendas politiques ou économiques qui conduisent, pour des raisons diverses, à avancer l’idée que l’Etat de droit empêcherait d’agir ». C’est oublier un peu vite que les règles qui s’imposent à tous sont issues de lois ou de traités qui résultent d’une décision du souverain, c’est-à-dire le peuple (article 3 de la Constitution), et non de quelques financiers planqués dans des paradis fiscaux ou des industriels qui se comportent comme des « maîtres de forges ».
Le premier président de la Cour de Cassation, Christophe Soulard, souligne cette évidence : « Lorsqu’on met en cause la légitimité du juge, on fragilise l’ensemble du système : à partir du moment où on peut commencer à s’en prendre à l’une des institutions de l’Etat de droit, pourquoi les critiques s’arrêteraient là ? Il y a un effet domino dans la mise en cause des différents piliers de la démocratie. » Comprennent-ils ces élus, que, par leurs discours irresponsables, ils font le jeu des Trump aux petits pieds qui attendent leur heure pour détruire le consensus issu du programme du Conseil national de la Résistance ?
Le processus juridictionnel, c’est le contraire des réseaux sociaux : on n’est jamais dans la surenchère, on est toujours dans la vérification des faits, on est dans le débat des arguments rationnels. C’est en cela que les juridictions sont, profondément, des lieux d’apaisement social ». Alors, que ces Messieurs et Mesdames les parlementaires, laissent la justice travailler dans le cadre d’un débat contradictoire et rationnel. Foin d’émotions et de déclarations éruptives. Ils devraient respecter les juges comme ils devraient respecter les citoyens qui sont leurs électeurs. Et comme cela, tous ensemble, nous défendrons et l’Etat droit et la démocratie, quoi qu’il en coûte aux investisseurs de l’A69.
Zamur
Les écologistes, même les apprentis, sont prêts pour tout critiquer, même dans les domaines qu'ils ne comprennent pas. Les blocs de béton ne sont pas soumis à des efforts importants. Dans notre pays ils peuvent arrêter la construction d'une autoroute. Incroyable.
Hélène de La R…
C'est la justice qui s'applique, le droit de l'environnement, mais vous semblez ne pas l'accepter.

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