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Des hommes affiliés aux Gardes des installations pétrolières (GIP) en Libye ont fermé de force lundi quatre champs pétroliers du pays, a annoncé la Compagnie nationale de pétrole (NOC). La fermeture des champs d'"al-Charara, al-Feel, al-Wafa et al-Hamada" entraîne des pertes de "plus de 300 000 barils par jour", soit le tiers de la production nationale quotidienne, a fait savoir la NOC dans un communiqué.
"Tenir nos engagements vis-à-vis des raffineries est désormais impossible et nous sommes dans l'obligation de déclarer l'état de force majeure", qui permet une exonération de la responsabilité de la compagnie en cas de non-respect des contrats de livraison, a souligné le patron de l'entreprise publique, Mustafa Sanalla. Ces "agissements causent des souffrances aux citoyens et nous ne permettrons pas qu'ils deviennent un moyen de politiser les ressources des Libyens à des fins sectaires ou pour servir des intérêts individuels", a-t-il ajouté.
En instaurant ce blocus, les GIP entendent protester contre "le retard du versement de leurs salaires", a déclaré à l'AFP un de leurs responsables. Les gardes ont également bloqué le "pipeline reliant al-Charara au terminal de Zawiya et le gazoduc alimentant le complexe gazier de Mellitah depuis al-Wafa", a ajouté cet interlocuteur qui a requis l'anonymat.
Le complexe de Mellitah, géré conjointement par la NOC et le géant italien ENI, permet d'acheminer le gaz vers l'Italie via un gazoduc maritime. Le champ d'Al-Charara, un site majeur à 900 km au sud de Tripoli, est lui géré par une joint-venture entre la NOC, l'Espagnol Repsol, le Français Total, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil.
La Compagnie générale de l'électricité a déclaré que le blocus allait "causer un déficit d'environ 2 500 mégawatts" et "allonger les heures de coupures".
La Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique, tente de s'extirper d'une décennie de chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
Après des années de conflit, un gouvernement unifié a été mis sur pied début 2021 sous l'égide de l'ONU pour mener la transition d'ici une élection présidentielle le 24 décembre. À quatre jours de l'échéance, de nombreux responsables libyens conviennent que l'élection pourrait ne pas avoir lieu à cette date en raison de désaccords persistants, même si aucune annonce officielle n'a été faite à ce stade.
L'activité économique dans le pays a été l'otage des divisions politiques. Début 2020, les forces de Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, avaient bloqué des installations pétrolières pour réclamer une meilleure répartition des recettes, gérées à Tripoli. L'échec de leur offensive sur la capitale les avait convaincus de renoncer à ce chantage. La production a peu à peu rebondi pour atteindre depuis un an 1,2 million de barils par jour en moyenne, contre 1,5 à 1,6 Mb/j avant 2011.