- AFP
- parue le
Patrons, ministres et consultants du monde des hydrocarbures se présentent vendredi comme des partenaires indispensables de la transition énergétique à la COP29, une conférence onusienne qui accorde, selon les ONG, trop de place aux lobbys.
Des dizaines d'événements autour du thème de l'énergie se tiennent depuis vendredi matin au stade de Bakou et dans une zone attenante où de nombreuses entreprises ou lobbys ont des stands.
Sont au programme le ministre de l'Energie du Kazakhstan, des Etats-Unis (premier producteur mondial de pétrole) et d'autres pays, des cadres d'entreprises du solaire ou du gaz, des entrepreneurs des marchés carbone et du "net zéro", et le PDG de la compagnie française TotalEnergies.
"Oui, on est une partie du problème" climatique, mais "on est dans une logique de progrès continu", même "si on ne va jamais assez vite" aux yeux de la société, a déclaré à l'AFP Patrick Pouyanné à l'issue d'un événement avec le président de la compagnie pétrolière azerbaïdjanaise Socar, avec laquelle TotalEnergies exploite un champ gazier en mer Caspienne, à 100 km de Bakou.
La conférence de l'ONU, accueillie par l'Azerbaïdjan, est présidée par un ancien cadre de Socar, Moukhtar Babaïev.
Comme l'an dernier à la COP28 de Dubaï, des ONG ont dénoncé la présence de centaines de représentants d'entreprises et lobbyistes des énergies fossiles, en dénombrant 1.773 pour ces derniers. A l'entrée de la COP29, un serpent géant censé représenter leur immixtion dans les négociations onusiennes a accueilli vendredi matin les délégués.
"Les énergies fossiles dévastent la vie des gens", dénonce Makoma Lekalakala, de l'ONG EarthLife.
"Nous exigeons la fin du colonialisme énergétique dans le Sud", dit à l'AFP Bhebhe, de l'ONG Power Shift Africa, parmi les manifestants.
Les militants ne sont pas les seuls à considérer les COP sous influence.
"Il est malheureux que le secteur des énergies fossiles et les pétro-Etats aient pris le contrôle du processus de la COP, à un niveau qui n'est pas sain", a jugé l'ancien vice-président américain Al Gore, qui n'a pas manqué dans une présentation en salle plénière de pointer du doigt les émissions de gaz à effet de serre de l'Azerbaïdjan, comme il l'avait fait à Dubaï.
- BP, ExxonMobil -
Quelque 53.000 personnes sont accréditées cette année (hors personnel technique et organisateurs), selon l'ONU, un chiffre dans la fourchette haute pour une COP, mais loin du record de Dubaï.
Les nouvelles règles de l'ONU permettent aux observateurs de scruter plus facilement la présence de lobbyistes, les participants devant depuis l'an dernier déclarer leur employeur et leurs relations, financières ou autres, avec l'entité qui demande une accréditation pour eux.
Parmi les délégations nationales, le Japon a emmené le géant du charbon Sumitomo et le Canada les producteurs de pétrole Suncor et Tourmaline. Ensemble, les majors occidentales Chevron, ExxonMobil, BP, Shell et Eni, ont réuni au total "39 lobbyistes", selon les ONG.
Estimé à quelque 1800, le nombre exact de lobbyistes des fossiles pourrait être différent, car les auteurs du rapport ont inclus dans leur compte des personnes liées à des entreprises dont l'activité principale n'est pas les énergies fossiles, comme EDF ou le champion danois des renouvelables Orsted.
Et la présence record d'entreprises à la COP28 n'avait en tout cas pas empêché le premier accord de l'histoire des COP à appeler à sortir progressivement des énergies fossiles.
- "Trop lent" -
A une semaine de la fin de la conférence, où en sont les négociateurs des près de 200 pays sur l'enjeu principal: comment les pays développés fourniront-ils les 1.000 milliards de dollars annuels (ou plus) nécessaires aux pays en développement pour leur action climatique?
"Honnêtement, le travail avance trop lentement", a reconnu le négociateur en chef azerbaïjanais, Ilatchine Rafiev.
"Personne ne va se mouiller avant mercredi" sur les chiffres, prédit à l'AFP un participant direct aux séances de négociations, qui se tiennent à huis clos. Les ministres sont attendus la semaine prochaine pour la fin des pourparlers.
En attendant, vendredi, les diplomates attendent un nouveau projet de texte pour rapprocher les positions des pays, pour l'instant très divergentes.
nal-dep-bl/jmi/ico/pz