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Le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné estime qu'il faut "trouver un chemin raisonnable de transition" énergétique sans invoquer "la fin du monde" face au réchauffement climatique, dénonçant un "retour à une forme d'obscurantisme", jeudi dans une interview au magazine L'Express.
Ne pas « invoquer à tout bout de champ la fin du monde »
"La science nous dit que l'activité humaine est largement à la source du changement climatique. Je le tiens pour acquis", déclare d'abord le patron, interrogé sur le changement climatique et ses bases scientifiques.
"Etre rationnel c'est accepter la science", poursuit-il, "mais c'est aussi être raisonnable sur des sujets aussi fondamentaux pour l'humanité que celui de l'énergie, au cœur du développement humain, social, économique".
Il appelle à ne pas "invoquer à tout bout de champ la fin du monde que constituerait une planète à +3 ou +4°C" de température moyenne par rapport à l'ère préindustrielle. "Je suis frappé par ce retour à une forme d'obscurantisme", dit le PDG, l'un des 15 "grands témoins" interrogés pour ce supplément de L'Express consacré aux "défis de l'Occident".
"À en croire certains, il faudrait arrêter de produire du pétrole et du gaz du jour au lendemain et tant pis si c'est le chaos derrière. Lancer de tels anathèmes est déraisonnable : notre monde vit avec ces énergies-là. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas investir massivement dans les énergies décarbonées, au contraire, pour réussir la transition", a-t-il ajouté.
Une trajectoire actuel de réchauffement de 2,5°C à 2,9°C
"Croire au grand soir en arrêtant les fossiles, alors que la demande en énergie est en hausse parce que la population mondiale croît et aspire à un meilleur niveau de vie, est illusoire et dangereux", affirme-t-il.
Le PDG de la 4e major pétro-gazière mondiale est régulièrement critiqué par les associations de défense du climat pour ses investissements continus dans les énergies fossiles et accusé de ne pas en faire assez dans les énergies renouvelables.
La conférence mondiale sur le climat de la COP28 à Dubaï a accouché l'an dernier d'un accord ouvrant la voie à l'abandon progressif des énergies fossiles dont les rejets de gaz réchauffent la planète. Les engagements actuels des pays placent le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,5° à 2,9°C au cours du siècle, selon les calculs de l'ONU.
Avec un réchauffement actuel d'environ 1,2°C, l'humanité souffre déjà de conséquences dramatiques du changement climatique, avec une amplification des canicules, des sécheresses, des inondations ou des tempêtes tropicales.
Les experts du climat des Nations unies (Giec) soulignent que chaque dixième de degré supplémentaire intensifie et multiplie ces phénomènes.