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L'explosion survenue le 20 avril 2010 sur la plateforme Deepwater Horizon, située à 80 kilomètres au large de La Nouvelle-Orléans en Louisiane dans le Golfe du Mexique, a été l'un des plus graves désastres industriels de l'histoire récente des États-Unis. La marée noire s'était étendue sur environ 180 000 kilomètres carrés.
Résumé de la catastrophe de Deepwater
L'incident a coûté la vie à 11 travailleurs, provoquant une onde de choc au sein de l'industrie pétrolière et suscitant des préoccupations majeures concernant la sécurité des installations offshore.
L'explosion a également déclenché une fuite massive de pétrole brut, libérant des milliers de barils dans l'écosystème marin et affectant gravement les habitats naturels ainsi que les communautés locales dépendant de la pêche et du tourisme. La gestion de la fuite a représenté un défi colossal, nécessitant 87 jours avant que BP, la société responsable, ne parvienne à stopper le déversement en cimentant le gisement sous-marin situé à une profondeur de 4 000 mètres. Les efforts de confinement ont mobilisé d'importantes ressources humaines et matérielles, mettant en lumière les limites des technologies disponibles pour intervenir en haute mer. Malgré ces actions, l'ampleur du pétrole déversé a eu des conséquences durables sur la faune et la flore marines, entraînant des pertes économiques considérables pour les industries locales et provoquant des dommages environnementaux irréversibles.
Les répercussions de l'explosion de Deepwater Horizon ont engendré un débat national et international sur la régulation de l'industrie pétrolière, la sécurité des plateformes offshore et la responsabilité environnementale des entreprises.
BP a fait face à de nombreuses poursuites judiciaires et à des amendes substantielles, tandis que les efforts de nettoyage et de restauration de l'environnement se sont poursuivis bien après l'arrêt de la fuite. La catastrophe aurait coûté 61,6 milliards de dollars à la compagnie pétrolière et un tiers de la compagnie a dû être vendu pour financer la réparation des dégâts provoqués.
Impact sur la faune
La marée noire causée en 2010 par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon a entraîné une forte mortalité des populations de dauphins dans le Golfe du Mexique, selon une étude de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).
Une proportion inhabituellement élevée de ces cétacés, notamment les dauphins à gros nez échoués sur les côtes de Louisiane, du Mississippi et de l'Alabama entre 2010 et 2012, souffraient de lésions pulmonaires et des glandes surrénales. Cela ne pouvait résulter que d'une exposition à des substances contenues dans les hydrocarbures, affirment ces chercheurs dont les travaux sont parus dans la revue scientifique PLOS ONE.
Les résultats de cette nouvelle étude confortent ceux en 2011 de l'évaluation de l'état de santé de populations de dauphins de la baie de Barataria, en Louisiane, qui avait été fortement polluée par la marée noire de BP.
Sur l'ensemble des côtes de Louisiane, du Mississippi et d'Alabama touchées par la marée noire, un dauphin sur trois était atteint de cette lésion, contre seulement 7% dans un groupe de cétacés de référence non affectés par l'accident de Deepwater Horizon.
Amende record
Le géant pétrolier britannique BP a accepté de payer une somme record de 20,8 milliards de dollars d'indemnités pour mettre fin aux poursuites aux Etats-Unis. C'est un montant supérieur aux 18,7 milliards initialement prévus.
Il s'agit de la pénalité la plus élevée de l'histoire des Etats-Unis jamais infligée à une seule société. Elle inclut notamment 5,5 milliards de dollars pour violation de la loi sur la propreté de l'eau, soit la plus importante sanction civile dans l'histoire de la législation environnementale.
"Cette transaction historique est une réponse forte et adéquate au pire désastre environnemental de l'histoire américaine", a relevé la procureur général des États-Unis Loretta Lynch, lors d'une conférence de presse. "BP reçoit la punition qu'il mérite, tout en fournissant la compensation cruciale pour les dégâts qu'il a causés à l'environnement et à l'économie du golfe".
Cette marée noire a coûté très cher à la géante pétrolière britannique, qui avait déjà provisionné 43,8 milliards de dollars pour faire face aux diverses compensations dues aux entreprises, particuliers et autorités locales, ainsi que pour régler la facture du nettoyage des côtes.
Autres démêlés judiciaires
La Cour suprême des Etats-Unis refuse une plainte de BP
Après l'avoir examinée à huis clos, les neuf juges ont annoncé, dans un document, avoir rejeté la plainte du géant pétrolier britannique. Celui-ci contestait le règlement d'une plainte en nom collectif d'entreprises se plaignant des répercussions de la catastrophe écologique sur leur activité économique.
La haute Cour s'est contentée d'expliquer brièvement qu'elle se rangeait à l'avis de la Chambre de commerce des Etats-Unis, de sa branche de la région de Mobile (Mississippi, sud), dans le golfe du Mexique, et d'une fédération d'industries allemandes qui, toutes, soutenaient les entreprises plaignantes.
Elle a ajouté qu'elle rejetait les arguments de BP qui affirmait, dans son recours, que les "supposées pertes (des entreprises plaignantes) ne pouvaient pas être légitimement reliées" à la marée noire.
BP et Halliburton soldent leurs litiges
BP avait engagé des poursuites en 2011 contre des sous-traitants dont Halliburton, qui était chargé de réaliser le coffrage en ciment du puits foré depuis la plateforme, les accusant d'avoir contribué à cette marée noire. L'entreprise reprochait notamment à Halliburton de ne pas l'avoir prévenu à temps que le ciment était défectueux.
Le groupe de services pétrolier américain Halliburton, spécialisé dans l'exploration et la production pétrolière, est parvenu à un accord à l'amiable avec BP pour solder leurs derniers contentieux, qui devrait se traduire notamment par le renforcement de leurs accords commerciaux.
Un ingénieur de BP inculpé puis innocenté
Kurt Mix, un ingénieur du groupe pétrolier britannique avait été accusé d'obstruction à la justice dans l'affaire de la marée noire de 2010.
Il avait participé aux efforts pour contenir la marée noire après l'explosion le 20 avril 2010 de la plate-forme Deepwater Horizon, et avait été ensuite accusé par le ministère de la Justice américain (DoJ) d'avoir détruit des textos de son téléphone pour faire obstruction à l'enquête sur cette catastrophe.
Il avait été reconnu coupable par un jury en décembre 2013 d'avoir "altéré, détruit, amputé et dissimulé" des données numériques dans un iPhone, en l'occurrence des SMS de son superviseur, dans le but de les soustraire aux besoins de la procédure, selon l'acte d'accusation. Il risquait jusqu'à 20 ans de prison.
Il a finalement été innocenté.
Le film Deepwater
Sorti en septembre 2016, le film d'action "Deepwater", une production de Hollywood, raconte l'immense marée noire du golfe du Mexique à travers les yeux d'un électricien (joué par Mark Wahlberg) à bord de la plateforme pétrolière.
Le patron de British Petroleum Bob Dudley a affirmé que le géant pétrolier était "quelque peu attristé" par le film, qui raconte de manière caricaturale, selon lui, la marée noire du Golfe du Mexique de 2010. "Dans la vraie vie, les choses ne se passent pas ainsi", a-t-il estimé, affirmant que BP s'était efforcée de rétablir la confiance dont elle jouissait en "menant ses activités d'une manière sûre et fiable".